• L’autre jour je suis allée draguer en civil, dans un recoin de l’hôpital que je ne connaissais pas, loin de la maternité. Cela m’a permis d’expérimenter un peu l’autre monde, celui des visiteurs.

    Tout d’abord trouver l’endroit où on veut aller, blouse ou pas, ça ne change pas, toujours aussi paumé, les panneaux toujours aussi mal renseignés.
    Puis, lorsqu’on s’approche progressivement du service convoité on les voit, les blancs et là, petit caractère oppressant pour nous en simple jean. Face aux pyjamas blancs, la personne en jean est invisible (ben oui, trop peur qu’elle demande quelque chose, autant faire semblant de ne pas la voir). Il y a ceux en bande, qui fument. L’hôpital étant devenu un lieu non fumeur, sur les petits balcons les crottes d’oiseaux ont remplacé les mégots eux mêmes délocalisés à l’entrée des bâtiments. Il y a aussi l’infirmière qui appelle son chéri ou ses enfants, collée contre un mur, la tête rentrée dans les épaules elle essaye de faire de l’allée pleine de monde un endroit intime. Heureusement, son service se termine. On trouve parfois quelques blouses blanches en comité restreint, ce sont les médecins qui café à la main, racontent leurs meilleures histoires de patients, ou d’infirmière justement.

    Pour une fois j’étais étrangère à la faune hospitalière alors je regardais de loin, avec le caractère d’invisibilité qu’on m’a accolé. Bon, j’étais quand même là pour draguer hein, alors je suis allée me chercher un café (arme ultime). La machine à café était bizarrement placée, genre dans un parking aire de repos pour ambulanciers. Mais comme je sais qu’on ne me demandera jamais rien, moi pauvre petit civil, par peur que je demande quelque chose en retour, j’y vais sans hésitation.

    Puis lorsque je peux parler à la blouse convoitée alors là, le civil devient quelqu’un. On le regarde par la fenêtre du genre « tiens mais qui est cette fille follement sexy parlant avec un médecin tout aussi attirant ? ». A l’hôpital la couleur n’est rien. Venir habiller en fringues de tous les jours c’est être en bas de la chaîne alimentaire, pire qu’un externe, c’est dire ;-)


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  • C'est avec une joie à peine dissimulée que j'ai retrouvé mes salles de naissances, ses petits biscuits secs pour toutous, son sirop de menthe, et ses étriers de 54354 kilos que je ne sais toujours pas positionner (ça ne viendra sans doute jamais).
    Et bizarrement là bas ça se passe bien. Ca me fait presque peur. Parce que si dans un endroit si spécial on me trouve géniale, ca veut dire qu'ailleurs je serais plutôt bof. Ben oui, je sais placer une femme sur des étriers à peine tordus pour l'examiner toutes les heures avec masque, bonnet, combinaison spatiale. Je sais placer différents capteurs plus ou moins internes, je sais rester avec elle plus de trente secondes parce que je suis étudiante et que j'ai le temps, je sais "abandonner" une femme pour aller à l'accouchement d'une autre que "j'abandonnerai" pour en installer une nouvelle. Ah oui, ça je sais.

    Mais ensuite dans les maternités plus classiques je me rends compte que c'est pas vraiment ça la vraie vie et que j'ai beaucoup beaucoup à apprendre. Que les femmes n'arrivent pas "toutes cuites" en travail, mais qu'il faut gérer le pré-travail. Qu'on ne peut pas se cacher derrière ses 563453 autres patientes. Raaah.

    L'année qui va venir va, je l'espère, me faire un peu plus découvrir la vraie vie des maternités, pour quand je serai grande. En attendant je fais ce qu'on me demande, j'essaie de faire comme si j'étais une sage-femme adulte et proposer des conduites à tenir. Ah les CAT, c'est un peu comme le Graal. En 4ème année il faut gérer ses madames et proposer des CAT et là c'est le bonheur de tout le monde.

