• Je ne me suis jamais vraiment posée de question sur ma normalité sexuelle. Non pas que je sois comme tout le monde, mais j’estime être moi, et c’est déjà suffisant.
    Dernièrement je me suis retrouvée un peu interloquée, vieillissante (ué je sais à 22 ans c’est la louze) face à des jeunes de 18-20 ans annonçant avoir déjà eu entre 10 et 20 partenaires sexuelles différents. Des jeunes comme moi, on aurait pu être dans le même amphi. Ca me semble tellement improbable, moi qui n’aspire même pas à en avoir autant dans toute une vie. Alors je suis loin de prêcher le discours papale, me trimbaler en collerette et longs jupons, de dire que les garçons c’est sale et les filles des chaudières à bois (soupir). Mais quand même, c’est moi qui ne suis pas dans l’coup ? Ces djeunz ? Personne ? Peu importe, s’il n’y a que du fun en retour.

    Et puis je suis naïve…moi je croyais que les jeunes savaient que compter les jours du cycle ne servaient qu’à faire des bébés, que la pilule ne protège pas des maladies, qu’il n’y a pas d’interaction entre pilule et préservatif, que oui il faut la prendre tous les jours sinon ça marche pas, que si on a des préservatifs dans son sac c’est être responsable et pas une chaudaaaaaassse, qu’on peut dire stop à quelqu’un… Merde quoi, on nous martèle en boucle qu’il faut manger des fruits (qui ne le sait pas ?), on dépense plein d’euros pour ça, et à côté on entretient des croyances débiles, on fait des spots anti-VIH une fois par an qui nous montre essentiellement des gays et noirs dans des boites branchées, on apprend toujours au collège qu’un cycle c’est 28 jours et qu’on ovule au 14ème, on fait 200 000 IVG par an et des pharmacies refusent de délivrer le Norlevo (pilule du lendemain) à une mineure mais le facture quand même au Conseil Général (qui prend en charge la contraception des mineures dans le secret). L’image de la femme est toujours déplorable (la France, pays où la disparité salariale H/F est une des plus énormes et si les sages-femmes, femmes à une écrasante majorité sont si mal payées ce n’est peut être pas innocent).

    Alors, la contraception ça dérange vraiment ? Je ne suis pas partisane de la théorie du complot, mais on pourrait le penser. De toute façon les 200 000 IVG/an depuis plus de 20 ans montrent bien notre échec, l’observance est désastreuse (comme pour tout médicament d’ailleurs), beaucoup de mythes restent associés à la sexualité, la fertilité, la contraception et fatalement ça a une incidence sur la prise médicamenteuse.

    C’est con à dire mais les femmes ne sont pas des poules pondeuses, tellement con que je ne croyais pas que certains pensaient encore le contraire. Pourtant…

    Alors voilà, je disais à propos de la loi sur l’Hôpital que je trouvais un intérêt limité à ce que la sage-femme soit autorisée à prescrire la contraception à tout age de la vie et puisse faire le suivi gynéco de prévention. Je continue de penser que ce n’est pas son rôle premier, qu’on nous permette de prendre en charge les grossesses physio comme on devrait le faire serait déjà un grand pas. Mais je me rends compte que ce n’est pas complètement ininteressant. Moi d’un côté je les trouvais « mignons » ces djeunz qui veulent jouer avec un feu dont ils ne maitrisent pas les étincelles. Oui la gynéco médicale c’est chiant, ce qu’il y a autour de ça un peu moins. Sans être cliché, on peut surement redresser quelques parcours simplement en prenant le temps.

    Je ne suis pas féministe, simple déformation professionnelle, le féminisme ne devrait pas avoir l’occasion d’exister.


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  • Je vous l'apprenais, l'eurovision c'est samedi prochain. Entre temps Patricia Kaas a failli nous faire faux bon mais surtout j'ai appris que les allemands allaient faire monter sur scène Dita Von Teese, stripteaseuse sulfureuse. Cela rejoins donc mon analyse sur la place du sexe dans le classement. La course à la sexualité semble lancée même s'il faudra plus qu'un bout de jarretière pour l'emporter.
    Ceci dessous la chanson allemande, du déjà vu, reste à voir la prestation scénique.


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  • Fatalement arrive à l’hôpital des moments où l’on doit prévenir qui de droit d’une urgence imminente.
    Premier problème, diagnostiquer l’urgence. Car voyez-vous, entre oulàlàlà elle va accoucher là tout de suite, oulàlàlà, elle va accoucher dans la matinée, oulàlàlà elle va accoucher dans la journée et habite à 50km dans les montagnes, et oulàlàlà elle a un col peu farouche depuis le début de sa grossesse, ben il y a des différences. Le problème n’est pas de rameuter tout le monde pour rien, il doit bien exister des situations plus agréables mais l’inverse est encore plus ballot.

    Seconde difficulté, alerter. C’est drôle mais j’ai du mal à être crédible lorsque je veux que les gens viennent à moi. Sans doute parce que j’annonce pas « l’urgence » d’une manière théâtrale. Du coup ben ça n’affole personne à par moi me disant putaaaaaing mais ils ne comprennent paaaaas. Quasiment deux gardes coup sur coup on m’a à peine cru (il fallu que je répète) lorsque ma patiente accouchait sous mes yeux impuissants à me chercher du matos. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir dit « passe moi des gants » « va prévenir les sages-femmes » « elle accouche ». Mais je ne prenais pas le masque de la situation, le ton sec, les yeux révulsés, que sais-je ?

