• Les Vieilles Bricoles de Knackie reprennent certains textes courts écrits du temps où j'étais jeune. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur.
     
     
    L'homme normal
     
     
    Nous nous sommes rencontrés non loin d'un marche-pied, en face de la grande horloge accusant le retard de ces viles locomotives.

    Sur le quai de mon TER préféré, je vois tous les matins ces kékés fleurs à la main et capotes en poches. Ils attendent leur belle, pectoraux serrés dans leur plus beau Marcel et moi je ne peux m’empêcher de pouffer. Ma demoiselle arrivera dans la semaine et je la vois déjà débouler du terminal. La voie des airs se révèle bien plus classe que tous les chemins ferroviaires.

    Au travers des vitres de ma berline au cuir élastique, j’aperçois chaque jour les meubles Utrecht du magasin Ikea qui campe près de chez moi. Je m’aventure parfois à y observer les couples enlacés devant un canapé à monter. Je m’esclaffe alors doucement dans mon col bien repassé, mon amoureuse et moi allons chez Conforama. A sa sortie de la carlingue je lui paierai tout le bastringue. Je lève les yeux au ciel, les astres sont bien plus élégants que le ballast.

    Mon Nokia ronronne, elle m’appelle avant d’embarquer pour se rassurer. Fille de cheminot, l’avion l’a toujours fait crisser mais je m’efforce avec plaisir de l’invertir. Quelques minutes plus tard France Info me crache un crash sur le Viaduc de Millau. Un Airbus s’est pris les ailes dans les lignes d’alimentation du TER.
    Je ne reverrai plus ma charmante compagne, mon cœur se serre et m’annonce sa tristesse. Je le raisonne poliment, voir partir l’avion sans elle eut été plus douloureux pour l’épris des nuages que je suis. Dès demain je chercherai sur le quai de ma gare préférée une nouvelle usagère de la SNCF prête pour moi à changer de fief.


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  • Les Vieilles Bricoles de Knackie reprennent certains textes courts écrits du temps où j'étais jeune. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur.

    Warning attention, ceci n'est pas de la poésie, je ne suis pas poète, je ne compte aucun pied et ce texte est imparfait, c'est bien pour ça que nous sommes différents lui et moi.

     

     Comme dans un film porno

     

    Je freine à l’entrée du grand rond
    Un peu paumée dans la direction
    La policière plus que charmante
    Approche et se montre clairvoyante.

    Mon doigt lézarde sur la portière
    Et d’un crissement fait jaillir l’air
    Je vais me faire la policière
    S’est écrit sur ma plage arrière.

    Je l’emmène droit vers sa cabotte
    Elle m’attache avec ses menottes
    C’est qu’elle me rendrait patriote
    Lorsque je dissous sa culotte.

    Là voilà qui me prend la main
    De son souffle fait durcir mes seins
    La policière est si mignonne
    Que j’en oublierais d’être conne.

    Mon réseau adrénergique
    pénétration, plus d’pantalon
    Ouvre mon cycle limbique
    fine dentelle, mèche rebelle
    Il se prépare un vaste pic
    peau mouillée, goût sucré
    De sécrétions ocytociques.

     


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  • Les Vieilles Bricoles de Knackie reprennent certains textes courts écrits du temps où j'étais jeune, dont certains s'inspirent librement de mes expériences au contact du monde médical. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur.
     
     
    Butterfly®
     

    Je place la poche dans son encoche, tubulure installée. Fais de jolis rêves en pagaille, je presse les ailes du butterfly. Tumeurs en été, décès en janvier, les papillons s’éteignent et je t’envoie les filer. Je ne fais pas de détail, j’enfonce l’aiguille du butterfly.

    La perfusion coule et crache son potassium, il faudra du temps avant le liquide t’assomme. Je range le matériel et repense à notre vie tout juste éclose. Celle de chenille nichée dans son cocon, loin, bien loin de ces papillons, à ce jour où le diagnostic a déchiré nos parois. Il me hante depuis ce qui semble une éternité. Poussés hors du nid, nous nous sommes envolés d’hôpitaux en hôpitaux butinant des chimio et toujours je les voyais te piquer avec ces aiguilles glaciales que l’on nomme butterfly.