    Et oui c'est la reprise. J'avoue que je suis contente de retrouver un peu de vie active et les femmes enceintes toujours aussi ch****es

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  • Un étudiant sage-femme est noté tout le temps. Les examens théoriques pour valider l’année, les examens pratiques pour valider l’année, les examens théoriques pour valider la phase, les examens pratiques pour valider la phase. L’an prochain j’aurais plein, plein d’évaluations.

    Pour cette année on est resté dans le soft, je n’avais que l’année à passer. Mes notes sont correctes, une moyenne de treize à l’écrit, et seize en clinique mais…ça ne veut pas vraiment dire grand-chose.

    Pas dire grand-chose car l’étudiant sage-femme est évalué continuellement en stage par les professionnels qui l’encadrent mais surtout par les patients et lui-même. Ainsi, recevoir une patiente venant pour un motif X (c’est plus saiksy) et la gérer de manière autonome a plus de valeur qu’avoir son 15/20 sur la vie des quinolones. Même si évidemment la base théorique reste essentielle. De même, se retrouver complètement con face à une patiente est beaucoup beaucoup plus désagréable que de se prendre une mauvaise note et ça donne bien plus envie de s’améliorer.

    Partant de là, les études de sages-femmes donnent plus envie de travailler pour être un professionnel respectable que pour courir après des notations. C’est comme ça que quelques jours avant les partiels je me suis retrouvée à lire un compte rendu d’intervention lors d’un congrès sur le rythme cardiaque fœtal (qui n’était pas au programme des examens) entourée d’étudiants (ré)visant leurs exercices de santé publique (et là vous me répondrez que je me retrouve également à lire le journal pendant que d’autres révisent et que donc ce que je fais n’a aucune valeur, bande de freluquets).

    On peut néanmoins avoir la désagréablement sensation d'être jugé constamment.C'est ce qui s'est passé lors d'un de ems derniers stages où vraiment les professionnels étaient tout le temps derrière moi à...juger. Bon certes, c'est comme ça qu'on apprend, avec quelqu'un qui nous guide, mais il y a une limite entre guider pour avancer, et juger en paralysant. Ce n'est pas toujours la faute des diplômés, les étudiants eux-mêmes se stressent parfois sans raison, toujorus par peur de mal faire, peur du jugement d'autrui. L'hôpital c'est loin d'être la vraie vie est pourtant ça peut en devenir une bien belle métaphore.



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  • Pourquoi travailler dans la santé?En ce jour qui doit bien être la journée nationale voire internationale de quelque chose, prêchons donc pour ma paroisse. Jeune, toi qui viens d’avoir le BAC, pourquoi faire un métier dans le domaine de la santé ?

    1. Parce que c’est la Crise, et que les gens tomberont toujours malades/enceintes/d’une échelle. Tu pourras alors manger ta soupe grâce au malheur des autres (et qu’on vienne pas me dire que ce n’est pas le cas des sages-femmes qui elles sont du bon côté du médical…car qu’est ce qui cause le plus de peine, de soucis, et de divorces orageux que des enfants ? hein ? muahah !)

    2. Une paie faramineuse si t’es dans le paramédical. Un jour, j’ai vu un reportage sur une grutière. Elle gagnait 1800 euros en début de carrière et passait donc sa journée seule en haut de sa grue. Une infirmière doit gagner ça, hum, je ne sais pas…au bout de 456363 ans non ? Mais, se référer quand même au petit 1, la grutière elle change de chantiers quotidiennement et le BTP est un secteur sensible la Crise.
    Une sage-femme doit se démerder aussi bien qu’une grutière.
    Et quelqu’un avec un diplôme de médecin, ça dépend, mieux certainement, mais la paie ramenée au nombre d’heure semaine n’est pas toujours $$ selon les spécialités.

    3. La joie de faire un métier humain, en équipe, au service des autres. Non non, je n’ai pas piqué ça aux spots de promotion de l’armée mais finalement ça aurait pu. L’hôpital c’est un peu la caserne. Les patients croyant que tout leur est du et qui rouspètent  d’avoir leur café juste tiède deviennent tes pires ennemis. Tes collègues parlent saiks dans les baraquements vestiaires et n’hésiteront pas à te refourguer le front le plus terrible (celui des patients aux cafés tièdes).
    Toi tu regardais Urgences et tu voulais sauver des vies, manque de bol, tu te retrouves aux vraies urgences à gérer une indigestion après une banane-party spécial régime avant l’été.

