• A l'Hôpital il y a deux jours noirs dans la vie d'un service. Deux jours où les horloges tournent à l'envers, deux jours où l'on observe une surmortalité écrasante, deux jours où tu as un aperçu de l'Enfer sur Terre: le 2 Mai et le 2 Novembre, les jours du changement d'internes. Tadaaaaaaaa !

    Faut dire que l'interne c'est un peu la pièce essentielle d'un hôpital. Corvéable et pas cher, c'est lui qui voit les patients et prescrit leur traitement (si la meeeerrrrveilleuse sage-femme ne l'a pas fait avant). Alors un interne c'est mignon, quand c'est jeune ça prescrit avec fierté du paracétamol et du spasfon avec l'intention de sauver le monde. Quand c'est vieux et con ça prend de haut et sa relève le col de sa blouse.

    Les notres sont jeunes, alors ils sont mignons. Ils me courent après pour que je lise leur observation et que je dise si c'est bien. Ils me poursuivent pour me faire un bisou en me demandant ce qu'on dicte lorsqu'on veut faire sortir une patiente et bientôt il me demanderont de recompter avec eux le score de Bishop après avoir fait leur toucher vaginal. Forcément moi je craque.

    Mais les nouveaux internes c'est chiant aussi, ça prend de la place, beaucoup de place. Lorsqu'ils prennent possession du bureau entier pour faire des séances de révisions géantes c'est un peu relou. Puis ça vole pas forcément haut, niveau ECN, du genre: quelle posologie pour une femme enceinte qui présente une fièvre et qu'on veut traiter pour une éventuelle Listeria. Pendant que toi tu veux faire du vrai travail du genre... classer les biologies .

    Mais bon, ils vont vite grandir et ces moments seront bien loin dans leur souvenir. Dans quelques mois ils seront grands et forts, auront gagné en sex appeal, du coup je pourrais peut-être changer d'interne si j'en trouve un mieux. (aie, je vais me faire taper à la maison).

    Quoiqu'il en soit, bon semestre à tous les nouveaux internes, soyez gentils avec votre équipe paramed', soyez gentils avec les sages-femmes et offrez leur des bières !! Enfin sauf si ce sont de grosses ihksfskhsk qui profitent que vous ne soyez pas encore docteur pour déverser leur haine et frustration.


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  • Mères porteuses. Pour moi ces mots évoquent tout d'abord les téléfilms des années 90/2000. Vous savez, ceux avec les vieux héros de Beverly Hills. On y parle de bébés volés, de jumeaux maléfiques, de folles en quête de gosses à tout prix, et de jeunes filles enceintes abusées par l'argent ou le bigotisme américain. A l'époque en France tout le monde était contre. Mère porteuse c'était le symbole de la décadence américaine. La France réprouvait unanimement au nom de la Morale, la vraie, la tatouée.

    Aujourd'hui on parle de Gestation Pour Autrui (GPA), c'est comme Hotesse de Caisse, c'est plus classe. Et ces mères sont des... gestantes ? Techniquement oui. Une sorte d'utérus à deux pattes. Vu comme celà ce n'est pas très glamour mais, la GPA, est-ce aussi simple qu'une location d'utérus ?


    Le point de vue Féministe ou la dignité de l'être humain

    Pour ou Contre la GPA ? Ce devrait être simple. Si on part du principe que l'Etre Humain est une Personne à part entière qu'on ne peut marchander. Qu'une grossesse ce n'est pas comme une prise de sang, c'est long et comporte des risques, la GPA devrait être interdite. C'est disposer du corps de quelqu'un moyennant salaire. Et je parle là que de l'aspect technique.

    Si on considère en plus que sentimentalement une grossesse ce n'est pas "rien" pour la femme qui héberge son hôte cela devient vraiment glauque. En gros: je te file mes gamètes (les miens où ce que j'ai acheté sur photo dans une banque), toi tu te tapes plein de piqûres, un traitement hormonal lourd jusqu'à ce que ça marche, qu'un embryon arrive à se développer. Ensuite tu vas te tapper toute une grossesse, sentir un truc qui bouge, réagit à ton environnement... Et tu vas accoucher... Accoucher ça aussi ce n'est pas rien. Un accouchement ce doit être un des trucs les plus forts dans un couple. La "gestante" accouche d'un enfant et zoup elle le refile en échange quelques billets... d'ailleurs, combien ça peut valoir tout ça ?

