• Nous les étudiants, nous nous soutenons face à l'adversité (comprendre les monstrueuses sf diplômées dont leur froideur légendaire n'ont d'égal que leur beauté polaire). Mais parfois, l'ennemi se cache subreptissement dans nos rangs. On les repère facilement, eux par contre continuent de se croire tout à fait normaux.
    Je ne vais pas semer polémique, ni me faire lyncher sur la place publique (je prefère cuir et fouet mais c'est une autre histoire), ainsi je déclare aimer tout le monde, surtout les étudiants sages-femmes, et si on pouvait tous se tenir la main le monde irait mieux.
    Cette petite mise au point établie je vais pouvoir grassement jeter mon fiel fourbe et vindicatif.

    L'esf affreux peut te sembler d'abord sympa, puis lorsque vers la fin de ton stage en salle de naissance tu remarques que t'as fait 3 accouchements, 23 IMG, 436544 consultations aux urgences et lui 34653 accouchements, 2 consultations aux urgences, 1 IMG (mais c'est parce qu'il avait mal lu le tableau), tu commences à te poser des questions. Puis quand tu finis péniblement les pleins pour ta dernière garde et qu'il débarque en te disant "ya une multi qui descend des grossesses à complète, t'inquiète je m'en occupe", tu peux alors être pris d'un rire nerveux et incoercible du premier trimestre de formation. Ensuite on s'y fait et on apprend à contourner.

    Mais bon, parfois dans le feu de l'action, le stress...je peux comprendre qu'on puisse être "imposant", voir même "étouffant" pour l'esf qui partage le stage avec nous. Ce que je ne comprends pas ce sont ceux qui quittent le vestiaire sans nous attendre pour arriver en stage au même endroit que nous mais avec trois heures d'avance. Une fois je finissais tranquilou ma nuit au bloc, je vois une esf qui débarque seule (alors que d'hab ils sont trèèèès nombreux) un très bon quart d'heure en avance pour se choisir les "meilleurs" patientes. La sf est comme moi étonnée et lui dit ah tiens t'es toute seule aujourd'hui? elle lui répond que non, il y a d'autres esf qui se changent et vont arriver. La sf de la nuit lui dit alors un truc du genre ah ben attend-les pour prendre la relève d'ailleurs la relève n'était même pas là.
    Je ne trouve pas ça poli de ne pas attendre les keupins, dire que moi je les attends même quand ils sont en retard de quelques minutes parce qu'arriver à deux 5 minutes en retard ça a plus de chance de passer inaperçu que de se pointer seul avec la sf qui demande "vous z'êtes pas deux d'hab?"


    Alors moi quand je serai
    grande et diplômée, j'aurai légalement le droit de terroriser mes étudiants, je pourrais répondre à l'esf venant 24h en avance pour se réserver les patientes anh coooool, tu peux aller faire les pleins. Ou même mieux, aaaaaaanh va donc faire les peremptions du chariot d'urgence. Je jubilerai.


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  • Commence, j'arrive dans 5 minutes. Tout étudiant en santé a déjà été confronté à cette phrase diabolique. 5 minutes, tu parles, à l'hôpital le temps passe triple, ralenti parfois mais jamais ne suit le cours classique de la trotteuse. Les minutes varient donc en fonction du professionel, s'il a des enfants (tjr un truc à raconter sur Micheline sa petite dernière avant d'arriver), s'il fume (rooh un ptit café/clope avant d'voir l'étudiant), ou s'il n'a pas de vie et qu'il est haïe par ses collègues (un pipi et zouh me voilà).
    Problème, quand on n'a jamais travaillé avec la personne, on ne connait pas encore sa propre notion du temps. On s'expose d'ailleurs à de graves problèmes relationnels lorsque commencer signifie "que tout soit fini quand je débarque" et que j'arrive dans 5 min veut dire "dans 3 secondes me voilà".

