• Attention, je vais me plaindre.
    Je parle de stage, de stage et de stage, mais en tout et pour tout, c’est bien ce qu’il y a de plus passionnant. Enfin en général. Même si souvent, il y a des tas de petits trucs énervants dont on se passerait bien.

     

    Je vis en ce moment le moment délicat de la 2e année.
    Tu n’es plus un novice, mais on te prend quand même pour un abruti (qui ne sait pas préparer les gouttes, oui c’est du vécu d’encore aujourd’hui grrrrrr).
    Tu n’es pas encore un crack mais on te prend quand même pour un néo infirmier qui sait tout faire (ça j’aime mieux, mais c’est un peu lourd quand on t’envoie faire un truc sans rien t’expliquer).


    Il y a aussi ceux qui te laissent faire leur job, enfin plus précisément ce qu’ils n’aiment pas faire. Pour ça, ils emploient des tournures de phrases très subtiles (attention vous allez voir, c'est très intelligent, un néophyte ne capterait pas), genre quand on te dit :

                         -         « Viens, on va laver le bac de décontamination »

    Comprends :

                         -         «  Viens, TU vas laver le bac de décontamination et moi je regarde ».

    C’est un truc qui m’énerve beaucoup, moi je préfère qu’on me dise carrément de faire un truc plutôt que de le faire passer pour un travail commun. Parce qu’après elle ne manquera pas de dire aux collègues :

                         -         « J’ai lavé le bac de déconta, vu que personne ne le fait jamais »

    Et là tout le monde te regardera de travers, vu que tout le monde pense que c’est à la stagiaire de le faire et qu’apparemment tu ne l’as pas fait.

     

    Par contre, si on te dit :

                         -         « Viens, on va faire un magnifique pansement de la mort qui tue »

    Comprends plutôt :                                     « Viens, JE vais faire un magnifique pansement de la mort qui tue et tu auras le droit de regarder si tu veux. A la limite tu auras peut-être l’immense privilège de me servir les compresses. ».

     

    Evidemment je déteste, que dis-je, je HAIS les gens qui ne me calculent pas.
    J'ai un prénom de 4 lettres à retenir (4 lettres bon sang, c'est quand même pas le bout du monde!!!!), il y en a qui trouvent toujours le moyen d'oublier ou de se gourrer.
    Puis ensuite c'est toi qu'on oublie, genre dans un service de psy t'es sensée savoir te débrouiller toute seule le 2e jour (mais non en fait).
    Pourtant, tu fais tout pour qu'on te remarque. "Je peux t'aider?", "tu veux que je fasse ça?", "Si t'as un truc à amener au labo j'y vais hein" (oui je veux sortiiiiiiiir!!!). Rien à faire, une fois que t'as rendu service, tu peux aller parler au monsieur invisible à côté de toi. Oui c'est chouette les amis imaginaires.

    Me croirez vous si je vous dit que toutes ces personnes sont réunies en une seule à mon stage actuel?
    En plus, elle porte la frange à la Kate Moss (mais elle ressemble à Chantal Goya).
    Ca m'éneeeeeeerve!!!


    3 commentaires
  • Avant de commencer à polluer ce blog, je tenais à remercier Knak' de m'avoir proposé de m'incruster, elle ne sait pas à quoi elle s'expose. Et je tiens à vous avertir que mes apports risquent d'être irréguliers. Voilà pour le préambule.

    Passons maintenant à l'introduction : la présentation des études de médecine. Je tenais à faire un billet à ce sujet parce que j'ai l'impression que peu de gens savent comment ça se passe (en même temps, je les comprends, ça part un peu dans tous les sens).

    Les études se composent d'un tronc commun de 6 ans, puis de l'internat (de 3 à 5 ans en fonction des spécialités). Dans ce tronc commun, il y a d'abord la P1 (par où passent également les dentistes, les sages-femmes et les kinés), puis 5 ans de médecine généraliste et spécialisée. La sixième année est validée par le CSCT (Certificat de Synthèse Clinique et Thérapeutique).
    Deux concours rythment nos études : d'abord, le plus connu, le concours de P1 (pas très constructif, que de l'apprentissage par coeur, de l'écrémage pur et dur pour le fameux numerus clausus). Ensuite, en fin de 6ème année, l'ECN (l'Examen Classant National). Ce concours, tout le monde le réussit, il n'est pas validant. Il permet juste de classer tous les étudiants de 6ème année de toute la France, afin que chacun choisisse sa spécialité et sa ville en fonction de son classement (les premiers font ce qu'ils veulent, les autres prennent ce qui reste).
    Les choix que l'on a sont : médecine générale, spécialités chirurgicales, spécialités médicales, gynéco-obstétrique, gynécologie médicale, pédiatrie, santé publique, médecine du travail, biologie. Les plus demandées sont les spécialités médicales et la pédiatrie ; les plus délaissées médecine générale, santé publique et médecine du travail.

    Au niveau des stages, on a un stage infirmier en début de deuxième année. Puis des stages d'initiation (stages dits de sémiologie) en troisième année. Ensuite, vient l'externat pendant 3 ans : en stage tous les matins (sauf pour les stages à gardes, genre urgences ou SAMU), cours l'après-midi. Après, c'est le grand saut, c'est l'internat, mais je vous en parlerai quand j'y serai.

    Cependant, comme rien n'est simple, il existe de nombreuses variations inter-facs (parce qu'il faut bien se démarquer des autres). Et il devrait exister une grande réforme de la première année pour la rentrée 2010 (même si ça fait plus de 10 ans que j'en entends parler de cette réforme).

    Juste pour vous situer : je suis en fin de 6ème année, j'ai passé l'ECN il y a 3 semaines. En novembre, à moi l'internat (de médecine générale a priori), et ça fait peur...

    7 commentaires
  • Si vous suivez bien bande de coquinous, vous savez qu’en ce moment je suis entourée de bébés. Les bébés c’est chou, ça fait areuh, ça vomit son lait et ça s’arrache tout ce qu’on veut lui poser. Notez que cette description doit parfaitement convenir à un service psychiatrique, ou gériatrique ou de géronto-psy.

    Des fois les bébés sont rigolos, ils se mettent tous à hurler en même temps et si vous avez déjà fait de la réanimation et que vous trouviez ça stressant, imaginez donc devoir perfuser un gamin sous une rampe qui chauffe à 35 degrés, avec ton patient que se débat, crie, et tous ses voisins qui se déchainent également. Bizarrement les perf je ne les pose pas ^^ (je sens qu’on va me le reprocher « gna gna t’as pas posé assez de cath’ aux bébés »…ben oui, les puer n’y arrivent déjà pas et moi je vais aller le trouer un peu plus >_<).

    Des fois les bébés c’est l’alibi parfait pour te poser. Ben ui…il faut que tu donnes le biberon d’Alberto, et donner un biberon, il te faut au moins 30 min (^^), 30 min dans la chambre avec lui, assise, et pendant ce temps tu échappes aux bip, téléphone etc…

    Et ouis il y a les chambres du service. Parfois on doit aller chercher les enfants et là…tu entends un hurler du fond du couloir. Tu te rapproches en priant pour que ce ne soit pas « le tiens » et là deux possibilités: c’est effectivement le tiens et tu pars te pendre à la fenêtre, ce n’est pas le tiens et tu souris comme un benêt en pensant à la personne derrière cette porte qui morfle et tu savoures le fait de ne pas être à sa place. Une troisième possibilité existe, c’est effectivement l’enfant que tu viens chercher qui pleure et alors tu te « trompes » de chambre pour aller vers un enfant sage….je vous déconseille cette méthode à risque de poursuites judiciaires.

    Mais sinon un bébé c’est sympa hein…mais euh quand tu l’as pas trop souvent, que ce n’est pas un patient et que et que.

    Non, je ne hais pas les bébés.

    Mais pour moi un bébé c’est un truc qui bouge dans le salon et puis ensuite tu lui dis au revoir…dans un hôpital en tant que patient c’est différent.


    4 commentaires
  • Lorsqu’on débarque dans un service d’hôpital par définition on ne connait personne. Et si, dans un élan de bonté tu décides d’aller voir tout le monde pour dire que tu es GrosCalin, le nouvel étudiant, bien rares sont ceux qui vont te répondre salut moi c’est GrossKeuchonne, l’infirmière du matin.

    Alors, pour savoir qui est qui (Marie-Ange Nardi sort de ce corps), il faut ruser. D’abord, la méthode classique: regarder les pectoraux généreux de ton interlocuteur. En général son nom y est marqué ainsi que sa qualification. On peut également utiliser cet artifice pour mater innocemment les décolletées. Notons au passage, le caractère machiste des blouses hospitalière. Ainsi, un homme lui, n’aura pas son nom inscrit au niveau du paquet (je fais dans la finesse aujourd’hui).

