• Ayant quasiment fini mon externat (plus que 2 semaines), j'ai eu l'occasion de passer par les différents services d'urgences du CHU. Ici, tout est séparé : les urgences adultes (elles-mêmes séparées en consultations externes, unité traumatique, accueil médico-chirurgical, réa), les urgences pédiatriques (séparées en urgences médicales et urgences traumatiques) et les urgences gynéco-obstétriques.
    Ma formation a fait que je suis passée très souvent aux urgences adultes (mais pas en unité traumatique (parce que j'aime pas ça) ni en réa (parce qu'on ne peut pas y aller)), quelques fois aux urgences pédiatriques (uniquement du côté médical), quasiment jamais aux urgences gynéco-obstétriques.


    Les urgences adultes :
    un mot d'ordre : quand tu viens aux urgences, faut pas être pressé. Parce qu'au milieu des recours justifiés, on voit beaucoup de gens qui congestionnent le service pour des raisons totalement injustifiées (mal de dos depuis 3 semaines, traumatisme de la main depuis 5 jours, piqûre de moustique qui gratte...). Et ce sont d'ailleurs souvent ceux-là qui se plaignent de l'attente, qui est d'ailleurs affichée au niveau de l'accueil afin de dissuader ceux qui viennent pour de la bobologie.


    Au rez-de-chaussée, il y a les consultations externes. C'est un service qui prend en charge les patients n'ayant pas besoin d'hospitalisation. Le motif roi de la consult : le traumatisme de cheville, qui est à 90% des cas une entorse, qui est parfois plâtrée. Ensuite il y a les différentes plaies à suturer, sobres la journée, plutôt alcoolisées pendant la nuit ou au petit matin. Et puis ensuite il y a de tout : de petits accidents de la voie publique, de légers traumatismes crâniens, des douleurs diverses et variées, et puis parfois de véritables urgences qu'il faut savoir détecter au milieu des autres consultations : un infarctus, une crise d'épilepsie qui récidive et fait un hématome cérébral... L'avantage de ce service, c'est qu'en tant qu'externe, tu gères ton patient, fais les examens qui te semblent nécessaires et donnes les conclusions à ton interne, qui revois le dossier avec toi. C'est assez varié et formateur.

    Au premier étage, il y a l'Accueil Médico-Chirurgical. Un titre un peu pompeux pour désigner l'anti-chambre des services d'hospitalisation, à l'exception de tout ce qui est traumatique. Ca permet de voir des classiques de la médecine (un avc, une colique néphrétique, une crise drépanocytaire, une embolie pulmonaire...), mais c'est aussi un service "poubelle" : celui où on envoie papi (ou mamie) parce que ce n'est plus possible de le garder à la maison et qu'on n'a pas prévu de solution pour le prendre en charge ; alors on l'envoie à l'hôpital qui fera le boulot pour lui trouver une place dans une maison de retraite quelconque. La particularité de mon hosto, c'est aussi d'accueillir les urgences psychiatriques : la nuit, les brancards se remplissent de patients alcoolisés ou ayant fait une tentative de suicide, le plus souvent avec des médicaments. Il n'y a pas grand chose à faire, juste les surveiller et attendre qu'ils dégrisent, mais ça encombre des lits et oblige à prendre à charge les gens dans le couloir (couloir qui peut parfois rassembler 15 brancards alignés, mixant des pathologies diverses, avec une prise en charge parfois précaires).


    Les urgences pédiatriques : la première fois que j'y suis allée, j'ai eu peur. Je ne savais pas comment fonctionnaient ces petites choses que l'on appelle enfant. A partir de 4-5 ans, j'avais une vague idée, mais avant c'était le grand saut. J'ai eu la chance de souvent être avec une chef géniale, qui te dit de faire le grand saut mais qui ensuite revient te montrer ce qu'il fallait voir.
    Le problème de ces urgences, ce sont les parents. Ceux qui ne supportent pas que ce soit un étudiant qui examine leur enfant (en même temps, on est dans un CHU), ceux qui ne comprennent pas que leur enfant soit fatigué alors qu'il est 2h du mat', ceux qui viennent consulter à 23h parce que le médicament que le pédiatre a donné à 17h n'a pas miraculeusement fait disparaître la diarrhée. C'est d'ailleurs la seule fois où j'ai eu un problème avec un patient (enfin surtout avec son père) : bébé a 10 semaines, il régurgite depuis 3 semaines, donc on l'amène le 1er mai à 22h aux urgences et on fait un scandale parce que c'est un étudiant qui vient le voir ; j'ai examiné l'enfant, tapé mon observation, expliqué la situation à la chef qui est allée voir la petite famille et les a un peu remis à leur place. Je n'ai pas osé y retourner avec elle.
    Mais il y a quand même eu plein de bons moments. En particulier quand cette petite fille venue pour une réaction allergique m'a fait un dessin. Et l'interne qui était trop jalouse parce que ça ne lui était jamais arrivé.


