• 3h du matin, madame Cheesekake me rappelle parce que ça contracte ouille ouille. Je l'examine les choses se profilent plutôt bien. J'aimerais cependant attendre un petit avant de la transférer au bloc accouchement (histoire d'être sure que le travail est définitivement lancé et qu'elle ne poiraute pas là bas 18h). Du coup je place un monitoring qui me permet de voir si le foetus supporte bien les contractions et comme pour une fois je n'ai rien d'urgent qui presse ailleurs je reste un peu avec elle et on en profite pour préparer les affaires de naissance.

    Je me retrouve donc à poser sa grosse valise sur la table à côté de son lit et entre deux contractions on choisi ce qu'on va lui mettre au petit. Bizarrement ça me plait presque (en général je n'aime pas fouiller dans les affaires des autres et essayer de deviner où ils ont mis leur foutus bonnets). Je prépare donc un petit sac avec body, pyjama, brassière, bonnet, chaussette... tout dans le même couleur mais avec des tons différents. Je ne savais pas qu'il existait autant de variétés d'orange.

    En faisant ça je me demandais ce qui m'arrivait. Plier des vêtements pour gosse avec un sourire niais c'est pas moi ça ! P**** de patientes, rendez-moi la vraie Knackie !

    Pire, la dernière fois que j'étais en suite de couches j'ai du porter un nourrisson pendant qu'un étudiant faisait l'examen clinique de la patiente et et.... j'ai presque trouvé ça mignon de revoir un nouveau-né, pourtant il pleurait.

    Je crois qu'il va me falloir une cure de bières et de match de catch pour me retrouver. Aux autres, attention, les femmes enceintes nuisent gravement à la santé. 


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  • Ca fait une huitaine d'heures que Madame Choupi contracte régulièrement. Son col est modifié mais pas vraiment assez pour l'installer en salle de naissance et poser la péridurale qu'elle demande. Et puis le bloc d'accouchement est saturé (pour changer), les gens courent partout, du coup on installe cette patiente dans une chambre en attendant. C'est ainsi que je la récupère, elle fera partie de la demi-douzaine de patiente à terme qui contractent en stand-by ce jour là.

    Premier contact, elle a mal mais arrive à tenir... Je lui propose le ballon rigolo, la douche, et la marche dans le couloir. Elle semble adhérer. Une heure et demi après, elle me rappelle, le col est un peu mieux, la poche des eaux commence à "pousser" dessus mais il y a de la marge. Elle est vraiment déçu, se demande comment elle va faire pour tenir... et moi devant des contractions assez fortes et rapprochées je place un  monitoring foetal d'une vingtaine de minutes pour m'assurer que le foetus supporte le début du travail. Ca ne la dérange pas plus que ça... enfin ça la fait patienter.

    Trois quart d'heure après elle en a re-marre, à l'examen ça y est, 3cm, col effacé, elle est candidate pour une place en salle et une péridurale... seulement il n'y a pas de salle de naissance disponible tout de suite et plusieurs patientes attendent déjà leur péri au bloc. Je lui demande si elle veut prévenir son mari. Elle ne sait pas trop, ne souhaite pas le déranger pourtant il m'a dit qu'il voulait être là, et puis elle n'a pas la force d'appeler. Bon ok, j'appelle son mari, lui dit que l'accouchement s'accélère et que ça serait bien qu'il vienne accompagner sa femme.

    Une demi-heure plus tard le bloc ma rappelle, je peux y transférer ma patiente. Chouette ils ne m'ont pas oublié ! J'annonce la bonne nouvelle à la dame qui en sauterait presque sur son lit. Elle retrouve alors le sourire, se confond en excuses (ben oui, depuis son arrivée dans le service elle m'avait appelé plein de fois) alors qu'il n'y a pas de quoi, et répète Merci un peu frénétiquement.

    Au final elle est restée 4 heures avec moi, au départ j'étais un peu sceptique car ça n'avançait vraiment pas vite et puis encore une fois, j'ai été un peu surprise du bon déroulement des choses... Et puis sa gentillesse faisait plaisir même si la garde ne fut vraiment pas de tout repos et pas que par "sa faute".


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  • Vous ne me connaissez pas (ou si) mais en vrai je suis jeune, sexy et en plus intelligente. Et j'ai un sac à dos. L'été dernier j'ai du parler à un vendeur de churros qui m'a demandé en quelle classe j'étais et voyant mon regard interrogateur m'a dit "ah t'as passé ton bac cette année?"  Ui ui... il y a 6 ans mon bon jeune homme.

    Avec les filles de ma promo un midi on est allée au resto entre les cours... avec nos sacs... et mon sac à dos, les clients nous croyaient lycéennes (et je peux vous le dire, une douzaine de filles qui s'incrustent dans un resto bondé ça se remarque).

    Même quand on fait des choses de grands pourtant ! Avec des collègues de promo on est allé à un Congrès. Ca parlait gynéco, obstétrique, c'était fun, on avait même des tampons aux probiotiques et des serviettes pour fuites urinaires gratos. Arrive le soir, on se retrouve à la sortie et là vient nous voir le célèbre gynéco/andro/sexologue qui passe à la télé, est invité un peu partout, et dont le prénom commence par S. le nom Mi et la fin par Moun. Tout content de nous voir il s'approche pour nous parler et ça donne un truc du genre:
    -Wé les djeunes c'est cool que vous soyez là, y'a le diner débat sur la sexualité des adolescents ce soir et c'est bien que vous participiez (sous-entendu nous, les adolescents), ramenez vos amis !!! (sous entendus nos potes du collège/lycée).
    Quand il a compris qu'on n'était plus trop ado, mais là en tant que futur professionnel et que non on n'avait pas de potes collégiens là sous la main, il a un peu bougouné le bougre.

