• Parfois je ressens une chose étrange au fond de moi, comme si je vivais dans un univers parallèle, comme s'il y avait une scène, des caméras et...Jacques Martin. Comme si je me retrouvais face à de petits être espiègles, naïfs ou pédants. Je regarde alors autour de moi et non, je suis bien entourée d'adultes responsables, dans une maternité.

    Avant de me faire lapider sur place publique non, je ne me moque pas, j'exteriorise une incompréhension légitime...et puis oui je rigole aussi paskeu merte, c'pas pasqu'on est en blanc (ou rose pour les moins chanceux d'entre nous) qu'on doit absolument rester stoïque ou gaga face au miracle de la vie.

    Donc voilà, parfois alors qu'on est entrain de travailler à chose sérieuse une sonnette retenti, sos maman en détresse! On abandonne donc illico presto ce qu'on était entrain de faire (de toute façon on arrive jamais à faire quelque chose sans avoir été interrompu au moins douze fois, c'est une sorte de règle à l'hôpital) et on part à la rencontre de certaines situations ubuesques, au choix:

    - le grand classique, la maman au fond de son lit, le gosse à trois kilomètres dans son berceau, et elle nous regarde en disant "mon bébé pleure". On a envie de lui répondre que oui, un bébé ça pleure, que c'est écrit sur la boite et qu'il n'y a pas de bouton stop télécommandé. On lui suggère alors de le prendre dans ses bras et bien sur elle répondra un hésitant "vous croyez?". Et autour de ça il y a toute la croyance du "je ne veux pas l'habituer". Bien sur, ton gosse il a été 9 mois plus proche de toi on peut pas et là tu le fous dans un lit, sous la clim avec la télé en fond sonore et tu t'étonnes que ça le choque. Quel adulte partirait en pays étranger sans savoir parler la langue, sans guide, sans dico, sans s'être renseigné, sans rien, pour ne pas s'habituer à trop se rattacher à son pays d'origine? Mais un nouveau-né, c'pas grave. Donc oui, elle peut le prendre dans ses bras, et non ça n'en fera pas un gros neuneu. Et je passe sur les théories de l'attachement que vous connaissez par coeur (primant).

    - Il y a aussi la maman qui sonne parce que...elle a froid près de l'épaule. Alors moi la première fois que je suis tombée sur ça je suis restée interloquée. Merte dis donc, elle a froid! Appelez la réa! Mais ce n'est pas tout, elle m'appelle pour froid à l'épaule et juste après rajoute "c'est sans doute parce que j'ai enlevé mon gilet". Ben ui écoute, fous toi quasiment à poil la fenêtre ouverte et ensuite appelle nous parce que t'as froid et qu'il te faut absolument un médoc anti gelure. Je n'ai rien contre les défilés de femmes nues qui ont froid mais c'pas sérieux quoi. Donc voilà, calmement je suggère de remettre un petit quelques choses sur les épaules fraiche, de mettre la couverture et de rappeler si le froid de l'épaule revenait.

    - Dans la catégories analogies rigolotes il y a un truc, my god, comment ai-je fais pour ne pas rire. A la question "avez-vous des contractions" une fois, une maman m'a répondu "oui de temps en temps, mon ventre se serre par là vous voyez, et ça fait comme une grosse paupiette de veau". Mais oui madame, vous attendez du veau ficelé, félicitations! Oui oui, comme dit plus haut, ne me lapidez pas. On rit mais on ne se moque pas. A ce cas pour le moins sympathique j'ai refais un petit topo sur ce qu'était une contraction et pourquoi elle pouvait la sentir plus à un endroit. Je n'ai cependant pas repris la comparaison avec une pièce de boucherie.


    Mais bon, moi aux femmes j'ai tendance à tout leur laisser passer, je leur trouve des excuses, puis les hormones toussa ça doit jouer sur la cognition (anh frappez moi). Alors oui je peste de devoir me taper tout le service même pas en rollers alors que j'ai des tonnes de paperasse parapluie anti-procès à faire parce que quelqu'un à moitié à poil a froid (pas d'hypothermie je précise) et n'a pas eu l'idée de se couvrir un peu plus. C'est encore plus terrible de consacrer plus de temps aux papiers, à l'ordinateur, au secrétariat, qu'aux patients...mais c'est un autre débat et je peste suffisament là dessus.

    Donc voilà, si un jour je supporte quelqu'un assez longtemps et réciproquement, si un jour je me fais avoir par le gros bisounours moelleux qui se cache sous mon cortex et que j'en viens à être enceinte, je verais bien ce qui passe par la tête des femmes enceintes. J'appellerai en doudoune, moufles et cagoule parce que j'ai chaud, j'appellerai pour demander une bouteille d'eau, puis quand le gentil étudiant reviendra, je lui demanderai de m'apporter un autre verre. Je saurai alors si elles le font exprès pour qu'on souffre autant qu'elles (ben oui elles en ont pris pour au moins 20 ans), ou si simplement elles sont ailleurs parce qu'au delà de télévision qu'il faut se dépêcher de demander avant que ça ferme, il y a un petit chouineur qui sait quand même bien y faire ;-).


