• Cela fait maintenant trois payes que je travaille. Je gère je gère... ou pas mais là n'est pas la question. Sage-femme c'est la physiologie mais moi je navigue autour de la patho, de femmes enceintes irrécupérables et si médicalement ça sort des 95% des grossesses, c'est quand même pas d'bol pour elles.

    On fait de gros progrès médicaux tous les jours, si si, on a même tous pleins de nouveaux médicaments anti-cholestérol et du Plantafin°, voire de l'Isio4°. Ca ne nous empêche pas d'admettre régulièrement des patientes à un petit terme de grossesse avec des dopplers, un placenta toupourri, un bébé ultra en retard de croissance et nous pas grand chose à faire à part dire de relèves en relèves "ça pue".

    Trois paies et j'ai déjà:

    - fais un diagnostic de mort foetale in utéro, une patiente pour qui "ça puait", avec une maladie chronique déjà lourde hors grossesse, qui aurait vécu une grossesse affreuse, voire une IMG pour sa santé à elle.
    - vu une mort foetale à terme, comme ça, d'un coup, sans raison, avec une patiente plutôt... choquée.
    - des situations critiques, patientes plutôt mal-barrées, finissant par accoucher... un bébé qui meurt peu après, ou des fois pas, des fois tout le monde finit par aller bien.
    -et puis cette patiente avec un bébé in-utéro pas bien du tout, qu'elle souhaite accompagner une fois qu'il naitra pour ses quelques moments de vie. Elle est touchante mais une nuit elle se retrouve toute patrac, me demande de laisser sa chambre ouverte pour la nuit pour que l'air puisse entrer. Le lendemain le foetus est retrouvé sans activité cardiaque. Je la retrouve et avant que je parte elle m'explique que si elle voulait la porte ouverte c'était pour que son petit puisse s'en aller... Ben oui... que rajouter de plus.

     

    Parallèlement à ça on a les patiente usantes. Celles qui consultent mais ne veulent pas rester hospitalisées en dépit du "bon sens" parce que faut bien comprendre, y'a les Experts ce soir à la télé. (pourquoi consulter alors???).
    Celles qui racontent toutes fières ne pas prendre leur traitement parce qu'elles vont mieux/n'aiment pas les médicaments et mettent ainsi en jeu leur vie ou celle de leur enfant, juste pour une pilule qui leur fait ch*** à prendre. (c'est sur qu'une hospitalisation pédiatrique c'est vachement moins relou).
    Je passe beaucoup de temps à faire le gendarme, parfois l'impression de diriger une classe de maternelle et ça me saoule. Mon temps je préfère le consacrer à celles qui le veulent bien, j'en n'ai déjà pas assez.
    Le contraste entre deux chambres est parfois affligeant d'ironie...entre la patiente qui attend des jumeaux avec un col très modifié à un terme de grossese où non elle doit pas accoucher et qu'on retrouve dans les couloirs avec sa perfusion de tractocile (produit pour arreter les contractions, à 1000 euros la cure) à trépigner, nous hurler dessus parce qu'elle veut rentrer chez elle, et même accoucher parce que bon, 7 mois ça commence à faire long et les jumeaux naissent plus tôt... et la patiente qu'on a actuellement dans la salle d'écho parce qu'elle ne sent plus son bébé bouger et qui elle aurait bien voulu pouvoir rester hopitalisée pour autre chose qu'un accouchement sans bébé à la fin.

    Enfin voilà. Sinon c'est bien quand même ^^'.


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  • Attention, problème de commentaires résolu.

     

    Voilà, ça fait donc deux mois que je travaille en tant que sage-femme dans un service rempli en majorité par des femmes enceintes mais devant rester hospitalisées. Pour l'instant je n'ai tué personne.

    La journée j'ai rarement l'impression de pouvoir toucher terre. Faut dire qu'entre les sorties, les entrées, les transferts, les urgences et accouchements imminents il y a de quoi s'occuper. On trouve néanmoins le temps de s'installer quelques minutes pour discuter avec les patientes que l'on sent fragiles... 5 minutes si on peut pas plus accorder ça se trouve toujours et ça fait parfois beaucoup en attendant plus.

    Au début ça fait bizarre de se présenter comme la sage femme de garde puis on s'y fait, un peu.

    Je ne vais pas trop m'attarder sur mon exercice car je doute encore pas mal. D'aussi loin que je puisse voir, je m'imagine difficilement pousser un chariot de classeur jusqu'à ma mort. Vivre au milieu de l'hôpital et de sa lourdeur parfois... je ne sais pas. Faut dire encore que je ne suis pas encore très à l'aise même si je commence à être petit à petit plus sure de moi.

    Parallèlement, je sais que j'ai pour le moment un poste intéressant, où on peut réfléchir, où il peut y avoir de l'urgence, du risque, de la psychologie et de la prévention. Il y a clairement du potentiel...même si je devrais partir je ne sais quand.