    Il y a déjà des jeunes femmes qui vendent leurs ovules pour payer leurs études (en Espagne par exemple c'est la mode), la GPA va plus loin, on vend le packaging conception/gestation/expulsion. C'est alors, profiter de la misère de certaines ?

    ALors là oui, Pour ou Contre la GPA c'est simple. On dit CONTRE ! La GPA c'est le Mal ! Mais, si on enlève l'argent de l'équation ?

     

    Le point de vue Humaniste ou le don contre l'injustice 

    Certaines femmes ne peuvent porter d'enfants, certains couples ne comprennent même pas de femmes pour porter des enfants. L'adoption en France n'est plus une solution viable. Il y a très peu d'enfants adoptables en France et se tourner vers l'étranger revient cher... et puis là aussi éthiquement il y aurait à débattre dans le genre "prendre les enfants des miséreux qui ne peuvent les élever au lieu de combattre la misère". Mais, ce n'est pas le sujet.

    Alors, certaines femmes pourraient se dire: ptain A et Z ont trop pas d'chance dans la vie, moi je le porterais bien leur gosse. Cette vision de la GPA la rapprocherait plus de don tel qu'il est en France aujourd'hui: un acte gratuit fait pour aider son prochain qui n'a pas d'bol dans la vie.

    Cette "gestante" le ferait non pas par obligation ou par appat du gain, mais tout simplement par ce qu'elle a envie, et qu'elle croit que ce qu'elle fait est juste. Bien sûr ça restreindrait énormément les offres mais face au prix de la dignitié humaine ? Alors, pourquoi pas une GPA encadrée... La femme ne serait pas payée mais indemnisée en fonction de sa perte salariale. Cela ferait de l'enfant à naître non plus une marchandise mais et attention je vais être niaise: un produit de l'amour. Celui du couple, mais aussi de cette femme envers ce qu'elle croit être juste. Un peu plus glam' la GPA non ?

     

    Et je sens que je vais conclure...

    par le fait que de toute façon faire l'autruche ne servira à rien. Aujourd'hui en voyageant tout est possible et une législation en phase avec notre société ne pourra que redorer un peu le blason bien terne d'un hémicycle frileux. Mais bon de toute façon je suis hors-sujet. Je parle de GPA en ayant bien évidemment en tête les couples gays français alors que nous n'en sommes même pas à l'adoption. On estime à 200 000 les enfants élevés dans des familles homoparentales, autant d'enfants qui n'ont qu'un parent légal, et deux parents de faits. On préfère les laisser dans une situation juridique instable au nom de la fameuse Morale du début... plus que tatouée elle doit être un peu percée.


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  • 3h du matin, madame Cheesekake me rappelle parce que ça contracte ouille ouille. Je l'examine les choses se profilent plutôt bien. J'aimerais cependant attendre un petit avant de la transférer au bloc accouchement (histoire d'être sure que le travail est définitivement lancé et qu'elle ne poiraute pas là bas 18h). Du coup je place un monitoring qui me permet de voir si le foetus supporte bien les contractions et comme pour une fois je n'ai rien d'urgent qui presse ailleurs je reste un peu avec elle et on en profite pour préparer les affaires de naissance.

    Je me retrouve donc à poser sa grosse valise sur la table à côté de son lit et entre deux contractions on choisi ce qu'on va lui mettre au petit. Bizarrement ça me plait presque (en général je n'aime pas fouiller dans les affaires des autres et essayer de deviner où ils ont mis leur foutus bonnets). Je prépare donc un petit sac avec body, pyjama, brassière, bonnet, chaussette... tout dans le même couleur mais avec des tons différents. Je ne savais pas qu'il existait autant de variétés d'orange.

    En faisant ça je me demandais ce qui m'arrivait. Plier des vêtements pour gosse avec un sourire niais c'est pas moi ça ! P**** de patientes, rendez-moi la vraie Knackie !

    Pire, la dernière fois que j'étais en suite de couches j'ai du porter un nourrisson pendant qu'un étudiant faisait l'examen clinique de la patiente et et.... j'ai presque trouvé ça mignon de revoir un nouveau-né, pourtant il pleurait.

    Je crois qu'il va me falloir une cure de bières et de match de catch pour me retrouver. Aux autres, attention, les femmes enceintes nuisent gravement à la santé. 