    Les urgences gynéco-obstétriques : deux demi-journées moyennement intéressantes. Une garde en journée où j'ai eu la chance d'avoir une interne attentionnée qui m'a appris à faire un toucher vaginal, à poser un spéculum et qui m'a même permis de faire une échographie. Une garde de nuit où je n'ai été que spectatrice, où j'ai vaguement aperçu un accouchement de jumeaux par voie basse et deux césariennes. Bref, rien de très formateur.
    Mais Knackie a déjà fait un article à ce sujet

    1 commentaire
  • Cette question, c'est LA question classique que l'on me pose (après les éternelles "t'es en quelle année?" et "il te reste combien de temps?"). Et le hasard faisant bien les choses, c'est en parfaite continuité avec l'article de Knackie (et c'était même pas fait exprès).

    Le problème, c'est que je n'ai pas de réponse à cette question. Le premier souvenir que j'ai de ma vocation, c'était lors d'un voyage scolaire en CE1 (j'avais 6 ans à l'époque). Pendant ce voyage, je me souviens distinctement que l'on m'appelait docteur et que à chaque fois que quelqu'un avait mal quelque part, on venait me voir. J'en ai donc déduit que j'avais déjà exprimé mon envie d'être médecin à l'époque. Mais je ne m'en souviens pas.
    Ce qui est étrange, c'est que je ne suis pas issue du milieu médical. Il y a certes des cousins à mon père qui sont médecins, mais je ne les connais pas. Ma mère bossait dans un cabinet médical (en tant que secrétaire) mais je ne vois pas en quoi ce la m'aurait donné envie de passer de l'autre côté de la barrière.

    Au fur et à mesure que je grandissais, j'ai cultivé cette vocation. Avec toujours en ligne conductrice le fait d'aider les autres. J'ai longtemps voulu faire de l'humanitaire, j'avais cette vision (erronée et incroyablement orgueilleuse) que les habitants des pays du tiers monde avaient besoin de nous pour survivre.
    Ensuite, j'ai eu ma classique période "urgences". C'était l'époque où cette série était très suivie et je rêvais de pouvoir sauver des gens et rester calme quel que soit le niveau de panique de la situation. C'était tellement classique comme situation que la conseillère d'orientation que j'avais vue au collège m'avait demandé si je savais que la réalité était très loin de la série.
    J'ai enfin commencé (et réussi) mes études. Je suis passée par différentes envies, mais la neurologie et la médecine générale ont toujours tenu la corde. Et finalement, c'est la médecine générale qui a gagné, car elle me laisse une certaine liberté dans mon exercice, et c'est un point extrêmement important pour moi. Et j'ai hâte d'être en situation pour enfin être dans le concret.

    Alors, quand on me demande pourquoi je veux être médecin, je suis incapable de répondre. Mais je sais que c'est ce que je veux faire, ce que je veux être.

    1 commentaire
  • Initialement, les résultats de l'ECN devaient être communiqués le 20 juillet. Comme tous les ans, on savait qu'ils seraient publiés avant cette date, les paris allaient bon train, le vendredi 10 tenant la corde.

    Mercredi, je fais mon tour quotidien sur un forum d'étudiants en médecine. Et dans la discussion sur les résultats, je vois que de plus en plus de personnes ont des infos disant que les résultats sortiraient dans l'après-midi. La pression monte. J'essaie de faire celle qui ne s'en préoccupe pas, je quitte le forum et vaque à d'autres occupations.

    Mais je ne peux m'empêcher de retourner régulièrement sur cette discussion. Jusqu'au moment où le couperet tombe : "les résultats sont affichés". L'affichage est différent dans chaque fac, la mienne est parmi les dernières à les afficher mais je ne le sais pas. Jusqu'à ce que ma coloc sorte de sa chambre et m'informe qu'elle va voir les résultats à la fac et me demande si je veux l'accompagner. Et là je suis lâche, je lui dis que non, que j'aimerais bien qu'elle m'envoie mon classement par sms.

    Le fameux message arrive... je n'ose pas l'ouvrir... on m'encourage... je le fais... je suis soulagée. Ce n'est pas forcément un résultat formidable, mais il est bien suffisant pour avoir ce que je voulais. C'est bien là l'essentiel.

