• Bien qu'inconnue d'à peu près tout le monde, la profession a pourtant de quoi toucher les gens. La plupart d'entre eux entrerons au moins une fois en contact avec les petits êtres roses (ou blancs, ou bleus, ou vert immonde...).Et puis piouf, souvenir parti, échappé, avec l'anesthésiste sauveur, avec l'obstétricien qui a délivré le bébé d'une mort certaine pour un retenage de tête et 200 euros de dépassement d'honoraire, une auxi irritante qu'on a envie de taper très fort...le contact avec la sage-femme s'oubliera ou du moins il restera mais peut-être ailleurs que dans le rationnel, peut-être moins dans son versant "sage-". Au final, on a tous une sage-femme dans le coeur.

    La mienne, pour ceux qui me suivent depuis longtemps et qui ont migré ici j'en ai déjà parlé. Mais, question de quotas, il me faut aussi des articles doux comme des roudoudous, je la sors donc de ma poche ventrale en véritable joker. Ma sage-femme a complètement quitté le monde du rationnel. D'ailleurs si je n'en faisais pas les études et qu'on me demandait ce que fait une sf je répondrais sûrement le visage hébété que je ne sais pas mais que ma mienne c'est la mieux, la plus belle, la plus gentille, la plus intelligente (l'ordre des qualificatifs n'est pas significatif). C'est d'abord celle qui pour la première fois m'a permi d'assister à un accouchement beau à regarder...il faut dire que jusque là je n'avais pas été très "gatée" entre les forceps sur échec de ventouse (dès que j'assiste à des ventouses ou à des versions par manoeuvre externe pour tenter de tourner le bébé la tête en bas, ça ne marche jamais) suivi d'un périnée complet compliqué, blabla blabla. Donc voilà, je vois un accouchement non hémorragique, où l'on ne braque pas tous les phares vers la mère, avec une sf héroïque.
    Mais, avant d'être la sf de mon premier vrai accouchement, c'est également la première sf à m'avoir considérée en tant qu'étudiante avec comme définition "celle à qui on apprend" là ou les autres me voyaient en tant qu'étudiante "la 1ère année à qui on confie le peu de trucs qu'elle sait faire pour pouvoir fumer la clope". D'ailleurs ma sf fume, boit, et se couche tard ce qui rajoute encore plus à sa grandeur, de plus elle n'abandonne jamais ses patientes pour jouir de ses vices.

    Elle m'a donc prise sous sa douce aile qui sent bon et je regrette un peu d'avoir été aussi boulet (ben oui hein, en 1ère année on n'en mène pas large), elle ne me le fera pourtant pas remarquer. Je reste ébahie devant l'attention intelligente qu'elle porte aux femmes (elle n'hesite pas à s'auto sequestrer dans une salle de travail en communiquant par petits mots avec son étudiant parce que la femme est anxieuse...alors que je vous le rappelle, ma sf fume!!! Combien aurait dit à l'étudiant reste avec, je m'occupe des papiers ce qui signifie reste avec je vais fumer et je regarderai le parto...) Donc voilà, pour la première fois je rencontre quelqu'un à qui j'ai envie de ressembler un peu, qui donne l'impression d'être compétent, humain, couillu et c'est terriblement sexy.Car oui, je ne l'ai pas dit au début mais la sf qu'on a dans le coeur est forcément sexy, c'est ça la classe.
    Dans la logique des choses elle me fait donc participer à mon premier accouchement. Je ne comprends absolument pas ce que je fais (ben oui il a fallu attendre un an pour qu'on ai un cours sur l'accouchement à l'école)et après tout ça m'était pas forcément utile que je touche mais qu'importe. Je touche donc sans rien comprendre mais avec elle qui me guidait de ses mains fermes et caoutchouteuses. Je sens sa respiration tout près, je pourrais presque sentir son coeur battre si le mien n'écrasait pas mes cotes. En fait je devine les différents stades du dégagement en fonction du rythme de sa respiration...mais ça je ne le savais pas vraiment encore. Finalement ce qui m'a le plus marqué dans cet accouchement c'est cette sf, ses mains, ses poumons en parfait état de marche, en fait l'effet d'un accouchement sur la sage-femme. On y lisait son attention, son putain faut que je fasse gaffe.
    Ensuite il y a bien évidemment le bébé, c'est drôle quand on voit enfin le visage. C'est nous qui le rencontrons en premier, c'est pas juste. Petit moment de flottement entre pas encore né, mais plus entièrement dans le ventre, j'essaie de m'imaginer s'il faisait cette tête lorsqu'il était encore dans le bain. Puis très vite le reste vient et zoup, on file à la maman (elle l'a voulu elle le garde hehe).
    Ma sf examinera un peu plus tard le bébé dans la salle avec son stétho qui lui donne l'air encore plus intelligent. Aaaaah....ma sage-femme.....