    Mais le plus
    rigolo c'est quand quelques minutes deviennent de longs quart d'heure. Ainsi le petit étudiant en traumatologie, tout heureux de pouvoir commencer son pansement peinard défait non sans mal les trucs collants. Attend. Puis se dit qu'après tout il peut bien se mettre à nettoyer lentement tout en parlant avec le patient, puis merte, il a tellement bien nettoyé qu'il faut maintenant fermer et l'infirmière n'est toujours pas arrivée...elle va certainement vouloir voir la plaie avant. Pas grave, on en profite pour améliorer le relationnel avec le patiente, pas trop dur l'hospitalisation? la bouffe ça va? quand on en vient à parler programme tv c'est que ça urge urgemment. Invention merveilleuse, le champs stérile que l'on met sur la plaie pour courir chercher son mentor.
    L'étudiant sage-femme se vera souvent envoyé au front seul en éclaireur. Commence à préparer la dame pour l'examen, j'arrive dans 5 min. Car oui dans certains établissements il faut préparer (comprendre installer les étriers, s'habiller en cosmonaute...) la maman en travail pour faire son TV de l'heure. Je ne m'attarderai pas sur cette petite spécificité régionnale, ça nous fait les biscotos (mais j'ai beau installer 6 fois les étriers en 6 heures, ils ne sont jamais symétriques). Au début on se dépêche, on a peur que la sf arrive et que mon Dieu, la patiente ne soit pas en position, la table démontée, charlotte, masque, doigtier préparé. On arrive même à battre des records...et parfois on attend, attend...on se retrouve un peu concon avec la dame en position gynéco et nous à côté eeeuuuh, et sinon ça va? Alors quand ça dure trop longtemps je fais ma rebelle, je remonte la table, remets les jambes de la madame sur le matelas et laisse les étriers en place comme ça à l'arrivée de la sf, en deux minutes c'est réinstallé et en attendant tout le monde se sent beaucoup moins bête.

    Le must du must reste cependant les consultations. Je l'ai déjà évoqué, souvent on commence seul pendant que sf ou médecin voit une patiente juste à côté. La plupart du temps celà se passe bien. On communique par bruit du coeur foetal interposé. Lorsque j'entend que mon voisin écoute les BCF (les murs sont minces) je peux tranquillement passer à l'examen et espérer que la sf débarque pile lorsque j'aurais fini. La réciproque est également valable, lorsque je fais les BCF, c'est le signe qu'il ne faut pas tarder à conclure la consultation à côté. Mais parfois on attend, attend...dernièrement j'ai fait une erreur de débutant. J'ai commencé la consultation alors que le médecin n'était pas encore arrivé...mais....la dame avait rendez-vous à 14h, il était 14h15, c'était une première consultation (donc tout le dossier à faire, c'est assez long), pas très rassurée (vieille adage: ne jamais prendre des consult de médecin s'ils ne sont pas dans les parages sinon gare aux poirautages) je demande à la sf si j'y vais quand même voyant que les dossiers s'empilaient. Oui oui tu peux, qu'elle me répond. Soit, j'y vais, je prends mon temps, dossier bouclé, examen terminé, pas de médecin, chouette, je m'attarde un peu, la prépa tout ça, et le petit frère ça va? Au bout de 3/4 d'heure j'arrive au bout, j'atteins le niveau 0 de discussion dans le genre vos frites c'est plus avec du ketchup ou de la mayo? Oh moi j'adore la purée! Et pourtant face à une femme enceinte il y a des choses à dire passé tout ce qui est médical (et le prénom? et la famille? anh tout est prêt chez vous? la liste de maternité? Non la bonbonne de 50L de trucs anti crevasses c'est ptete pas utile de l'acheter maintenant) QUand on est bloqué, il faut trouver un échapatoire, et là, m'est venu en tête la carte de groupe sanguin, elle était la près de moi avec sa photocopie agrafée. Comme un réflexe je sors alors, oh il faut que je fasse une autre photocopie de votre carte de groupe pour le dossier. Ni une ni deux, je prends le morceau de carton et file vers le bureau des sf: où est le médeciiiiiiiiiin? Elles l'ont appelé, je suis revenue alibi en main, il a débarqué rapidement un peu penaud, content que ses consultations avance sans lui.

    Ainsi, la gestion du temps à l'hôpital c'est souvent du stress à vouloir tout faire dans l'horaire imparti, suivi de grands moments de solitude lorsque finalement le professionel qui nous encadre a du s'occuper d'autres choses entre-temps...c'est pas grave, je peux maintenant tenir plus d'un heure à faire la conversation à quelqu'un que je ne connais absolument pas tout en semblant interessée par la manière dont il a su négocier le prix de sa dernière voiture.


    PS: En bonus Track ze sexiest rockeuse in da world qui est "vieille", se fringue mal, a eu une période capillaire douteuse, des musiciens qui se la pète grave pour pas grand chose, qui a une carrière essentiellement faite de (bonnes) reprises mais on s'en fous totalement, elle compense. D'ailleurs si je n'avais pas fait sage-femme j'aurais voulu être pizzaiolo ou rock"star".