    4. Le prestige de l’uniforme… oui et bien il n’y a que les acteurs américains pour être sexy avec une blouse ou un pyjama de bloc. En vrai ta blouse elle est trop grande, tu remontes les manches et ça ne te fait pas un petit bidule aguicheur mais un gros boudin froissé. Et puis toi si tu relèves le col de ta blouse t’as pas l’air d’un beau gosse mais d’un petit con prétentieux, pour une femme n’en parlons même pas.

    5. La reconnaissance sociale. Oui oui…l’infirmière c’est la keuchonne, la sage-femme personne ne sait qui c’est, le femme médecin c’est l’infirmière et on retombe sur la keuchonne et le vrai docteur mâle c’est le gars avec un gros compte en banque qui roule en Ferrari grâce aux certificats de sport.

    6. Un vrai métier à responsabilités…Mwarf ! Tes responsabilités t’amèneront en moyenne au moins une fois dans ta carrière au tribunal. Tu devras payer une assurance pour avoir le droit d’exercer, tu verras en tes patients de potentiels adversaires juridiques, tu passeras alors plus de temps à justifier tes actes qu’avec les gens qui tu voulais prendre en charge.

    Et pourtant, et pourtant les amis, tous les ans les étudiants se ruent dès l’ouverture des portes de la première année des études médicales, ils passent des milliers de concours paramédicaux dans des centaines de villes différentes. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont naïfs. Ils ne savent pas que la durée de vie d’une infirmière à l’hôpital ne dépasse pas la dizaine d’année, que les internes se précipitent sur les spé qui rapportent gros et où les gardes sont rares (et pourquoi les blâmer?), et que sages-femmes ben….toujours personne ne sait ce que c’est.

    Il doit bien avoir des raisons valables d’exercer les métiers de la santé. Le petit 1 n’explique pas tout.

    Peut être alors que les infirmiers, médecins, sages-femmes, manip’ radio, psychologues…qu’on aime sont restés un brin naïfs, un peu fous et se disent que non, The Machine ne les aura pas. Peut être qu’ils se voient encore en Georges Clooney à sauver les enfants de parents indélicats qui ne veulent pas entendre parler de traitement, peut-être qu’ils croient qu’ils seront meilleurs que les autres. Que oui ils entretiendront une vraie relation avec leurs patients au-delà d’une rambarde de Tribunal, que les collègues seront de bons conseils, qu’ils sauveront des vies au-delà de l’intubation, et qu’ils se trouveront classe dans leur uniforme.

    Moi en tout cas je le sais, quand je vois une sage-femme que je trouve professionnellement bien foutue (oui je ne peux pas dire comme à la télé hein, sage-femme, qui connait ?) mes yeux pétillent et je sais que moi aussi je peux être aussi classe que Georges Clooney, la barbe en moins.


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  • Il fait chaud.

    Voilà, c’était mon questionnement philosophique. Quelques esf sont en vacances, dont moi. A l’école c’est le calme plat, qu’est ce qu’elles doivent s’embêter sans nous, c’est pour ça, elles nous font revenir régulièrement pour divers papiers…

    Les jeunes diplômés font leur premier plongeon tout seul avec plus ou moins de chance. J’en retrouverais peut être quelques uns lors de mes stages d’été, en aout.

    Et moi pendant ces vacances je dois faire plein de trucs…mémoire…mémoire…ranger mes cours, mémoire, faire vivre le blog, ranger les cours que je croyais perdus, ça me fatigue avant même d’avoir commencé. C’est pour ça, il ne faut ptete pas que je commence :)

    Et puis non, je ne pense pas à la dernière année, aux responsabilités, à la faim dans le monde. Non, c’pas saiks et c’est bien connu, l’été c’est fait pour être saiks.


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