• Lorsqu'on fait des consultations prénatales, on s'appelle consultant, on a la classe et parfois même une place de parking. On arrive heureux le matin à huit heures en se disant "yeah ce matin pas plus d'une heure de retard". A huit heures trente la patiente de huit heures se pointe en même temps que celle de 8h20. Youpi.
    Allez, on la prend, on consulte, c'est chouette, ça se termine, on ouvre la porte pour la faire sortir, trois paires d'yeux nous scrutent. Ok trois dossiers en attente. On agrippe le premier de la pile, on consulte, on réouvre la porte, 5 paires d'yeux se tournent vers nous. Au fur et à mesure de la matinée le mont de dossier ne cesse de croitre. A onze trente tout le monde est arrivé, pour une patiente prise, aucune ne se rajoute, on a enfin l'impression de sortir la tête de l'eau. Le secret, ne pas penser au bus de femmes enceintes qui nous attend dehors. Non, non, dans la salle de consultation une seule future maman se trouve face à nous, on sait par avance ce qu'on va faire/prescrire de manière routinière selon le terme de la grossesse, puis l'aléatoire de la consultation, le plus rigolo.

    Autre chose de rigolo, le flacon d'urine. A lui seul il décrit la personne de manière précise et subtile. Avant de consulter, je n'avais jamais remarqué qu'il y avait autant de façons différentes de se comporter avec une telle chose. A chaque consultation on demande à la dame d'uriner dans ces jolis petits pots à bouchon rouge pour ensuite faire une "bandelette urinaire". Problème pour elles, que faire du petit pot dans la salle d'attente?
    Il y celles qui le cachent précieusement au fond du sac, d'autres qui l'emballent dans une boule d'essui main, d'autres encore qui le déposent fièrement sur la chaise d'à côté. Le plus intéressant est ensuite la manière dont elles se comportent avec une fois entrée dans la salle de consultation.
    Il y a celles qui "l'oublient" dans le sac, d'autres qui le sortent et le posent tranquillement sur le bureau, d'autres qui sortent une boule de papier et sous 3 cm d'épaisseur le précieux graal. Et puis, mes préférées, celles qui ont soigneusement pris le temps de le recouvrir d'une fine couche de papier de manière à cacher parfaitement la partie transparente tout en laissant le bouchon rouge facilement accessible. C'est toute une technique. Je n'imaginais pas qu'une analyse urinaire pouvait engendrer une telle problématique pour les personnes concernées. Alors, grand seigneur, lorsque je vois la personne toute penaude avec son petit pot, je lui propose de le placer dans l'espace "examen" de la salle, pour ainsi éviter de croiser l'objet du délit. J'ai mis un peu de temps à comprendre car personellement ça ne me dérange pas de discuter un pot à pipi sur le coin du bureau. Un flacon d'urine c'est propre (enfin quand il est rempli à rabord c'est chiant) , par contre, j'aime pas les prélèvements vaginaux ou les frottis qui trainent.

    Sinon, petite question à toi, jeune fille qui me lit. Quelle est la durée de ton cycle (sans pilule of course)?
    Si la réponse comporte au moins deux chiffres tu me rassures. J'ai parfois l'impression de mal m'exprimer, voir de ne pas parler français...mais la moitié des femmes à qui je demande la durée de leur cycle me répondent 4 jours...ce qui correspond à la durée de leurs règles. Au départ ça m'interloquait, maintenant je sais que ça fait parti des 50% de chances de mauvaise réponse.

    Quoiqu'il en soit, les consultations ont un côté sympathique lorsqu'on les gère entièrement et que la sf arrive juste pour signer les ordonnances mais c'est toujours frustrant de ne voir la patiente qu'une fois. Un intérêt important quand on consulte c'est le suivi, et moi, pauvre étudiante ben que dalle. On verra une fois grande.
    Il reste bien sur le plaisir de voir des futures mamans toute heureuse de venir ici pour la première fois, leur première grossesse, et qui ont soif de savoir ce qui va se passer. (elles sont belles et cassent mon moi rabat-joie). Il y a aussi celles inquiètes qui sortiront un peu plus confortées...bref, il y a des gens. Moi qui n'aime pas forcément les gens d'une manière général, pris un part un ils en deviennent potables. Magie qui s'allume lorsque je m'assoie au bureau, et qui s'éteind lorsque je regarde l'ensemble de la salle d'attente.


