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Vous allez rire
Depuis mon précédent article, je ne suis pas retournée à l’hôpital.
Mais alors ? Que faire lorsqu’on dispose d’un diplôme de sage-femme, d’une solide expérience dans tout ce qui est… maternité et rien d’autre ?
A défaut d’aider les gens – que je n’aime pas – si vous suivez bien, je voulais au moins me retrouver dans un domaine où je pouvais, hum, faire plaisir. J’aurais alors adoré participer à la promotion de produits du terroir dans une petite échoppe à coup de bla-bla-bla. J’ai postulé dans ce sens mais étrangement, si mon profil intriguait, peu de gens se sentaient de laisser leurs clefs à quelqu’un sachant réanimer des gens mais n’ayant jamais tiré de bière.
Blessée mais pas vaincue je me suis mise à chercher des postes moins glamour et c’est ainsi que je me suis retrouvée à Pôle Emploi. En face, la conseillère a failli tomber de sa chaise de joie lorsque je lui ai dit « je veux trouver un emploi dans la restauration ». C’était avant la COVID, c’était le Graal. Elle voyait déjà sa prime de 30 cts arriver. Très vite j’ai pu être intégrée à un projet d’ouverture de restaurant dans un grand groupe. Un groupe qui axe sur la bienveillance (comme l’hôpital et ses formations bientraitance), la confiance, les produits frais reçus et découpés chaque jour etc. Bref c’était nouveau, j’allais voir comment on ouvre un restaurant, comment on travaille dans un restaurant, c’était trop cool.
J’ai donc appris à tout faire, enfin tout faire dans les postes tout en bas. Découper, cuire, assembler, mixer, tenir une caisse, tenir une plonge. J’avais une nouvelle équipe, des nouveaux collègues pour qui tout était nouveau aussi. Ça m’a tenu trois mois. Je voulais aller plus loin. Je traînais donc dans le bureau avec les adjoints de direction juste pour apprendre. J’ai pu gérer les livraisons et voir l’enfer des fournisseurs, j’ai même pu partir quelques jours sur une ouverture d’un autre restaurant.
Puis voilà. Je voulais continuer d’avancer sauf que la COVID est passée par là. Mars, dîner chez des amis, je reçois un coup de fil d’un collègue, on doit fermer en urgence le restaurant. Je pars, on arrête tout d’un coup, on se demande quoi faire de tout nos produits frais, on a l’impression de vivre une petite apocalypse, à notre échelle. Confinement. Durant cette période, un poste de semi-responsable est – enfin – créée. Je l’obtiens et, au déconfinement on me donne les clefs du restaurant.
Ça n’a rien d’exceptionnel mais je trouve ça hyper drôle d’avoir les clefs d’un restaurant dans mon trousseau. Je peux y rentrer le matin sans personne. Je le ferme le soir. Ça suffirait presque à mon bonheur. J’ai donc pour mission de diriger l’équipe d’employés, faire que le service se passe bien, clôturer les caisses et puis fermer le restaurant. Je dois également gérer les imprévus et, il n’y a que ça. Les employés qui t’envoient un message la veille à 20h pour dire qu’ils ne pourront pas venir le lendemain. Ceux qui préviennent le jour même à minute-1. Les fournisseurs qui livrent ce qu’ils veulent, les machines qui décident de ne plus fonctionner. On se retrouve vite à dévisser un tableau électrique tout en répondant à une question sur la découpe d’un légume et en faisant cuire des pâtes. C’est presque rigolo.
Mais, la COVID. On ne fait pas assez de chiffre, on doit mettre en place des mesures parfois farfelues. Je me retrouve alors seule dans le restaurant à essayer d’avancer un maximum la mise en place alors qu’on retarde au maximum la venue des employés. Les services se font avec moins de clients aussi. Ça devient moins fun et j’ai l’impression de stagner dans mes apprentissages.
Et là boom, second confinement. Juste avant j’ai rendu les clefs du restaurant afin d’avoir plus de temps pour apprendre. Actuellement j’y suis donc encore employée, au chômage. Je me suis inscrite dans un IAE afin d’avoir des notions en gestion d’entreprises. C’est trop chouette. J’apprends l’économie, la comptabilité, le management, le marketing… je me retrouve à créer des business plan fictifs, évaluer la faisabilité d’un projet. Je retrouve l’université et ça fait du bien.
Donc voilà, je suis à peu près la seule personne qui décide de se reconvertir dans la restauration quelques mois avant que le secteur soit totalement dévasté par une pandémie. Le secteur et le groupe était en plein expansion et j’avais des possibilités d’évolution très intéressantes. Mais ça c’était avant.
En attendant je profite de ce second confinement pour apprendre le maximum de choses, il faut dire que j’ai du temps. Et, j’espère très fort que ça me servira concrètement. Que mon profil fera moins peur aux recruteurs et que je pourrais enfin dire que oui, j’ai quitté la maternité et c’est trop cool.
Tout ceci s’est passé entre septembre 2019, l’ouverture, et maintenant, le second confinement. Beaucoup de choses en très peu de temps finalement et j’en reste assez satisfaite… mais… bordel… une pandémie !
Tags : Sage-femme, restauration, reconversion, covid
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