    5 commentaires
  • Je n'étais pas encore née qu'il était déjà chef de ce service. Il est reconnu par ses pairs (il a été président du collège national des enseignants de neurologie). Il reste la référence dans les cas difficiles. Il connaît tous les autres chefs de service, et ceux-ci le lui rendent bien.

    Cela faisait des années qu'il n'était plus passé dans le service. Il a senti que quelque chose n'allait pas bien (ou peut-être lui a-t-on soufflé cette idée). Il a alors décidé que le vendredi, il passerait faire la visite.
    LA visite professorale. En deux temps. Réglée comme du papier à musique. A 9h, visite sur dossiers des patients sortis ou décédés dans la semaine. A 10h, visite de tous les patients du service. Il s'attarde sur les cas difficiles, laisse des notes sur un dictaphone, parle aux patients et les écoute.

    Il impressionne. Les patients ne lui refusent aucun examen (ou presque). Les infirmières retrouvent du temps pour assister à la visite. L'externe se remet à porter les dossiers du patient, dans les pochettes kraft de plusieurs kilos qui résument la complexité de l'histoire.

    Il pose des questions. Des tas de questions. Aux patients, pour avancer dans le diagnostic. Aux infirmières, pour savoir comment se passe l'hospitalisation. A la chef de clinique pour savoir quels sont les examens prévus. A l'interne et à l'externe pour tester leurs connaissances.
    Il prend le temps d'enseigner aussi. Aux patients. Aux infirmières. Aux médecins.

    Il met en évidence ce qui ne va pas dans la prise en charge, ce qu'il faudrait améliorer dans l'organisation du service. Il fait des remarques, des reproches.

    Le tout calmement, posément. Et avec un discret sourire.

    1 commentaire
  • Avant de commencer à polluer ce blog, je tenais à remercier Knak' de m'avoir proposé de m'incruster, elle ne sait pas à quoi elle s'expose. Et je tiens à vous avertir que mes apports risquent d'être irréguliers. Voilà pour le préambule.

    Passons maintenant à l'introduction : la présentation des études de médecine. Je tenais à faire un billet à ce sujet parce que j'ai l'impression que peu de gens savent comment ça se passe (en même temps, je les comprends, ça part un peu dans tous les sens).

    Les études se composent d'un tronc commun de 6 ans, puis de l'internat (de 3 à 5 ans en fonction des spécialités). Dans ce tronc commun, il y a d'abord la P1 (par où passent également les dentistes, les sages-femmes et les kinés), puis 5 ans de médecine généraliste et spécialisée. La sixième année est validée par le CSCT (Certificat de Synthèse Clinique et Thérapeutique).
    Deux concours rythment nos études : d'abord, le plus connu, le concours de P1 (pas très constructif, que de l'apprentissage par coeur, de l'écrémage pur et dur pour le fameux numerus clausus). Ensuite, en fin de 6ème année, l'ECN (l'Examen Classant National). Ce concours, tout le monde le réussit, il n'est pas validant. Il permet juste de classer tous les étudiants de 6ème année de toute la France, afin que chacun choisisse sa spécialité et sa ville en fonction de son classement (les premiers font ce qu'ils veulent, les autres prennent ce qui reste).
    Les choix que l'on a sont : médecine générale, spécialités chirurgicales, spécialités médicales, gynéco-obstétrique, gynécologie médicale, pédiatrie, santé publique, médecine du travail, biologie. Les plus demandées sont les spécialités médicales et la pédiatrie ; les plus délaissées médecine générale, santé publique et médecine du travail.

    Au niveau des stages, on a un stage infirmier en début de deuxième année. Puis des stages d'initiation (stages dits de sémiologie) en troisième année. Ensuite, vient l'externat pendant 3 ans : en stage tous les matins (sauf pour les stages à gardes, genre urgences ou SAMU), cours l'après-midi. Après, c'est le grand saut, c'est l'internat, mais je vous en parlerai quand j'y serai.

    Cependant, comme rien n'est simple, il existe de nombreuses variations inter-facs (parce qu'il faut bien se démarquer des autres). Et il devrait exister une grande réforme de la première année pour la rentrée 2010 (même si ça fait plus de 10 ans que j'en entends parler de cette réforme).

    Juste pour vous situer : je suis en fin de 6ème année, j'ai passé l'ECN il y a 3 semaines. En novembre, à moi l'internat (de médecine générale a priori), et ça fait peur...

    7 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique