• Ou comment réussir à avoir une vie amoureuse pendant son internat avec comme objectif le DESC de médecine d'urgence...

     

    Bonsoir, je m'appelle latiatia et je suis workaholic... oui, je suis accro à mon boulot, et en particulier aux urgences. J'ai besoin de faire régulièrement des gardes, sinon je vis un vrai syndrome de sevrage : moral dans les chaussettes, humeur massacrante, geekage intensif.

    Et le problème des gardes, c'est que c'est soit la nuit (avec la journée qui suit dédiée au sommeil), soit le week-end. Et tout ça en plus de mon stage "régulier" (tous les jours du lundi au vendredi), ça commence à prendre du temps.

     

    Et c'est là où réside toute la difficulté pour réussir sa vie amoureuse. Parce que construire une relation ça demande du temps ensemble, ça requiert des moments à deux, ça nécessite de la disponibilité.

    Le problème est d'autant plus exacerbé quand l'autre a également un métier à gardes. Parce que avec notre chance, l'une est en repos quand l'autre travaille, l'autre fait des nuits pendant que l'une fait des jours. Et j'ai la fâcheuse manie de toujours prendre des gardes mal placées... (bizarrement, c'est assez mal vécu).

     

    Mais j'ai de la chance, je peux vivre et construire une relation sereinement parce que :

    - on habite dans la même ville (ou presque)

    - elle a un emploi du temps fait de gardes mais peu chargé (pour l'instant)

    - on n'a pas d'obligations sociales. Tout le temps libre qu'on a, on l'a pour nous (et pas pour aller faire des repas de famille chez l'une ou chez l'autre ni pour élever des mioches)

    - j'ai un lit plus confortable que le sien

    - elle est formidable de patience et de compréhension (et elle a plein de talents cachés).

     

    En conclusion, vivre une relation épanouissante lors de son internat en étant accro au travail c'est possible. Mais uniquement avec des personnes exceptionnelles.

     

    Post subventionné par le club des niais et écrit sous la menace^^


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  • Ca y est, le moment est venu, on m'a proposé un sujet de thèse.

     

    Tout a commencé à la fin d'une garde de nuit, où j'ai croisé une jeune chef avec qui j'avais déjà bossé quelques fois. On discute de mes projets, me dit qu'elle pourra m'aider pour mon mémoire de toxicologie et en partant je lance en rigolant "si t'as un sujet de thèse pour moi, n'hésite pas".

    Il y a 3 semaines, je reçois un message face de bouc de sa part (comme quoi, ça peut servir c'te chose là) : "j'ai un sujet, dis-moi si ça t'intéresse". Tu parles si ça m'intéresse, un sujet mêlant urgences et neurologie, ça ne peut que m'intéresser. D'autant plus que c'est une étude faite en parallèle aux Etats-Unis et qui amènera à la publication d'un article. Je ne pouvais rêver mieux.

     

    J'ai déjà fait un bout de biblio, je vais passer ma semaine de vacances à collecter les données (c'est une étude rétrospective) et à essayer de trouver du temps pour écrire mon mémoire de toxicologie (que je dois rendre dans un mois).

     

    Je crois bien que je suis une grande.


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  • La semaine prochaine, je ne travaille que 5 jours soit 49h. Une petite semaine tranquille. Mais parallèlement à ça, je vais commencer mon DU de toxicologie, qui me sera fort utile pour mon DESCMU, si toutefois je décide de le faire en complément de mon DES. Le DESCMU remplace la CAMU et est ouvert aux IMG à partir du 5ème semestre. Et je suis en pleine période de réflexion pour savoir si je dois le faire ou pas.

    Afin de comprendre ce petit paragraphe qui reflète bien ma situation actuelle, je me dois de faire un petit lexique des acronymes qui parsèment les textes dans un hôpital et à la fac.
    IMG : Interme en Médecine Générale, c'est ma position actuellement.
    DES : Diplôme d'Etudes Spécialisées. C'est le diplôme que l'on obtient à la fin de l'internat. Il en existe pour toutes les spécialités : neurologie, psychiatrie, gastro-entérologie, radiologie,... et bien sûr médecine générale.
    DESC : Diplôme d'Etudes Spécialisées Complémentaire. C'est un diplôme supplémentaire, qui doit être intégré dans le DES. Il en existe 2 types : le type 1 qui est dit non qualifiant (c'est une spécialité supplémentaire), et le type 2 qui est dit qualifiant (ça devient une spécialité à part entière, on ne peut pas cumuler la spécialité du DES et celle du DESC).
    DESCMU : c'est le DESC de Médecine d'Urgence. C'est un DESC de type 1, qui se prépare en 4 semestres : 2 pendant la dernière année d'internat, 2 en post-internat. Et c'est celui qui m'intéresse le plus.
    CAMU : CApacité de Médecine d'Urgence. C'était une formation qui permettait aux médecins thésés d'avoir une sur-spécialité en médecine d'urgence.
    DU : Diplôme Universitaire. Il en existe des dizaines, pas forcément en rapport direct avec la médecine. Ils permettent d'acquérir des compétences supplémentaires dans des domaines qui nous intéressent.

    Ceci n'est qu'un petit aperçu du parcours du combattant qui attend l'étudiant qui essaie de comprendre son cursus. Rien n'est possible sans un bon lexique. Et encore ce n'est pas toujours suffisant.