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  • En tant qu'étudiant, nous passons la plupart de nos stages et donc la plupart de notre temps au CHU. Nous avons cependant le grand bonheur de nous voir attribuer un espace rien qu'à nous, le vestiaire des esf. Toujours accessible (sauf quand les AS entreposent les chariots devant), c'est un peu le seul espace  (avec les toilettes) où nous sommes en totale sécurité.
    Il nous sert tantôt de lieu de recueillement, de confessional, d'oasis luxuriante au milieu du désert, et accessoirement d'endroit pour se changer. Quand dans le service on a tout fait et qu'on arrive plus à faire semblant d'être occupé, quand on a finit nos consultations/écho du matin et que ça reprend à 14h, le passage par le vestiaire est un élément salvateur de la journée, où l'on espère croiser un copain dansle même désarroi. Le vestiaire ne reste jamais seul bien longtemps.


    Alors bien sûr il y a des horaires plus chargés, le matin à huit heures par exemple. Les esf du bloc, des suites de couches, des grossesses pathologiques, des consultations se croisent, mais à tout moment il y a un esf qui arrive, un autre qui part, c'est beau.
    Moi j'y reste un certain temps. Je pars toujours le plus tard possible. Ben oui, ça sert à rien d'arriver trop tôt car la sage-femme ne sera ptete pas là, les patientes (si on consulte) seront forcément en retard (et débarqueront toutes en même temps), et pire, la sf qu'on relève pourrait nous demander de faire quelque chose qui nous ferait louper la dite relève (et après on est heureux). Il faut se la jouer stratégique.

    Du coup, quand je me retrouve à l'extérieur, dans un autre hôpital que le CHU, je me retrouve à partager le vestiaire (en général un coin près de nulle part, le plus original que j'ai eu étant dans l'office où on mange) avec les vraies sages-femmes. Pas de petites pauses possibles, pas de grands piiiiiiiiouf avant de commencer la journée et ça me manque. Pour moi le vestiaire fait parti intégrante de mon rituel de début et fin de journée, j'y met mon déguisement et c'est parti, je me met à jouer à l'apprentie sage-femme.


    Sinon rien à voir mais je vous laisse avec cette video rigolote des Beatles essayant tour à tour d'être vu par la caméra (surtout Ringo le pauvre, on dirait Averell)


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  • On dit souvent qu'une fois diplômés les (e)sf deviennent hargneux, voir dangereux avec leurs cadets. Spirale infernale de l'enfant battu? Oedème aigu des membres inférieurs sans protéinurie ou HTA associées? Ce questionnement mériterait un mémoire à lui tout seul.
    Personnellement je n'ai jamais pu vérifier cette triste constatation. En effet, je n'ai pas vraiment travaillé avec d'anciens esf que je connaissais plus qu'un salut dans les couloirs. Ca va finir par changer, vu que plus les promos se diplôment, plus je connais les heureux détenteurs du précieux bout de papier.
    Quoiqu"il en soit en vieillissant je regarde tous ces jeunes étudiants plein d'entrain. Les premières années qui de savent pas où se mettre, qui remplissent consciencieusement leurs objectifs de stage en croyant naïvement que quelqu'un s'en souciera. Les deuxièmes années qui touchent (enfin) à l'obstétrique et commencent à se rendre compte de certaines incohérences pédagogiques. Les troisièmes années, moi, même plus étonnés, jonglant avec le système pour tenter de survivre tout en travaillant à attraper une formation de qualité. les quatrièmes années....l'année cruciale où le transformation commence MUAHAHAHAH!