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  • Ca fait une huitaine d'heures que Madame Choupi contracte régulièrement. Son col est modifié mais pas vraiment assez pour l'installer en salle de naissance et poser la péridurale qu'elle demande. Et puis le bloc d'accouchement est saturé (pour changer), les gens courent partout, du coup on installe cette patiente dans une chambre en attendant. C'est ainsi que je la récupère, elle fera partie de la demi-douzaine de patiente à terme qui contractent en stand-by ce jour là.

    Premier contact, elle a mal mais arrive à tenir... Je lui propose le ballon rigolo, la douche, et la marche dans le couloir. Elle semble adhérer. Une heure et demi après, elle me rappelle, le col est un peu mieux, la poche des eaux commence à "pousser" dessus mais il y a de la marge. Elle est vraiment déçu, se demande comment elle va faire pour tenir... et moi devant des contractions assez fortes et rapprochées je place un  monitoring foetal d'une vingtaine de minutes pour m'assurer que le foetus supporte le début du travail. Ca ne la dérange pas plus que ça... enfin ça la fait patienter.

    Trois quart d'heure après elle en a re-marre, à l'examen ça y est, 3cm, col effacé, elle est candidate pour une place en salle et une péridurale... seulement il n'y a pas de salle de naissance disponible tout de suite et plusieurs patientes attendent déjà leur péri au bloc. Je lui demande si elle veut prévenir son mari. Elle ne sait pas trop, ne souhaite pas le déranger pourtant il m'a dit qu'il voulait être là, et puis elle n'a pas la force d'appeler. Bon ok, j'appelle son mari, lui dit que l'accouchement s'accélère et que ça serait bien qu'il vienne accompagner sa femme.

    Une demi-heure plus tard le bloc ma rappelle, je peux y transférer ma patiente. Chouette ils ne m'ont pas oublié ! J'annonce la bonne nouvelle à la dame qui en sauterait presque sur son lit. Elle retrouve alors le sourire, se confond en excuses (ben oui, depuis son arrivée dans le service elle m'avait appelé plein de fois) alors qu'il n'y a pas de quoi, et répète Merci un peu frénétiquement.

    Au final elle est restée 4 heures avec moi, au départ j'étais un peu sceptique car ça n'avançait vraiment pas vite et puis encore une fois, j'ai été un peu surprise du bon déroulement des choses... Et puis sa gentillesse faisait plaisir même si la garde ne fut vraiment pas de tout repos et pas que par "sa faute".


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  • Vous ne me connaissez pas (ou si) mais en vrai je suis jeune, sexy et en plus intelligente. Et j'ai un sac à dos. L'été dernier j'ai du parler à un vendeur de churros qui m'a demandé en quelle classe j'étais et voyant mon regard interrogateur m'a dit "ah t'as passé ton bac cette année?"  Ui ui... il y a 6 ans mon bon jeune homme.

    Avec les filles de ma promo un midi on est allée au resto entre les cours... avec nos sacs... et mon sac à dos, les clients nous croyaient lycéennes (et je peux vous le dire, une douzaine de filles qui s'incrustent dans un resto bondé ça se remarque).

    Même quand on fait des choses de grands pourtant ! Avec des collègues de promo on est allé à un Congrès. Ca parlait gynéco, obstétrique, c'était fun, on avait même des tampons aux probiotiques et des serviettes pour fuites urinaires gratos. Arrive le soir, on se retrouve à la sortie et là vient nous voir le célèbre gynéco/andro/sexologue qui passe à la télé, est invité un peu partout, et dont le prénom commence par S. le nom Mi et la fin par Moun. Tout content de nous voir il s'approche pour nous parler et ça donne un truc du genre:
    -Wé les djeunes c'est cool que vous soyez là, y'a le diner débat sur la sexualité des adolescents ce soir et c'est bien que vous participiez (sous-entendu nous, les adolescents), ramenez vos amis !!! (sous entendus nos potes du collège/lycée).
    Quand il a compris qu'on n'était plus trop ado, mais là en tant que futur professionnel et que non on n'avait pas de potes collégiens là sous la main, il a un peu bougouné le bougre.

    Les patientes quant à elles ne me font pas trop de remarques sur ma belle jeunesse... enfin... par deux fois elles ont pris l'étudiante pour la sage-femme et inversement. Ca m'a fait rire. Surtout qu'entre une étudiante et moi y'a pas photo, je suis beaucoup mieux.

    Ca va être rude lorsque j'aurais atteint l'age d'avoir le bac.


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