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  • Lorsqu'on rentre à l'école on nous demande pourquoi on a choisi ce métier...enfin non, on ne nous le demande pas, ce serait trop long à expliquer et puis surtout le sait on vraiment? On aime par contre nous expliquer qu'il y a une raison à toute chose, que nous avons choisi sage-femme pour une raison mais qu'en réalité il y en a une autre cachée au fond de nous.
    Ouai.
    Moi j'ai toujours été fan du corps, pas en tant que mécanique, ça c'est ce que fait l'Homme en tentant de l'imiter, mais en tant qu'ensemble qui communique et s'adapte à lui même. On pouvait donc me laisser des heures devant un livre rempli de monsieurs tout nu, sans vêtements, puis sans peau, et sans muscles. Ca m'interessait quand même moins que les histoires de globules. Qui n'a pas été marqué par la fameuse carte HLA que le vaillant capitaine macrophage demande aux leucocytes voyous dans Il Etait Une Fois La Vie? Ils l'ont leur carte HLA, le capitaine ne peut rien faire d'autre Lque de les laisser ostéolyser le squelette, cancer du sang oblige.
    C'est donc naturellement que je me suis inscrite en fac de médecine, pas vraiment pour être médecin (quoique, hémato ou endocrino m'aurait ptete plus), mais plutôt pour pouvoir continuer d'être au contact de ce qui m'interessait. De plus, je voulais un métier où j'avais l'impression de servir à quelque chose, dont je puisse être fière. Je me suis alors retrouvée face à un vaste programme dont je vomissais une partie (santé publique, thermodynamique...) mais qui me permettait de recevoir des cours de qualité dans d'autres domaines plus rigolo (certaines partie de biologie cellulaire s'il ne fallait pas tout connaitre dans le moindre détail, la biologie du développement et ses "cascades hormonales" -oui la plupart des gens détestent les cascades hormonales, que ce soit au niveau thalamique, placentaire, surrénalien...moi j'adore-, la pharmacologie intelligente -c'est à dire avoir une idée de comment les molécules fonctionnent et pas apprendre simplement maladie>DCI>nom commercial- et plein d'autres surprises).


    Pleine de joie, je me suis magistralement vautrée la première année. Ben oui, j'apprenais pour le plaisir et ce que j'aimais pas... j'apprenais quand même, mais pas comme il faut. D'ailleurs je n'apprenais rien comme il fallait. La deuxième année, j'ai eu peur de faire ça pour rien (oui la P1 c'est quand même usant...euphémisme...), de ne pas pouvoir continuer à m'amuser, et accessoirement de me retrouver sdf, au chômage, à 50% fac 50% Mc Do puis finalement 100% Mc Do. J'ai donc étudié comme un bison des steppes, ce que j'aimais, ce que j'aimais pas, tout ce que je pouvais supporter. La deuxième fois c'est encore meilleur, la méthodologie étant acquise on peut pleinement se concentrer à l'apprentissage de données. C'est ça le véritable avantage du doublant.
    Les résultats du concours blanc m'ont déçus, ceux du premiers quad également, arrivait le deuxième quadrimestre, le plus difficile mais pour moi peut-être le plus interessant. J'ai donc continué avec la frousse de me faire virer à jamais des études médicales, ce qui m'était même pas envisageable.
    Parallèlement à celà je me renseignais sur les différentes options si je suis reçue naturellement, médecine me paraissais le choix le plus logique pour continuer dans ce que je voulais savoir. Il me fallait cependant un métier où je puisse être autonome, indépendante, avec un certain pouvoir décisionnel. (on ne se refait pas). J'écartais bien vite l'odontologie, le fonctionnement de la bouche m'ayant toujours très peu passionnée, et la kinésithérapie (trop mécanique, trop tactile), vint alors le métier de sage-femme qui pour moi se résumait à une nana rose criant bébééééééééééé. On sait que ce n'est pas (que) ça. Pour résumer très brièvement on pourait dire que sf c'est comme médecin sauf qu'au lieu de soigner, on veille à ce qu'il n'y ai pas besoin de soigner.

    Le jour des résultats je fus soulagée, presque étonnée de voir mon nom sur la liste. Il me fallait alors faire mes choix, par ordre de préférence. Tétue et sachant que de toute façon je ne l'aurais pas (finalement à 24 places près), j'inscris Médecine. Puis j'écarte un avenir fait de $$, de temps partiel et de couronnes pour mettre Sage-femme. Je ne prends pas dentaire car au départ je n'étais pas du tout venue chercher ça, après deux ans difficiles on pourrait être tenté de finir ses vieux jours riche et célèbre mais je savais que dans l'immédiat j'allais être déçue. Je mets donc dentaire en troisième sachant que j'aurais s-f mais on sait jamais, je veux quand même un métier!! Puis kiné mais là vraiment c'est pour être sur de pouvoir manger un jour.