    A la base moi je suis gentille, mais si en plus je prends une certaine assurance et que je détiens un certain savoir, je me retrouve à gérer le petit esf perdu qui vient d'un autre service pour amener une patiente alors que la sf qui a bien d'autres choses à faire le rembarre gentillement. Je me retrouve également à "prendre" volontairement le professionnel le moins "évident", parce que je suis un peu plus armée que le bébé poilu qui vient de naître. Etre gentil c'pas sexy ma bonne dame. Néanmoins ça ne me dérange pas plus que ça tant que je ne passe pas mon temps à ne faire que ça.

    Alors en grandissant on change peut-être dans notre manière d'être, peut-être même qu'on ne s'en rend pas compte. Je n'ai d'ailleurs connu que des esf disant "une fois diplômé je serais gentil avec les étudiants". Et pourtant la faune hospitalière reste parsemée de "mauvaise pioche". Ca fait parti du miracle de l'être humain qui croit avoir la maitrise de soi et de son avenir.
    La blague.


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  • L'accouchement est le versant le plus médiatique du métier de sage-femme. C'est aussi celui où en on fait le moins. D'ailleurs à la question "kes' tu fais à l'accouchement?" j'adore répondre stoïquement: rien. C'est vrai quoi, ce sont les femmes qui accouchent, elles n'ont qu'à se débrouiller ;).

    Je pars du principe où si le bébé avance, qu'il va bien et la mère de même il n'y a pas intérêt à tripatouiller. Certaines sf sont adeptes du masse ton périnééééééée, franchement ça me dit trop rien de "masser" un tissu déjà entrain de s'étirer dangereusement et des fois ça craquouille plus qu'autre chose. Mon but suprême à un accouchement, ne rien faire que de retenir la tête et dégager les épaules. La fierté ultime de tout sage-femme au bloc obstétrical, le périnée intact (alors qu'on n'y est vraiment pas pour grand chose).

    Ainsi je suis parfois un monstre d'auto satisfaction pas tellement justifiée mais c'est pas grave ça fait du bien quand même. Je me souviens alors du premier gros gros bébé qu'on m'a laissé gérer toute seule. La maman avait déjà accouché d'un bébé de 3900g péri/épisio. Pour celui là, elle avait fait un diabète gestationnel, un bébé au dessus des courbes et n'avait pas de péri. Les gros bébés dus à un diabète ont plus de chances de faire une dystocie des épaules du fait de la répartition du tissu adipeux (ils sont gras du haut) et moi j'avais peur de ça. J'avais également peur que du fait de ce risque la sf me demande de faire une épisio. J'ai vraiment du mal avec ça et il faut me forcer pour que j'en fasse...d'ailleurs j'en ai fait deux et demi en une 40aine d'accouchements. Pire que j'aime pas faire, je ne sais pas faire. J'arrive plus à recoudre qu'à couper. Bref, là n'est pas la question.
    Donc, le travail se passe vite, très rapidement, ça poussssse. On s'installe. La tête arrive, je me dis que vu le bébé de presque 4kg qui est passé, la rapidité du travail, de la descente, le bassin devrait supporter le 4kg qui s'annonce. On voit de plus en plus de cheveux, je retiens doucement mais fermement comme au péril de ma vie (pas envie d'une brutale déflexion de la tête) et piouf, elle sort. Je restitue et lui met quand même le "menton sous la symphyse" pour aider à l'engagement de l'épaule. J'abaisse, je vais pour faire un Couderc (dégager le bras antérieur) mais comme je vois que les épaules viennent plus ou moins toute seules j'arrête. On me demande si je veux "un poing sus-pubien" (toujours pour aider au dégagement des épaules) mais comme elles viennent doucement mais surement je dis que ça va. L'épaule postérieur sort, vala, je peux poser le bébé de finalement 4400g sur sa maman. Puis surtout je suis trop fière d'avoir un périnée nickel, il n'a même pas les éraillures de m°°°° que je fais parfois sur les petites lèvres (alors que je fais gaffe à pas les toucher en plus!!) Je sais que ce n'est pas forcément ma faute mais tant pis, ça me rend quand même heureuse.