    Je sais surtout qu'il me permet d'avoir une vie privée vivable entre salaires et jours de repos. En vraie fille c'est ça que j'ai envie de privilégier quelques temps. Ca fait longtemps que je me consacre en grande partie aux études, que ce soit en médecine comme à l'école et là ça fait du bien de se poser un peu.

    Malgré tout je ne peux m'empêcher de me demander "est-ce là ma place?" "est-ce  à quoi j'aspirai?" Je verrai.

    Durant ces deux mois j'ai beaucoup appris et il me reste encore plein de choses à apprendre, je prends ce qui viens, avec une légère impression de ne pas être encore tout à fait à ma place... je crois que j'ai envie d'une patientèle.


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  • En attendant que je prenne le temps de conter mes deux premiers mois en tant que sage-femme, voilà des arrêtés qu'on attendait, sortis le 1er septembre au JO.

    Arrêté du 26 juillet 2010 relatif aux modalités d'admission en deuxième année des études médicales, odontologiques, pharmaceutiques ou de sage-femme

    Les candidats doivent, au plus tard au 1er octobre de l'année considérée :
    ― soit être titulaires de l'un des diplômes suivants :
    ― diplôme de master ;
    ― diplôme des écoles de commerce conférant le grade de master ;
    ― diplôme des Instituts d'études politiques conférant le grade de master ;
    ― soit justifier de la validation de deux années d'études ou de 120 crédits européens dans un cursus médical, odontologique, pharmaceutique ou de sage-femme au-delà de la première année.


    Arrêté du 26 juillet 2010 relatif aux modalités d'admission en troisième année des études médicales, odontologiques, pharmaceutiques ou de sage-femme 

    Les candidats doivent, au plus tard au 1er octobre de l'année considérée :
    ― soit être titulaires de l'un des diplômes suivants :
    ― diplôme d'Etat de docteur en médecine ;
    ― diplôme d'Etat de docteur en pharmacie ;
    ― diplôme d'Etat de docteur en chirurgie dentaire ;
    ― diplôme d'Etat de sage-femme ;
    ― diplôme d'Etat de docteur vétérinaire ;
    ― doctorat ;
    ― soit être titulaires d'un titre d'ingénieur diplômé ;
    ― soit être anciens élèves de l'une des écoles normales supérieures ; toutefois, les élèves de ces écoles peuvent demander à s'inscrire s'ils ont accompli deux années d'études et validé une première année de master ;
    ― soit appartenir au corps des enseignants-chercheurs de l'enseignement supérieur et exercer leurs activités d'enseignement dans une unité de formation et de recherche de médecine, de pharmacie ou d'odontologie.

     

    Les places sont limitiées, pour chaque le candidat doit constituer un dossier avec CV, lettre de motivation et passer devant un jury...


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  • Ca y est, je suis sage-femme. J'ai eu mon "attestation de réussite" en attendant mon dipôme. J'ai eu mes notes, et je ne vais pas me vanter d'avoir eu 90/100 sur mes éval' cliniques de l'année (hihihi), c'est un score qui fait plaisir, un peu inutile en pratique.

    J'ai commencé à travailler. Sympa de faire le travail qu'on fait d'habitude mais d'être payée cette fois.

    Oui bon, de différent j'ai le service à gérer. Le téléphone qui te coupe, les gens qui te hèlent, les médecins qui te demandent quelle patiente vaut il mieux envoyer en priorité au bloc totalement plein. Ca fait surtout drôle de dire "Bonjour je suis Knackie la sage-femme qui va s'occuper de vous aujourd'hui". Ca fait du bien de s'organiser comme on veut. C'est relou de gérer entièrement l'administratif. Ca fait plaisir de tomber dans une équipe sympathique qui avant ta première garde toute seule te donne des conseils itou itou.

    J'attend de voir comment ça va se passer, de prendre de l'assurance dans tout ce qui est organisationnel pour pouvoir vraiment m'amuser auprès des patientes sans stresser d'oublier une virgule.

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  • Impardonnable que je suis, le blog est en friche. Oui mais... oui mais... j'ai du travail moi madame !
    J'ai en effet du: passer mes partiels, passer mes examens terminaux, passer les oraux, soutenir le mémoire, aller en stage. C'pas si évident.

    Et là, voyez-vous, je n'ai même pas le temps d'écrire un article de fond car je dois jouer avec ma console avant de prendre le temps de ranger mes affaires pour partir en stage loin lundi. C'pas une vie ça !

    Donc voilà, j'ai bien aimé la semaine de soutenance des mémoires, c'était long mais intéressant. On est vraiment trop fort en fait. Tout ça aurait dû déboucher sur un Master 2, j'aurais bien aimé avoir ça comme diplôme. Je ne vous dirai pas que bien évidemment le jury m'a félicité pour mon travail révolutionnaire, on va encore dire que je me vante. Alors non, je ne le dirai pas.

    Et puis voilà.

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