    Je ne crois plus en nous, je ne veux plus de ces heures prostrée à ton chevet attendant que tu touches enfin le fond et que tu remontes…peut-être. Je ne te demande pas de me comprendre mais simplement de couper la ligne de vie qui me relie à toi. J’arrête là, d’ailleurs la poche se vide, tu as perdu la bataille, je retire le dard du butterfly.


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  • Les Vieilles Bricoles de Knackie reprennent certains textes courts écrits du temps où j'étais jeune, dont certains s'inspirent librement de mes expériences au contact du monde médical. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur.
     
     
    Naissance de Petit Lulu

     
    Petit Lulu n’avait rien demandé à personne, même pas à naître. Pourtant un beau jour de printemps l’utérus maternel lui fît comprendre qu’il était temps d’aller ailleurs voir comment le monde était chaud.

    Chemin faisant il traversa un os que l’on nomme coxal tant il est cocasse. Ca tourne, ça bifurque, ça descend et ça remonte, si bien que petit Lulu se cala cahin-caha les yeux au plafond là où la majorité des petits garçons préfèrent voir la terre.

    Il vit alors arriver deux grosses cuillères se poser sur ses tempes et tenter de le tourner, sans succès. Ce manège métallique l’énerva si bien qu’on dû le sortir au plus vite. Petit Lulu se serait bien passé d’être aussi pressé, tiré, poussé et quand il naquît il fît jouer de son zizi. Pisser sur le monde voilà bien un moyen d’y trouver un peu de chaleur car voyez-vous, l’utérus était un farceur.

    Pour encourager petit Lulu à résilier son bail il lui avait promis une montagne de merveilles: une brise légère à 37°C, deux servants dédiés à son bonheur et des jeux, des jeux à ne pouvoir tous les toucher. Au final il eut un body parfum nicotine, une troupe d’idiots autour de son berceau et une sucette avec des picots.

    Une fois grand rien ne changea vraiment, le cercle d’abrutis s’élargit, certains devinrent même ses amis. On lui enseigna des tas de choses qui s’évaporèrent plus ou moins vite et il comprit qu’on lui avait menti. Le monde n’est pas chaud, et son centre n’est pas petit Lulu. Pour palier à cette triste vérité il continua à trouver une température adéquate en jouant de son zizi jusqu’au crépuscule de sa vie.


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    Plus con que les autres

     
    On veut tous des enfants beaux et intelligents, Tom lui était plus con que les autres. Aujourd’hui lorsqu'on est bête on reçoit la COTOREP et beaucoup de regards suspects. Tom lui ne les connaîtra jamais. Dans une contrée comme celles des contes de fées, une différence génétique ne se révèlerait pas comme fardeau. Mais Tom n’existait pas seulement sur l’encre de mon stylo.

    Trois chromosomes ça fait bien un de trop pour nous, humains. Trois chromosomes, et la société t’en fait baver. C’est ainsi que je me retrouve à installer les champs stériles dans cette salle de bloc obstétrical. La sonde d’échographie repère le fœtus pour que quelques minutes plus tard une aiguille vienne se planter dans son cœur. Il fait chaud sous le masque. Ventricules et oreillettes cesseront vite de battre, putain de direct. La maman garde les yeux fermés, je maudis les circonstances qui font qu’à Tom nous ne lui laissons pas sa chance.

    Très vite le geste se finit, je retire les champs, nettoie le ventre de la mère et elle reçoit quelques comprimés qui vont accélérer les contractions. Dans quelques heures le fœtus sera expulsé,.On a évité que naisse un individu atteint "d’une maladie incurable d’une particulière gravité". Tom était trop con, et devoir vivre parmi nous aurait peut-être été le symptôme le plus grave de son affection.


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