    Mais, comme dans toute relation, il y a une fin. Pour moi elle a coincidé avec celle du stage. Un aurevoir poli. Pour elle je ne suis qu'une simple étudiante avec un gros boulet autour du cou qui ne peut que s'améliorer. Pour moi c'est Dieu, je ne fais pas le poids, je pars comme si de rien était.
    Plus tard, plus aguérie, je suis retournée plusieurs fois dans cet hôpital. La première je n'étais pas au bloc, pas avec elle, mais on se croisait, elle me faisait la bise et je ne vais pas vous faire le coup du waw m'a-t-elle reconnue? Me trouve-t-elle super trop forte? Là bas bcp de gens s'embrassent lorsqu'ils se voient et ça vaut même pour les étudiants (le paradis existe?), je ne vous fais pas le coup....mais j'aime à m'y laisser tenter.
    La deuxième fois j'ai eu un peu l'occasion de retravailler avec elle mais j'ai tout fait pour l'éviter. J'avais peur. Peur de perdre la pure et candide estime que j'ai pour elle...que dis-je l'admiration sans borne, mon culte professionnel. Je me disais que plus forte, j'aurais pu voir ses petits défauts. J'avais également peur de ne pas être à la hauteur. Je ne voulais pas que la sage-femme de mes rêves me voit comme une étudiante de seconde zone et comme je ne me sentais pas d'être la déesse des esf face à elle, j'ai préféré passer mon tour. Lâche que je suis.

    Ainsi, vous aussi avez peut-être une sage-femme coincée dans un bout de votre corps. Peut-être que vous arrivez à la voir comme un être humain normal avec ses qualités, ses défauts...En ce qui me concerne ma sage-femme est parfaite, comme je voudrais être, comme je crois qu'elle est. Et surtout, je n'ai pas envie que cela change.


    *toute ressemblance avec un titre de la collection Harlequin serait purement fortuite.

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  • A notre entrée à l'école on nous accueille chaleureusement en nous ventant l'aspect professionalisant de la formation. Chouette. Trois semaines de cours et de TP intensifs l'hôpital nous ouvre enfin ses portes. Chouette. Auparavant, on aura pris soin de nous donner les saintes feuilles de stage qui devront être remplies puis validées à la fin par le cadre du service.

    Au début on se dit waw c'est bien fait. Il y a une petite case pour marquer nos objectifs et différents items comme Sait se positionner au sein de l'équipe, fait preuve d'initiatives, compétence technique que l'on doit qualifier de très bien, bien, moyen à insuffisant (au tout début on avait même droit aux cases nul et excellent). Alors, encore beau et naïf on croit que tout au long du stage on fournira le meilleur de nous même, que ça se remarquera et que vers la fin du stage infirmières, sages-femmes, se battront pour nous mettre un petit mot. Ah les jeunes...