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  • Areuh Areuh.

    Il ya quelques temps maintenant j'étais en stage en salle de naissance dans un petit coin sympa. Là bas j'ai rencontré une sf d'un genre un peu inconnu: celle qui te laisse faire absolument tout toute seule comme si tu étais déjà diplômée. Assez destabilisant au début, je me retrouvais donc à prendre les décisions du style on l'amène en salle, on rompt (ou pas) on synthote (ou pas), on rameute tout le monde pour l'accouchement (ou pas), on spatule (ou pas). Et quand pas très sure je lui demandais conseil, elle me répondait ah ben c'est toi qui vois je suppose quand même qu'elle ne m'aurais pas laissé faire de trucs complètement abérants. Elle ne mettait pas les gants à l'accouchement et ne m'embêtait même pas à me stresser derrière.

    Avec elle, j'ai fait une garde complètement pourrie...nous avons eu un accouchement cool au tout début, une femme ayant déjà accouché plusieurs fois qu'on a installé en salle puis qui a rompu la poche des eaux et le bébé est sorti avec l'eau du bain. C'est le genre d'accouchement que j'aime, on ne fait pas grand chose hein, on retient la tête et sans la péri ça fait quand même une différence, on ne casse pas la table, on ne met pas les étriers (pas le temps puis ça marche très bien ainsi), et à la fin on a un périnée intact (enfin on l'espère parce que ça va avec le kit accouchement sympa). Après...que des problèmes. Des troubles du rythmes, des forceps sur des mères agitées que t'arrive pas à raisonner, des mamans seules qui ne parlent pas français qui ont mal avec qui t'as bcp de mal à communiquer, de l'obstétrique moche. On quitte la garde en se disant qu'on a fait un boulot assez nul, qu'on a pas réussi à instaurer une vraie communication avec les patientes, j'avais un arrière goût d'obstétrique vétérinaire dans la bouche.
    Durant toute cette garde la sf me répétait plus beau métier du monde, tu parles. On collectionnait les situations tristes, les accouchements "difficiles".

    Pour le moment j'avais plutôt été épargné des choses moches, et puis ça m'est retombé dessus. Le truc le plus horrible en date étant sans doute une mort foetale in utéro découverte dans le service par...moi. La femme était hospitalisée pour divers problèmes, avec les dopplers à l'échographie on avait vu que le bébé était très mal vascularisé, bref le contexte était là, on discutait d'une IMG. Le matin je vais donc voir toutes les patientes en me disant que ça me mettra dans le bain (une évaluation clinique m'attend à 13h). Puis j'arrive à cette chambre. Je pousse la porte, fais comme si de rien était mais je sens déjà ce qui va nous tomber sur la gueule (j'avais vu les dopplers plus que moyens la vieille). Je fais l'examen clinique toussa puis je cherche les bruits du coeur...je ne capte que la mère (je lui prends le pouls en même temps, les battements sont exactement superposables). Je ne suis pas sure de moi, je sais juste que je capte la mère, mais le coeur foetal se "cache peut-être". Je cherche un peu partout, toujours la mère. Je ne lui dis pas que c'est elle, je ne lui dis pas que je ne trouve rien d'autre, je ne suis pas sure de moi. Elle entend un son plus lent que d'habitude, elle comprend que quelque chose ne va pas. Je quitte la pièce en la laissant dans le flou et vais à la rencontre de la sf. On lui fera une échographie qui montrera l'absence d'activité cardiaque du foetus. Pendant que moi, j'étais partie à mon éval'.
    Ca me dérange de l'avoir laissé dans le vague comme ça j'imagine que le doute doit être terrible. Mais que pouvais-je dire? Au fait je capte pas votre gosse, je vais voir la sf hein, on fera ptete une écho pour voir. On s'attendait à devoir pratiquer une IMG devant l'état maternel qui s'empirait, et l'état foetal qui n'était pas bon. Une mort naturelle arrangeait presque les choses. Du coup je suis restée comme une conne avec mes bruits du coeur négatifs et les gens résignés autour de moi qui disaient aaaaah oui faudrait prévoir une écho, et moi, incertaine.
    Je n'ai pas pu être là quand on lui a dit qu'on allait faire l'écho...j'étais à mon éval...j'aurais bien aimé, quand on commence un truc c'est bien de le finir. Je ne l'ai revu qu'à mon retour en milieu d'après midi. Elle était soulagée d'avoir éviter l'IMG, le foeticide et tout ça...triste bien sur que son foetus soit mort.