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  • Depuis le début du mois de novembre, je suis interne en médecine générale. Ce qui me vaut d'avoir un énorme charisme auprès des patients (je me présente en disant que je suis le médecin du service, ils partent en disant "merci docteur"). Et aussi des externes que je dois former. Enfin en théorie. Parce que comme ils n'ont qu'un an de moins que moi, ils en savent à peu près autant que moi. Et parfois, c'est loin d'être facile de répondre à leurs questions, surtout quand il n'y a pas de sénior sur lequel s'appuyer (y a quelques moments de solitude parfois -_-').

    L'internat aux urgences ressemble beaucoup à l'externat. Sauf que les patients, on les gère seuls (avec toujours un sénior à l'écoute pour répondre à nos questions, nous rassurer sur nos doutes, nous conforter (ou pas) dans nos prises en charge).
    Et au moment de faire sortir les patients, en signant le papier de sortie, on est assailli par des tonnes de doutes : ai-je fait tous les examens nécessaires? N'ai-je rien raté sur ces examens? N'ai-je pas oublié de poser LA question qui remettra en cause tout le diagnostic? Est-ce que cette crise d'angoisse ne cache pas un infarctus? Mais faut croire que ça fait partie de l'apprentissage, avoir confiance en ce que l'on fait, tout en sachant qu'une erreur est toujours possible.
    Je pense que je garderai longtemps l'exemple de cette petite mamie adressée par son médecin traitant pour une douleur thoracique totalement atypique. L'ECG est normal, l'exament ne révèle rien de particulier, la douleur semble pariétale (localisation atypique, reproduite à la palpation), pas de facteurs de risques cardiologiques mis à part son âge. Par acquis de conscience, on lui dose la troponine : elle est à 22 (normale inférieure à 0.05 dans notre labo). A cause de son âge, cette maminette qui fait un infarctus massif n'aura pas le traitement optimal, juste un traitement médical. En espérant qu'elle s'en sorte bien (parce que les urgences c'est frustrant, on ne sait pas ce que deviennent les patients).

    Dernièrement, j'ai aussi découvert un nouveau versant de la médecine : la prise en charge sociale. Entre les femmes battues, le sdf avec une jambe cassée qui a besoin d'un endroit pour dormir et se soigner, je me suis rendu compte qu'une consultation aux urgences qui peut sembler anodine ou ridicule cache parfois un problème plus profond.
    Mais il est souvent difficile d'aller au fond des problèmes, à cause de la masse de travail et de la nécessité d'aller vite pour éviter un engorgement des urgences. Et ça fait un peu rager.

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  • Au fur et à mesure que l'on avance dans les études de médecine, on obtient des équivalences : aide-soignante lorsque la deuxième année est validée, infirmière quand c'est la quatrième année qui l'est.
    Et j'ai eu la "chance" de tester ses équivalences.

    Aide-soignante : j'ai travaillé à domicile et en maison de retraite. A domicile ça se passait plutôt bien : le rythme est tranquille, les familles sont là pour t'aider (et t'offrir le café), les gens sont sympas. Par contre en maison de retraite, tout change (surtout que je n'ai pas passé de jours en doublure, j'ai dû plonger direct dans le grand bain) et c'est là que tu te rends compte que tu n'as aucune formation, que l'équivalence est plus que généreuse : faire 10 toilettes en 2 heures, nourrir les résidents en 15 minutes, coucher 10 personnes en 30 minutes... Ce n'est pas un travail, c'est la course, l'usine (et ce n'est pas toujours très humain). Et avec l'absence de technique, c'est le dos qui prend tout, et ce n'est pas vraiment super. Heureusement que j'avais des collègues plutôt compréhensives et qui n'hésitaient pas à m'aider si besoin (et à m'apprendre comment faire).

    Infirmière : retour à la même maison de retraite qui m'avait employée comme aide-soignante avec comme seule expérience des soins infirmiers mon stage infirmier qui avait duré une dizaine de jours au début de ma deuxième année. 7h30 le premier jour : l'infirmière surveillante m'attend avec un plateau pour un prélèvement veineux. J'y vais, trouve une veine, pique, prélève 2 tubes, puis la veine pète et un énorme hématome se forme en quelques secondes (faut dire que c'était une patiente cachexique en fin de vie). J'appelle la surveillante qui galère et finalement la pique sur l'avant-bras : celui-ci restera bleu pendant 15 jours. Le reste du boulot est simple : distribution de médicaments, quelques pansements, quelques injections sous-cutanées et intra-musculaires, quelques rares perfusions en sous-cutané. Et comme c'est assez tranquille (et que les infirmières me connaissent), je peux me permettre de poser des questions et de demander de l'aide.


    Ces équivalences en médecine sont bien sympathiques, surtout pour permettre de gagner un peu d'argent, mais on se rend compte rapidement que l'on a aucune formation. J'ai eu la chance d'avoir un premier poste d'aide-soignante assez calme qui m'a appris les bases, et je ne pense pas que j'aurais pu commencer directement par le poste en maison de retraite.
    Pour le boulot d'infirmière, notre formation est très insuffisante. J'ai encore une fois la chance d'avoir un poste tranquille, mais ce n'est pas le cas pour tous mes camarades.
    Et parfois, nos collègues nous mènent la vie impossible parce qu'on n'a pas de vraie formation... et c'est peut-être ça le pire.

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