• Vieilles bricoles V.4

    Les Vieilles Bricoles de Knackie reprennent certains textes courts écrits du temps où j'étais jeune, dont certains s'inspirent librement de mes expériences au contact du monde médical. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur. Ici vous avez droit à texte... adolescent... simili de réflexion, déjà, sur ma relation au net, les gens, le mal et le malaise.
     
     
    C'est pas ma faute
     
     
    La dernière ampoule vient de lâcher. Seul, veille mon écran encore vivant. Près de moi un vieux rockeur crachonne sa peine au travers du transistor. Je vais dans le salon Mangas, elle y sera peut-être. Jeune, belle, qui la nuit rêve encore. Elle y sera sûrement, celle qui m’enveloppera de sa fraîcheur, me nettoiera de mes bières, ma graisse et mes ans. Le clavier me déforme, gribouille la fenêtre, y forme un être drôle, intéressant, attirant.

    C’est pas ma faute,
    Et quand le jour je vis rampant, j’attends le soir où je captive leur désespoir.
    C’est pas ma faute, je l’ai compris il y a bien longtemps.
    Pourquoi lutter ?
    C’est pas ma faute.

    Sa photo me regarde, un sourire charmeur, un maquillage sombre, une petite des années 90 alors que je faisais 68. On se parle toutes les nuits, à chaque fois un peu plus tard. Elle me décrit sa ville, son collège, sa chambre. Je sauvegarde le moindre mot, les relis parfois au boulot.

    C’est pas ma faute,
    Quand son image me brule les sens, elle me rend fort.
    Bien plus que tout ce qui est juste.
    C’est pas ma faute, si elle appuie où je souris.
    C’est pas ma faute.

    Par caméra interposées je lui montre mon coin de mur le plus parfait. Gris, quelques affiches, celle de Bleach plait souvent. Puis sur une petite table un cadre photo où l’image démo d’une femme et d’un enfant me fait office de famille.
    A son tour. Je pénètre doucement dans son espace où son vernis noir côtoie sa peluche anti-stress barbapapas. Elle m’ouvre sa garde-robe, me demande quelques conseils. Je prends quelques captures d’écran, les caresses parfois dans le métro.

    C’est pas ma faute,
    Si elle m’offre plus que ce que j’ose lui soutirer.
    Dans sa lueur raisonne l’espoir d’un instant meilleur,
    C’est pas ma faute à moi.

    La voilà qui pleure, un garçon quelconque s’est lassé de ses formes, pas assez femme, de sa vertu, pas assez souple. Elle voudrait me voir. Je passerai la prendre à la sortie des cours, comme toujours. Et comme toujours personne ne remarquera cette crasse au col de ma chemise. Elle criera peut-être, lorsque je m’essuierai sur elle de tous mes échecs. Puis le silence.

    C’est pas ma faute.
     

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