    En vérité ta feuille, elle fait chier tout le monde et même toi, tu apprendras à la traîner de service en service comme ton pesant crucifix. Le premier jour du stage on nous conseille vivement de prendre rdv avec le cadre pour signer la feuille dans trois semaine... Dans les faits le cadre tu tombes dessus par hasard le troisième jour et quand t'as compris qui il était, trop tard, l'est déjà parti. Pas grave, on verra plus tard. On se concentre sur le stage, oh c'est bien. Une semaine passe, puis l'autre, puis merte ma feuille. Tu commences à sonder un peu autour de toi. T'arrives miraculeusement à ce que quelqu'un se dévoue d'un inspiré ah oui et met quelque chose...mais il faut en avoir d'autres, long long périple ennuyeux.

    Au final, tu te retrouves: soit avec tout plein de très bien, soit avec une alternance de bien, très bien mis au hasard, soit avec des moyens, une appréciation pas terrible. Le tout ne reflétant absolument pas ton stage, sinon c'est pas drole. Il suffit que tu tombes une fois sur une sf avec qui le courant passe super bien, qu'elle soit là en fin de stage et zoup, jackpot. Au contraire, tu tombes sur la peste du coin que personne n'ose critiquer et te voilà avec une feuille pourrie que même les sf qui semblaient contentes s'alignent sur la "chef".
    Ainsi, à un stage j'ai du "remplacer" quelques jours une sf en arrêt avec la cadre qui me chapotait en direct live, personne n'est mort, la chef était contente, puis quand la sf est revenue on n'accrochait pas vraiment et je ne sais pas pourquoi ça me rendait super nulle, elle m'aurait remplie la feuille ca n'aurait pas été brillant. La cadre qui a voulu le faire et là une ribambelle de très bien. L'exemple inverse étant tout à fait valable. Au final, je vaux quoi? Ben chui cro forte pardi!

    Alors, moi maintenant j'accorde une importance toute relative aux évaluations de stage, ce que je veux c'est qu'il y ait marqué "validé". A partir de là on peut mettre ce qu'on veut. Bon, ça fait toujours plaisir d'avoir de bonnes appréciations, mais il ne faut pas non plus tomber en depression si ce n'est pas le cas. Le plus important est de savoir ce qu'on vaut, ce qu'il faut améliorer...et la feuille de stage censée le refléter n'est pas toujours bien utilisée.

     Je passe sur le véritable parcours du combattant pour qu'une fois les appréciations mises, le cadre valide, tamponne et signe. Les cadres sont des gens très occupés et puis la feuille de stage c'est important, ça mérite un entretien personnalisé. Ah les entretiens de fin de stage. Si t'as que des très bien ne t'embarques pas dans des tergiversations brumeuses, oui le stage s'est bien passé, oui le personnel était formidable, oui t'as appris plein de choses, n'oublie pas ton objectif jeune padawan: la signature. Si c'est moyen, défends toi. Pas assez d'initiatives? Oui, ben tu ne te sentais pas à l'aise au début, mais tu t'es efforcé de le travailler tout au long du stage pour arriver à un résultat pas encore parfait mais déjà mieux, mets toi en valeur! Objectif, la signature et la validation.

    La feuille de stage c'est donc le truc qui nous occupe les quelques derniers jours (joie quand la sf avec qui on a tourné quasiment tout le temps vient de partir en vacances), avec l'expérience on débusque le planning des sf, on arrive à devancer les changements de service et les départs en vacances, pour pouvoir ainsi préparer notre stratégie de remplissage de feuille.
    Et puis il y a quand même une certaine probabilité pour que l'évaluation de fin de stage reflète notre talent, pour le meilleur comme pour le pire.


    Article connexe:
    Evaluation des pratiques

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  • Nous les étudiants, nous nous soutenons face à l'adversité (comprendre les monstrueuses sf diplômées dont leur froideur légendaire n'ont d'égal que leur beauté polaire). Mais parfois, l'ennemi se cache subreptissement dans nos rangs. On les repère facilement, eux par contre continuent de se croire tout à fait normaux.
    Je ne vais pas semer polémique, ni me faire lyncher sur la place publique (je prefère cuir et fouet mais c'est une autre histoire), ainsi je déclare aimer tout le monde, surtout les étudiants sages-femmes, et si on pouvait tous se tenir la main le monde irait mieux.
    Cette petite mise au point établie je vais pouvoir grassement jeter mon fiel fourbe et vindicatif.

    L'esf affreux peut te sembler d'abord sympa, puis lorsque vers la fin de ton stage en salle de naissance tu remarques que t'as fait 3 accouchements, 23 IMG, 436544 consultations aux urgences et lui 34653 accouchements, 2 consultations aux urgences, 1 IMG (mais c'est parce qu'il avait mal lu le tableau), tu commences à te poser des questions. Puis quand tu finis péniblement les pleins pour ta dernière garde et qu'il débarque en te disant "ya une multi qui descend des grossesses à complète, t'inquiète je m'en occupe", tu peux alors être pris d'un rire nerveux et incoercible du premier trimestre de formation. Ensuite on s'y fait et on apprend à contourner.

    Mais bon, parfois dans le feu de l'action, le stress...je peux comprendre qu'on puisse être "imposant", voir même "étouffant" pour l'esf qui partage le stage avec nous. Ce que je ne comprends pas ce sont ceux qui quittent le vestiaire sans nous attendre pour arriver en stage au même endroit que nous mais avec trois heures d'avance. Une fois je finissais tranquilou ma nuit au bloc, je vois une esf qui débarque seule (alors que d'hab ils sont trèèèès nombreux) un très bon quart d'heure en avance pour se choisir les "meilleurs" patientes. La sf est comme moi étonnée et lui dit ah tiens t'es toute seule aujourd'hui? elle lui répond que non, il y a d'autres esf qui se changent et vont arriver. La sf de la nuit lui dit alors un truc du genre ah ben attend-les pour prendre la relève d'ailleurs la relève n'était même pas là.
    Je ne trouve pas ça poli de ne pas attendre les keupins, dire que moi je les attends même quand ils sont en retard de quelques minutes parce qu'arriver à deux 5 minutes en retard ça a plus de chance de passer inaperçu que de se pointer seul avec la sf qui demande "vous z'êtes pas deux d'hab?"


    Alors moi quand je serai
    grande et diplômée, j'aurai légalement le droit de terroriser mes étudiants, je pourrais répondre à l'esf venant 24h en avance pour se réserver les patientes anh coooool, tu peux aller faire les pleins. Ou même mieux, aaaaaaanh va donc faire les peremptions du chariot d'urgence. Je jubilerai.


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  • Commence, j'arrive dans 5 minutes. Tout étudiant en santé a déjà été confronté à cette phrase diabolique. 5 minutes, tu parles, à l'hôpital le temps passe triple, ralenti parfois mais jamais ne suit le cours classique de la trotteuse. Les minutes varient donc en fonction du professionel, s'il a des enfants (tjr un truc à raconter sur Micheline sa petite dernière avant d'arriver), s'il fume (rooh un ptit café/clope avant d'voir l'étudiant), ou s'il n'a pas de vie et qu'il est haïe par ses collègues (un pipi et zouh me voilà).
    Problème, quand on n'a jamais travaillé avec la personne, on ne connait pas encore sa propre notion du temps. On s'expose d'ailleurs à de graves problèmes relationnels lorsque commencer signifie "que tout soit fini quand je débarque" et que j'arrive dans 5 min veut dire "dans 3 secondes me voilà".

    Mais le plus
    rigolo c'est quand quelques minutes deviennent de longs quart d'heure. Ainsi le petit étudiant en traumatologie, tout heureux de pouvoir commencer son pansement peinard défait non sans mal les trucs collants. Attend. Puis se dit qu'après tout il peut bien se mettre à nettoyer lentement tout en parlant avec le patient, puis merte, il a tellement bien nettoyé qu'il faut maintenant fermer et l'infirmière n'est toujours pas arrivée...elle va certainement vouloir voir la plaie avant. Pas grave, on en profite pour améliorer le relationnel avec le patiente, pas trop dur l'hospitalisation? la bouffe ça va? quand on en vient à parler programme tv c'est que ça urge urgemment. Invention merveilleuse, le champs stérile que l'on met sur la plaie pour courir chercher son mentor.
    L'étudiant sage-femme se vera souvent envoyé au front seul en éclaireur. Commence à préparer la dame pour l'examen, j'arrive dans 5 min. Car oui dans certains établissements il faut préparer (comprendre installer les étriers, s'habiller en cosmonaute...) la maman en travail pour faire son TV de l'heure. Je ne m'attarderai pas sur cette petite spécificité régionnale, ça nous fait les biscotos (mais j'ai beau installer 6 fois les étriers en 6 heures, ils ne sont jamais symétriques). Au début on se dépêche, on a peur que la sf arrive et que mon Dieu, la patiente ne soit pas en position, la table démontée, charlotte, masque, doigtier préparé. On arrive même à battre des records...et parfois on attend, attend...on se retrouve un peu concon avec la dame en position gynéco et nous à côté eeeuuuh, et sinon ça va? Alors quand ça dure trop longtemps je fais ma rebelle, je remonte la table, remets les jambes de la madame sur le matelas et laisse les étriers en place comme ça à l'arrivée de la sf, en deux minutes c'est réinstallé et en attendant tout le monde se sent beaucoup moins bête.

    Le must du must reste cependant les consultations. Je l'ai déjà évoqué, souvent on commence seul pendant que sf ou médecin voit une patiente juste à côté. La plupart du temps celà se passe bien. On communique par bruit du coeur foetal interposé. Lorsque j'entend que mon voisin écoute les BCF (les murs sont minces) je peux tranquillement passer à l'examen et espérer que la sf débarque pile lorsque j'aurais fini. La réciproque est également valable, lorsque je fais les BCF, c'est le signe qu'il ne faut pas tarder à conclure la consultation à côté. Mais parfois on attend, attend...dernièrement j'ai fait une erreur de débutant. J'ai commencé la consultation alors que le médecin n'était pas encore arrivé...mais....la dame avait rendez-vous à 14h, il était 14h15, c'était une première consultation (donc tout le dossier à faire, c'est assez long), pas très rassurée (vieille adage: ne jamais prendre des consult de médecin s'ils ne sont pas dans les parages sinon gare aux poirautages) je demande à la sf si j'y vais quand même voyant que les dossiers s'empilaient. Oui oui tu peux, qu'elle me répond. Soit, j'y vais, je prends mon temps, dossier bouclé, examen terminé, pas de médecin, chouette, je m'attarde un peu, la prépa tout ça, et le petit frère ça va? Au bout de 3/4 d'heure j'arrive au bout, j'atteins le niveau 0 de discussion dans le genre vos frites c'est plus avec du ketchup ou de la mayo? Oh moi j'adore la purée! Et pourtant face à une femme enceinte il y a des choses à dire passé tout ce qui est médical (et le prénom? et la famille? anh tout est prêt chez vous? la liste de maternité? Non la bonbonne de 50L de trucs anti crevasses c'est ptete pas utile de l'acheter maintenant) QUand on est bloqué, il faut trouver un échapatoire, et là, m'est venu en tête la carte de groupe sanguin, elle était la près de moi avec sa photocopie agrafée. Comme un réflexe je sors alors, oh il faut que je fasse une autre photocopie de votre carte de groupe pour le dossier. Ni une ni deux, je prends le morceau de carton et file vers le bureau des sf: où est le médeciiiiiiiiiin? Elles l'ont appelé, je suis revenue alibi en main, il a débarqué rapidement un peu penaud, content que ses consultations avance sans lui.

    Ainsi, la gestion du temps à l'hôpital c'est souvent du stress à vouloir tout faire dans l'horaire imparti, suivi de grands moments de solitude lorsque finalement le professionel qui nous encadre a du s'occuper d'autres choses entre-temps...c'est pas grave, je peux maintenant tenir plus d'un heure à faire la conversation à quelqu'un que je ne connais absolument pas tout en semblant interessée par la manière dont il a su négocier le prix de sa dernière voiture.


    PS: En bonus Track ze sexiest rockeuse in da world qui est "vieille", se fringue mal, a eu une période capillaire douteuse, des musiciens qui se la pète grave pour pas grand chose, qui a une carrière essentiellement faite de (bonnes) reprises mais on s'en fous totalement, elle compense. D'ailleurs si je n'avais pas fait sage-femme j'aurais voulu être pizzaiolo ou rock"star".



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  • Lorsqu'on rentre à l'école on nous demande pourquoi on a choisi ce métier...enfin non, on ne nous le demande pas, ce serait trop long à expliquer et puis surtout le sait on vraiment? On aime par contre nous expliquer qu'il y a une raison à toute chose, que nous avons choisi sage-femme pour une raison mais qu'en réalité il y en a une autre cachée au fond de nous.
    Ouai.
    Moi j'ai toujours été fan du corps, pas en tant que mécanique, ça c'est ce que fait l'Homme en tentant de l'imiter, mais en tant qu'ensemble qui communique et s'adapte à lui même. On pouvait donc me laisser des heures devant un livre rempli de monsieurs tout nu, sans vêtements, puis sans peau, et sans muscles. Ca m'interessait quand même moins que les histoires de globules. Qui n'a pas été marqué par la fameuse carte HLA que le vaillant capitaine macrophage demande aux leucocytes voyous dans Il Etait Une Fois La Vie? Ils l'ont leur carte HLA, le capitaine ne peut rien faire d'autre Lque de les laisser ostéolyser le squelette, cancer du sang oblige.
    C'est donc naturellement que je me suis inscrite en fac de médecine, pas vraiment pour être médecin (quoique, hémato ou endocrino m'aurait ptete plus), mais plutôt pour pouvoir continuer d'être au contact de ce qui m'interessait. De plus, je voulais un métier où j'avais l'impression de servir à quelque chose, dont je puisse être fière. Je me suis alors retrouvée face à un vaste programme dont je vomissais une partie (santé publique, thermodynamique...) mais qui me permettait de recevoir des cours de qualité dans d'autres domaines plus rigolo (certaines partie de biologie cellulaire s'il ne fallait pas tout connaitre dans le moindre détail, la biologie du développement et ses "cascades hormonales" -oui la plupart des gens détestent les cascades hormonales, que ce soit au niveau thalamique, placentaire, surrénalien...moi j'adore-, la pharmacologie intelligente -c'est à dire avoir une idée de comment les molécules fonctionnent et pas apprendre simplement maladie>DCI>nom commercial- et plein d'autres surprises).


    Pleine de joie, je me suis magistralement vautrée la première année. Ben oui, j'apprenais pour le plaisir et ce que j'aimais pas... j'apprenais quand même, mais pas comme il faut. D'ailleurs je n'apprenais rien comme il fallait. La deuxième année, j'ai eu peur de faire ça pour rien (oui la P1 c'est quand même usant...euphémisme...), de ne pas pouvoir continuer à m'amuser, et accessoirement de me retrouver sdf, au chômage, à 50% fac 50% Mc Do puis finalement 100% Mc Do. J'ai donc étudié comme un bison des steppes, ce que j'aimais, ce que j'aimais pas, tout ce que je pouvais supporter. La deuxième fois c'est encore meilleur, la méthodologie étant acquise on peut pleinement se concentrer à l'apprentissage de données. C'est ça le véritable avantage du doublant.
    Les résultats du concours blanc m'ont déçus, ceux du premiers quad également, arrivait le deuxième quadrimestre, le plus difficile mais pour moi peut-être le plus interessant. J'ai donc continué avec la frousse de me faire virer à jamais des études médicales, ce qui m'était même pas envisageable.
    Parallèlement à celà je me renseignais sur les différentes options si je suis reçue naturellement, médecine me paraissais le choix le plus logique pour continuer dans ce que je voulais savoir. Il me fallait cependant un métier où je puisse être autonome, indépendante, avec un certain pouvoir décisionnel. (on ne se refait pas). J'écartais bien vite l'odontologie, le fonctionnement de la bouche m'ayant toujours très peu passionnée, et la kinésithérapie (trop mécanique, trop tactile), vint alors le métier de sage-femme qui pour moi se résumait à une nana rose criant bébééééééééééé. On sait que ce n'est pas (que) ça. Pour résumer très brièvement on pourait dire que sf c'est comme médecin sauf qu'au lieu de soigner, on veille à ce qu'il n'y ai pas besoin de soigner.

    Le jour des résultats je fus soulagée, presque étonnée de voir mon nom sur la liste. Il me fallait alors faire mes choix, par ordre de préférence. Tétue et sachant que de toute façon je ne l'aurais pas (finalement à 24 places près), j'inscris Médecine. Puis j'écarte un avenir fait de $$, de temps partiel et de couronnes pour mettre Sage-femme. Je ne prends pas dentaire car au départ je n'étais pas du tout venue chercher ça, après deux ans difficiles on pourrait être tenté de finir ses vieux jours riche et célèbre mais je savais que dans l'immédiat j'allais être déçue. Je mets donc dentaire en troisième sachant que j'aurais s-f mais on sait jamais, je veux quand même un métier!! Puis kiné mais là vraiment c'est pour être sur de pouvoir manger un jour.

    Le résultat, vous le connaissez, je rentre à l'école et de fait dans le monde du travail. Je suis heureuse de pouvoir toucher à nombreux domaines intéressants (obstétrique, gynéco, anesth, pédiatrie...). Décue de ne pas avoir les conditions d'enseignements d'une faculté. Les internes ils sont gentils hein, leurs cours peuvent être chouettes...mais ce sont quand même pas des prof d'université ( et certains prof sont cro forts). J'aimerais également plus de cours faits par des sages-femmes (c'est quand même le nom de l'école quoi). On quitte en partie le monde étudiant et on se retrouve à avoir quelques responsabilité dont celle de faire attention à ne tuer personne. La P1 c'était dur, mais l'école l'est pour moi encore plus dans un tout autre style. Niveau cours c'est clairement plus simple, niveau application des dits cours, rythme de stage+cours+mémoire+dormir+vie ben c'est tendu. Le P1 n'a qu'une chose à faire, apprendre. L'étudiant sage-femme doit se créer son identité professionel et acquérir les éléments nécessaires à l'expression de cette identité...et puis il n'a plus le droit de jouer à divers processus syntaxiques avec ses professeurs.

    Ceci dit, j'arrive plus ou moins à faire ce que je veux, comme je le veux.  Je sais qu'une fois diplômée je pourrais voguer vers différents horizons, le métier étant vaste, ça me rassure. La grossesse est une situation particulière assez fantastique et les femmes enceintes sont de petits êtres attachiants. On me demande souvent où je voudrais travailler une fois grande: je n'en sais rien. Quelque part où on me laissera utiliser pleinement mes compétences sans avoir un organigramme hierachique psychorigide. De toute façon, c'est loin, je ne suis encore qu'une petite étudiante qui essaie de s'amuser au mieux pour tout le monde.


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