    Les patientes quant à elles ne me font pas trop de remarques sur ma belle jeunesse... enfin... par deux fois elles ont pris l'étudiante pour la sage-femme et inversement. Ca m'a fait rire. Surtout qu'entre une étudiante et moi y'a pas photo, je suis beaucoup mieux.

    Ca va être rude lorsque j'aurais atteint l'age d'avoir le bac.


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  • La trentaine, c'est sa deuxième grossesse, la première s'étant soldée par une fausse couche. Elle est hospitalisée car elle a rompu la poche des eaux trop tôt.. trop tôt même pour espérer un enfant vivant s'il devait naître maintenant. Au cours de la nuit elle m'appelle pour des sensations bizarre... contractions ? C'est fort possible.Au toucher vaginal le col est déjà bien dilaté. Au dessus de mes doigts je sens le foetus qui descend... Je ne saurais dire ce que je touche. Une épaule ? Je déteste cette sensation.

    Je me retrouve alors à annoncer la nouvelle à cette femme qui espérait tant que non, ce n'était pas *encore* ça. Et pourtant. Je ne sais pas trop quoi dire alors je reste basique. Quelque chose comme "le col s'ouvre avec les contractions et on ne pourra pas empêcher l'accouchement. Malheureusement on est encore tôt dans la grossesse et on ne pourra pas prendre en charge le bébé". Je reste un peu avec elle mais le temps presse aussi. Je dois prévenir le médecin de garde qui passera la voir, et l'équipe de bloc d'accouchement qui la recevra.

    J'ai continué à voir cette patiente après son accouchement... et il faut dire qu'après je n'ai jamais vraiment bien réussi à parler avec elle. Je ne sais pas trop pourquoi. Elle ne s'est pas répandue en larmes dans mes bras en criant "pourquooooooooooooooi ?!!", là j'aurais pu *peut-être* faire quelque chose. Elle n'était pas mutique non plus. Je crois que je me sentais mal à l'aise, voire coupable (alors que je n'y suis pour rien).Je n'ai fait que dire que j'étais là et qu'elle pouvait m'appeler... sauf que lorsque je dis ça pas grand monde m'appelle justement. Ca doit en rassurer certains de savoir que si on veut on peut mais quand même.

    Alors, des fois on n'est pas bon et on le sait. On a beau avoir de la bonne volonté ça ne suffit pas toujours. J'espère que ça s'améliore avec le temps. Enfin... je m'habitue difficilement aux escroqueries de la vie.

     

    (pardon pour l'extrême gaieté de ce blog ^^)
    (en même temps je ne suis pas gay)


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  • L'aide soignant m'avait prévenu: "attention à Mme Astérix, elle griffe et elle mord"  et pour preuve de me montrer son avant bras portant des traces de dents.
    Ca fait plutôt longtemps que Mme Astérix vit dans le service de gérontologie de l'hôpital. Le service d'où tu ne sors jamais si ce n'est sur un brancard. Elle est plutôt maigre, cheveux blancs, peau frippée et des yeux d'aigle. Son regard permet une communication basique... on ne l'entend jamais articuler des mots. Elle pousse juste quelques cris ou grognements, notamment lors de la toilette.

    Ce matin c'est le jour de la douche. Deux fois par semaine on douche les patients grabataires dans une espèce de brancard recouvert d'un matelas waterproof. Ca fait parfois peur aux patients. il faut les transférer du lit au brancard et les amener dans une salle de douche un peu exigue où on les lavera à grande eau.
    Madame Astérix déteste la douche, d'ailleurs on essaye de l'y amener qu'une fois par semaine. Aujourd'hui c'est donc son tour.

    Je vais aider l'aide soignant dans cette tache des plus ardues. On y va calmement, on la prévient, on la transporte, elle se met à hurler. Très vite elle essaye de nous prendre le bras pour nous immobiliser en le griffant ou mordant. On a du mal à la maintenir, on a peur de la casser. Du coup on abrège le soin, l'eau qui s'arrête la calme un peu. Une fois dans sa chambre l'aide-soignant me laisse l'habiller et la coiffer. on choisit donc les vêtements, puis je les brosse les cheveux.

    Un peu plus tard je la retrouve sur son fauteuil dans le couoir, sa brosse à cheveux toujours en main, j'ai l'impression qu'elle me fait signe. Je m'approche et là elle me dit les yeux rouges qu'elle s'excuse pour tout à l'heure, qu'elle avait vraiment très peur. C'était la première fois que j'entendais Mme Astérix parler, ce fut la seule fois en trois semaines d'ailleurs.

    Mme Astérix n'était pas forcément qu'une vieille folle qui mord. Il y avait bien sa vraie personnalité au fond et dans un univers aussi bizarre que ce service hospitalier qui peut continuer à rester normal ?

    A ce jour elle est surement morte, tout comme Mme Longriver qui espérait rentrer chez elle bientôt... dans sa maison vendue par ses enfants. Je suis bien contente de ne pas travailler dans un tel endroit, c'est moralement épuisant, les petits vieux sont pour la plupart attachants et toutes leurs histoires sont plus tristes les unes que les autres.

    A côté de ça on a des femmes enceintes qui trouvent vraiment scandaleux qu'on ne les autorise pas à rentrer chez elle avec le col ouvert à trois centimètres à 30SA. Elles retrouveront un jour leur maison, elles. M'enfin.

    Au bout de 5 ans je me souviens encore de leurs noms à ces vieux, serais-je condamnée à toujours être hantée par ce lieu ? Brrrr.

     


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