    Le résultat, vous le connaissez, je rentre à l'école et de fait dans le monde du travail. Je suis heureuse de pouvoir toucher à nombreux domaines intéressants (obstétrique, gynéco, anesth, pédiatrie...). Décue de ne pas avoir les conditions d'enseignements d'une faculté. Les internes ils sont gentils hein, leurs cours peuvent être chouettes...mais ce sont quand même pas des prof d'université ( et certains prof sont cro forts). J'aimerais également plus de cours faits par des sages-femmes (c'est quand même le nom de l'école quoi). On quitte en partie le monde étudiant et on se retrouve à avoir quelques responsabilité dont celle de faire attention à ne tuer personne. La P1 c'était dur, mais l'école l'est pour moi encore plus dans un tout autre style. Niveau cours c'est clairement plus simple, niveau application des dits cours, rythme de stage+cours+mémoire+dormir+vie ben c'est tendu. Le P1 n'a qu'une chose à faire, apprendre. L'étudiant sage-femme doit se créer son identité professionel et acquérir les éléments nécessaires à l'expression de cette identité...et puis il n'a plus le droit de jouer à divers processus syntaxiques avec ses professeurs.

    Ceci dit, j'arrive plus ou moins à faire ce que je veux, comme je le veux.  Je sais qu'une fois diplômée je pourrais voguer vers différents horizons, le métier étant vaste, ça me rassure. La grossesse est une situation particulière assez fantastique et les femmes enceintes sont de petits êtres attachiants. On me demande souvent où je voudrais travailler une fois grande: je n'en sais rien. Quelque part où on me laissera utiliser pleinement mes compétences sans avoir un organigramme hierachique psychorigide. De toute façon, c'est loin, je ne suis encore qu'une petite étudiante qui essaie de s'amuser au mieux pour tout le monde.


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  • Exemple de massageA l'hôpital on reçoit beaucoup de pub. il y a quelque temps j'ai reçu de la part d'un labo d'huiles de massage un guide sur les massages pendant la grossesse et l'allaitement. On y voit tour à tour une femme heureuse de se masser seins, fesses et périnée.

    Mais, le massage du périnée, ça marche vraiment? Je suis allée voir sur le site de la cochrane qui regroupe toutes les études faites sur un sujet, mélange tout ça et en fait une conclusion
    accessible à tous, un long article pour les abonnés. Ils disent donc que le massage périnéal en fin de grossesse réduit le risque de traumatisme périnéal, surtout pour les femmes n'ayant jamais accouchées par voie basse.

    En attendant moi mon petit guide ressemble à un guide de la masturbation.
    Mais, masser n'est pas branler, pour preuve, ce n'est pas vraiment agréable, ils le disent bien dans le bouquin. je cite: En pratiquant quotidiennement les étirements solaires (ndlr: massage interne ou le pouce est censé mimer la tête du bébé qui sort) vous vous familiariserez avec ces sensations qui de "douleurs", deviendront "repères", "ca y est, je sens que le bébé va naître".
    Oui bon, on va peut être un peu loin là...Prendre conscience du périnée c'est bien, mais un accouchement peut-il vraiment se comparer à ce genre du massage tout périnéal qu'il soit? Ché pas mais moi ça me fait un peu rire la femme qui "se masse" en réfléchissant et en se disant "ah oui...là effectivement ça appuie, je sens que le bébé va naître".

    Si on veut aider les femmes à se préparer à l'accouchement voie basse sans qu'elles se retrouvent totalement perdues face à des sensations inconnues est-ce vraiment en leur conseillant de se trouver un endroit calme, de s'enduire d'huile, et de suivre les étapes d'un guide pour masser le périnée, qu'on leur prêtera main forte? L'accouchement n'est pas acte qui se réfléchit et les femmes en salle de travail qui ne cessent de se demander comment faire ci/ça, quels muscles contracter etc...s'embarquent dans une galère!

    Plus que masse ton périnée, j'aurais plutôt envie d'écrire masturbe ton périnée et rien à voir avec l'accouchement. Parce qu'une des choses que je trouve le plus choquante au quotidien c'est le nombre de femmes qui ne connaissent pas leur corps et se retrouvent toute surprise devant des choses finalement communes. Avoir besoin d'un guide pour finalement toucher son corps sous le prétexte du "je me prépare à la naissance de mon baybaaaay", fait honte aux femmes.

    Vous aurez donc bien compris que je m'éloigne des quelques bienfaits obstétricaux du massage du périnée. Il évite déchirures, épisio? Bien. Il faut vraiment être enceinte et soucieuse de l'intégrité de son périnée pour se rendre compte que là bas il y a muscles, réflexes et parties molles? Vous me désespérez :o)
    Décidement non, la préparation à la naissance (et à la parentalité) n'est pas juste destinée à se préparer à accoucher.

    Pour finir, je balance en pature un lien pour ceux qui seraient interessés il s'agit d'une asso Marseillaise qui traite de tout ce qui est sexualité, grossesse etc... j'ai aperçu une de leur sage-femme dans un congrès, sa conférence était sympathique, leurs séminaires peuvent être intéressants, de même que leurs posters/cartes.


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