    Durant ce stage j'ai repensé plusieurs fois à cette sage-femme et à cette phrase d'une niaiserie intense. Je la trouvais déjà débile à mon entrée à l'école. Le plus beau métier du monde, c'est pas idiot, ça n'a juste aucun sens.


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  • Etre esf c'est un peu comme...rien. Je ne vais pas chouiner sur notre piètre condition d'esclave à faire les papiers, faire les dossiers, faire les bonnets, voir les patientes pendant qu'une odieuse sf tortionnaire part fumer et boire le café toutes les 5 minutes, est payée 785856545634 euros par mois et nous...rien...ou 80 en troisième année, ou plus en quatrième.

    Non je ne vais pas chouiner parce que ce n'est pas toujours comme ça et que parfois on s'y fait même. Alors je pourrais dire qu'être esf c'est l'éclate total, qu'on est entouré 13h sur 24 d'sf sexy qui nous aident à faire les pleins dans la réserve et plus si affinité, de médecins charmeurs et d'internes rieurs. Mais ce n'est pas non plus la majorité des hôpitaux (la vie c'pas gray's anatomy).

    Alors être esf c'est un étudiant un peu comme les autres mais pas tout à fait. Pas tout  fait car quand il part en cours il a l'impression d'être en vacances...jusqu'à ce qu'il se rappelle comment l'école fonctionne. Quand il part en stage on le retrouve tremblant dans les vestiaires, jusqu'à ce qu'il se rappelle qu'il ne verra même pas la journée passer.
    L'esf est imperméable. Imperméable à la nourriture qui ne comblera que rarement son estomac, imperméable aux solicitations vesicales qu'il n'entendra même pas, imperméables aux divers liquides biologiques, imperméables aux diverses remarques motivées par le stress intenses de ses pairs.

    A la fin, l'esf veut simplement qu'on lui foute la paix, qu'on le laisse travailler comme il le veut, qu'on le laisse apprendre dans la joie et les barbapapas, qu'on le laisse boire comme une taupe plus qu'aveugle face à un lac de bière, qu'on le laisse rigouler avec ses keupins tout en enchainant les dossiers. Alors, l'esf sourira.

    Avant de s'endormir l'esf pourra au choix, pleurer d'avoir fait que des conneries (notamment tué un bébé en lui ayant donné de la vitamine K avec de l'air dedans...ce n'est que le lendemain matin qu'il comprendra que de l'air dans une seringue que l'on donne à boire ce n'est pas comme de l'air dans un truc qu'on injecte), sourire comme un benêt car pour une fois on lui aura laissé faire un accouchement tout sans la piteuse excuse du scuz moi c'était une primi alors tu comprends, scuz moi elle n'avait pas de péri, scuz moi c'était un macrosome, scuz moi c'était un tout petit. Ou s'endormir comme un narcoleptique (la faute aux sf sexy, médecins charmeurs et internes rieurs ci-dessus).

    Article connexe: etre étudiant infirmier

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  • Voici un résumé accéléré à l'attention de ceux qui se seraient un peu perdus.

    Sage-femme est une profession médicale ayant pour champ de compétence la grossesse, l'accouchement et ses suites physiologiques.
    Un(e) s-f travaille donc en toute autonomie en ce qui concerne la grossesse, le travail, l'accouchement et ses suites au niveau de la mère et l'enfant tant que la situation reste physiologique. En cas de pathologies, il/elle exerce sous prescription d'un médecin.

    On trouve ainsi des s-f (liste non exhaustive):
    - en consultations prénatales. Elles s'assurent alors du bon déroulement de la grossesse, prescrivent les examens ou médicaments nécessaires.
    - en préparation à la naissance et à la parentalité.
    - en service d'hospitalisation (grossesses, suite de couches...)
    - en salle de travail
    - en échographie, les sf possédant le Diplôme Universitaire d'échographie peuvent ainsi réaliser les échographies de suivi de grossesse.
    - en Aide Médicale à la Procréation
    - en Protection Maternelle et Infantile
    - sur internet
    ... bref un peu partout
    Divers mode d'exercices sont possibles: hôpital, clinique, PMI, libéral

    Les études se déroulent en 5 années:
    Un première année de médecine (PCEM1) où à l'issu du concours les candidats admissibles pourront intégrer l'école de sages-femmes. Puis, 4 ans d'école spécifique. A l'issu de la formation, l'étudiant devra soutenir un mémoire. Néanmoins la profession n'est reconnue que BAC plus 3 ce qui permet de faire de substencielles économies salariales.

    En vrai, sage-femme c'est le praticien de la grossesse physiologique (soit plus de 90% des grossesses).

    Liens intéressants:
    conseil de l'ordre
    médicaments prescriptibles par les sf
    dispositifs médicaux prescriptibles par les sf
    les étudiants sf

    Article connexe: infirmiere

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