• Situation d'urgence

    Fatalement arrive à l’hôpital des moments où l’on doit prévenir qui de droit d’une urgence imminente.
    Premier problème, diagnostiquer l’urgence. Car voyez-vous, entre oulàlàlà elle va accoucher là tout de suite, oulàlàlà, elle va accoucher dans la matinée, oulàlàlà elle va accoucher dans la journée et habite à 50km dans les montagnes, et oulàlàlà elle a un col peu farouche depuis le début de sa grossesse, ben il y a des différences. Le problème n’est pas de rameuter tout le monde pour rien, il doit bien exister des situations plus agréables mais l’inverse est encore plus ballot.

    Seconde difficulté, alerter. C’est drôle mais j’ai du mal à être crédible lorsque je veux que les gens viennent à moi. Sans doute parce que j’annonce pas « l’urgence » d’une manière théâtrale. Du coup ben ça n’affole personne à par moi me disant putaaaaaing mais ils ne comprennent paaaaas. Quasiment deux gardes coup sur coup on m’a à peine cru (il fallu que je répète) lorsque ma patiente accouchait sous mes yeux impuissants à me chercher du matos. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir dit « passe moi des gants » « va prévenir les sages-femmes » « elle accouche ». Mais je ne prenais pas le masque de la situation, le ton sec, les yeux révulsés, que sais-je ?

    Alors maintenant j’ai compris, j’ai abandonné l’idée de secouer les gens avec mon stoïcisme. Je me sers donc de l’outil prévu pour les personnes inadaptées à faire partager leur stress : la sonnette d’urgence. Je veux du monde car la situation le requiert (et la femme peut rester seule une minute) ? Inutile de courir dans le bureau pour leur dire, je n’aurais pas l’effet escompté, alors je sonne. Tout bête. Les gens arrivent, je n’ai même pas besoin de parler car ils voient ce que je suis entrain de faire et agissent en conséquence.

    Reste alors certains cas où l’urgence n’est pas imminente, comme le cas de la femme consultant pour contractions. Si après mon examen je trouve la situation super favorable et que je l’explique à la sage-femme elle serait capable de la faire rentrer chez elle sans l’examiner. Apparemment lorsqu’on pense qu’une femme est en travail on doit faire de petits bonds dans la salle de consultation en criant kawaï kawaï, pour qu’on nous croit. J’exagère soit, mais là je sais d’où vient le problème. Au début on croit que toutes les femmes qui nous arrivent vont accoucher dans la minute, ensuite on se rend compte que la vie c’est pas les films, on essaye alors d’être plus pessimiste dans l’appréciation de notre clinique, puis ensuite on ne sait plus trop (et je passe le fait que selon la sage-femme avec qui tu bosses ça change).

    Je suis donc bien contente de ne pas être le veilleur du village, seul dans sa tour à devoir crier au feu à la moindre étincelle. Quand je pense que j’ai connu certains hôpitaux sans sonnette… et les femmes ne sont même pas mortes :)


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  • Commentaires

    1
    Irène G
    Lundi 8 Juin 2009 à 23:00
    J'aime bien la petite musique,enfantine juste après un article sérieux ^^

    Irène
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