    Dans la profession de sage-femme, où le professionnel est censé être le garant de la physiologie la maxime primum non nocere est d'autant plus vraie. Et avant de se mêler de quelque chose qui se passe bien se demander si on ne nuit pas n'est pas idiot. Alors moi je n'ai aucun complexe à dire que je ne fous rien, aucun problème avec le fait de ne rien faire...et puis...ce n'est pas parce qu'on ne touche pas qu'on ne fait rien. Ainsi pendant une garde une sage-femme accouchera plusieurs fois, aura des abdo d'aciers et un périnée prolabé mais elle est payée pour ça.


    Découvrez Lynyrd Skynyrd!

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  • En tant qu'étudiants, nous sommes parfois évalués au lit du patient. Plus l'on grimpe dans les années, plus c'est...ch°°°. Au début j'étais stressée, et là je crois que je suis plus lassée qu'anxieuse, avec un gros piiiouuuuf, encooooooore.

    Au tout début, nos évaluations se rapprochaient plus des Mise en Situation Professionelle des étudiants infirmiers. Nous Choisisions une patiente dans le service, on préparait une présentation de dossier où l'on listait: informations civiles, antécédants familiaux, personnels (médicaux, chirurgicaux, obstétricaux), l'histoire de la grossesse, de l'accouchement, des suites de couches, de l'hsopitalisation, et ce qu'on allait faire durant le séjour, puis après. Nous étions notés sur ça puis sur le soin (prise de sang, examen de bébé, bain de bébé...), j'ai eu de la chance, à chaque fois je suis tombée sur des trucs que j'avais jamais fait ^^, une prise de sang doublée d'une injection intraveineuse, pose d'ecg (ben ui chui pas externe hihihi).

    En deuxième année c'était un peu plus médical, le jour de l'évaluation on nous désignait un patiente, on avait une trentaine de minutes avec le dossier, on allait faire l'examen clinique de la patiente puis on présentait le dossier en énnonçant un diagnostic, un pronostic et une conduite à tenir.

    En troisième et quatrième année, on nous choisi un patiente, on ne donne pas accès au dossier, et avec deux évaluateurs on va voir la madame. Selon le service (grossesses pathologiques, consultation, suites de couches...) on lui demande ce qu'elle fait là, on reconstitue rapidement un dossier, lui demande les résultats d'examens (si elle les connait) puis on l'examine. En tout on doit passer environ 30 minutes dans la chambre. Après on a droit à quelques minutes avec les évaluateurs pour leur poser des questions sur le dossier (du genre demander les résultats que la patiente n'aura pas pu dire). On a encore quelques minutes où on remet tout dans l'ordre avant de présenter tout ça. Le dossier plus notre examen devant encore et toujours découler sur un diagnostic (genre menace d'accouchement prématurée modérée), un pronostic (au niveau maternel, obstétrical et foetal), et une conduite à tenir (nombre d'examen, de monitoring, d'écho, organisation d'un suivi à domicile, bilan à prévoir...)

    Après on est très content que ce soit fini.

    D'ailleurs moi pour la présentation des dossiers j'ai trop d'la veine, j'ai pu m'entrainer plein de fois aux divers staff. Car oui, des fois les médecins (gynéco, pédiatres...) et leurs internes, et des sages-femmes se réunissent pour parler des dossiers, décider d'une conduite à tenir et croyez-le où non, à chaque fois que je m'assoie à un staff j'ai le chic pour qu'un gentil docteur à côté de moi (ou une sf) me dise "oh tiens, tu veux présenter un dossier?" Bien sur, trop envie de présenter un dossier! Areuhm. La présentation d'un dossier staffique est quelque peu différente de celle lors d'une évaluation, car il faut aller vite, à l'essentiel. On présente rapido la patiente (age de la grosse, nombre d'enfant, motif d'hospit), ce qu'on a fait, ce qui va pas. Ensuite on peut se rendormir sur sa chaise en écoutant attentivement toutes les choses intéressantes qui se disent.


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