    Alors maintenant j’ai compris, j’ai abandonné l’idée de secouer les gens avec mon stoïcisme. Je me sers donc de l’outil prévu pour les personnes inadaptées à faire partager leur stress : la sonnette d’urgence. Je veux du monde car la situation le requiert (et la femme peut rester seule une minute) ? Inutile de courir dans le bureau pour leur dire, je n’aurais pas l’effet escompté, alors je sonne. Tout bête. Les gens arrivent, je n’ai même pas besoin de parler car ils voient ce que je suis entrain de faire et agissent en conséquence.

    Reste alors certains cas où l’urgence n’est pas imminente, comme le cas de la femme consultant pour contractions. Si après mon examen je trouve la situation super favorable et que je l’explique à la sage-femme elle serait capable de la faire rentrer chez elle sans l’examiner. Apparemment lorsqu’on pense qu’une femme est en travail on doit faire de petits bonds dans la salle de consultation en criant kawaï kawaï, pour qu’on nous croit. J’exagère soit, mais là je sais d’où vient le problème. Au début on croit que toutes les femmes qui nous arrivent vont accoucher dans la minute, ensuite on se rend compte que la vie c’est pas les films, on essaye alors d’être plus pessimiste dans l’appréciation de notre clinique, puis ensuite on ne sait plus trop (et je passe le fait que selon la sage-femme avec qui tu bosses ça change).

    Je suis donc bien contente de ne pas être le veilleur du village, seul dans sa tour à devoir crier au feu à la moindre étincelle. Quand je pense que j’ai connu certains hôpitaux sans sonnette… et les femmes ne sont même pas mortes :)


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  • Aujourd'hui sages-femmes et étudiants manifestaient à Paris (3000 personnes pour 20000 sages-femmes) et Toulouse (environ 200, sur 800 sf en Midi Pyrénées) pour demander l'intégration à l'Université et l'intégration au système LMD avec le Master 2 (bac + 5) à la clef. Actuellement, malgré 5 ans de formations l'Etat nous reconnait bac + 3 et les écoles de sages-femmes dépendent de la région et sont sous tutelle d'une UFR de médecine.

    Au même moment:  Le Sénat a adopté mardi en commission, avec l'accord du gouvernement, un amendement au projet de loi sur l'hôpital prévoyant que le diplôme d'Etat de sage-femme soit reconnu au niveau master. (france 2.fr)
    Cette info est trop floue pour pouvoir dire quelque chose, rien n'est officiellement décidé, et d'après ce que j'ai compris un niveau master est différent d'un grade de master lui même différent d'un diplôme d'etat de sage femme conférant le grade de master, d'un diplôme de master bref... On peut peut par exemple nous dire "oui vous êtes reconnus niveau master" sans avoir au final un véritable statut permettant la poursuite vers un doctorat, une grille de salaire compatible avec le bac + 5 etc...garre aux pièces en chocolats brillantes de loin mais toute fondue dans la main.

    Je ne m'étendrai pas plus sur le sujet, internet regorge d'infos plus précises que les miennes. Apparement les médias ont l'air de suivre un peu plus qu'en 2006, tant mieux car c'est un peu décourant de se déplacer pour au final passer inaperçu.

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  • Pour continuer dans l’épicurisme nous allons maintenant parler de nourriture. Si vous en doutiez, une sage-femme, ça mange. Et, milieu féminin oblige, une sage-femme mange «équilibré» ou du moins si ce n’est pas le cas (comme dans 90% des tupperware) elle s’autofustige en nous cassant les oreilles. Le pire c’est quand je m’amène avec mon n’importe quoi (pizza, sandwich du distributeur, rhum arrangé et herbe du jardin) et que la rabajoie calcule le nombre de calorie, la part du protides, glucides, lipides en protestant. Mais de quoi je me mêle? Je lui dis moi qu’elle est ridicule avec son orange qui éclabousse tout le monde?

    Mais le best, ce sont quand même les barquettes de l’hôpital. Parfois (surplus, commande spécial étudiant, vols…), on peut en manger. Elles sont élaborées par un diététicien, cuisinées dans un sous-sol avec amour et cuites dans un autoclave-stérilisateur-à-vapeur-bouillante. Parfois c’est même bon… Mon menu préféré étant les palets au fromage (du fromage pané) avec les tomates au four. Puis le soir il y a toujours au moins un truc de mangeable: la soupe. Par contre les fromages on peut oublier, ils partent toujours plus vite de que leur ombre. Ce que je ne mange jamais:  le boudin aux pomme. Je ne sais pas pourquoi mais ce congloméré de sang tout seul dans sa barquette me répugne. Les boules si je suis au bloc et que je ne peux pas m’échapper pour trouver autre chose durant la garde.
    Aussi, le rôti de dinde me laisse perplexe. Je suis désolée mais une mousse de viande aux épices roulée dans quelque chose de dur et non identifiable, je n’appelle pas ça du rôti. Côté mangeable, ni bon, ni mauvais car sans goût, il y la fameuse omelette à la poudre d’œufs. Nous avons parfois droit à de bonnes surprises comme les pâtes bolognaises qui ressemblent à de la pâté pour chien et qui finalement ne sont pas si mauvaises.

    Côté nourriture c’est clair que les hôpitaux ne rivalisent pas avec les selfs des cliniques moins chers et bien meilleurs. Là bas on te demande la cuisson de ton steack et on a des pâtisseries même pas dégueu au dessert. D’ailleurs les patients ne s’y trompent pas, ils sont beaucoup mieux soignés en clinique, la preuve, z’ont des croissants au petit déjeuner.


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