    Malheureusement, cette méthode ne marche pas toujours, notamment pour les stages de bloc où tout le monde porte les même pyjamas, auxquelles s’ajoutent charlotte et masque pour que tu ne puisses pas les reconnaitre après les avoir déjà vu. Il faut alors apprendre à deviner la qualification du personnel en fonction de son aura, son prénom en fonction de sa coupe de cheveux et des petits mots de ses collègues.

    Ainsi, classiquement la cadre passera juste le nez en entre-ouvrant la porte et en demandant un truc banal, à toi vite vite de te présenter pour ne pas te faire mal voir. Bon, si c’était la technicienne labo, pas d’bol, tu te seras juste pris la honte car elle, elle s’en fout de savoir qui t’es.
    L’infirmière fera des trucs du genre toucher au dossier médical, à la cafetière. La sage-femme ira sur fassbouc, parlera obstétrique ou dernière cuite.
    Le médecin est généralement reconnaissable par le fait que tout le monde le connait, sauf toi.

    Moi je suis fatiguée de débarquer dans des endroits inconnus, ce n’est plus d’mon age ma bonne dame. Alors, parfois j’apprécie le confort du CHU où je connais bon nombre de professionnels. Puis, même si on ne les connait pas on devine facilement qui ils sont car là bas, tout le monde fonctionne un peu pareil. C’est le bateau pirate playmobil que tu n’as jamais eu. Des petits bonhommes tous à leur place.

    Et toi dans tout ça ? Toi aussi il te faut ton nom. S’il n’est pas inscrit il y a la stratégie du scotch. Avec un joli sparadrap tu marques ce que tu veux, par exemple Knackie, esf3. A la fin, le truc qui tue, c’est quand t’enlèves le scotch parce que de toute façon, tout le monde te connais, muahaha.


    4 commentaires
  • On a beau se détester entre nous (bah oui d’une on est des filles en majorité, de deux des infirmières, et de trois yen a qui veulent bosser en psy, non mais vous vous rendez compte !), dès qu’on est en stage ensemble, c’est l’amour fou.

     

    Imaginez-vous, petite étudiante arrivant dans le monde hostile et labyrinthineux (oui c’est un nouveau mot que je viens d’inventer en direct live, quelle chance vous avez quand même…) de l’hôpital. Vous êtes SEULE face à une équipe avec tout plein de gens dedans qui ont un prénom (je sais, c’est mal foutu ce truc, d’autant plus que chez nous ils ont eu la bonne idée de n’écrire que le nom de famille complet et l’initiale du prénom sur l’étiquette de la blouse, ingénieux non ?) et une fonction (pour peu que les fameuses blouses n’aient pas de distinctif couleur, tu peux aisément confondre l’AS avec la cadre en fonction du degré d’autorité naturelle de la personne), qu’il faut retenir et qui sera par principe hostile envers vous (élément nouveau voire perturbateur, eh oui mon gars, va falloir faire ses preuves avant d’avoir le droit de boire le café avec l’équipe !).

     

    Et là, plutôt que de pleurer seule dans ton coin ou au milieu du couloir (comme tu veux), tu as une autre stratégie : copiner avec ta costagiaire. Oui, même si c’est une pouffe de ta promo que tu peux pas encadrer. T’en fais pas, une fois qu’elle aura retrouvé ses copines, elle viendra plus te dire bonjour. En attendant, pendant un mois, c’est ta nouvelle meilleure amie ! Et puis même si tu ne connais cette personne ni d’Eve ni d’Adam. Les liens vont se tisser très très vite, t’en fais pas.

    Grâce à elle, tu vas repérer les locaux et les gens plus vite. Quand tu n’auras personne à qui parler, elle sera là. Quand tu ne saura pas avec qui boire le café (si t’as le droit de boire le café bien sur), tu pourras y aller avec elle. Si tu ne trouves personne avec qui faire un change, elle viendra t’aider !!! Oui c’est magique.

     

    Parce qu’elle, elle te comprend. Elle est dans la même galère. Il y aura d’ailleurs souvent un effet de regroupement des étudiants infirmiers, AS, AP qui se feront une joie de se raconter leurs malheurs et de déblatérer sur la méchante infirmière du service.

     

    L’entente se fera moins cordiale à la remise de la note. Un point de moins que ta collègue, et tu te demandes tout le reste de ta scolarité qu’est-ce que cette abrutie peut avoir de mieux que toi.

     

    « Ouais moi aussi je peux laisser le bouton du haut de ma blouse ouvert hein. »


    6 commentaires