• Depuis 15 jours, mes études de médecine sont terminées. Enfin, les études de médecine générale. Il me reste une année à valider pour être officiellement médecin urgentiste. Et depuis 15 jours, je suis dans un nouveau service, où je n'avais jamais mis les pieds jusque là. Parce que je n'en avais pas eu l'occasion en D2 (les aléas du tirage au sort pour le choix des stages), parce que je n'en avais pas eu envie en D4.


    Je me retrouve donc dans ce service si particulier qu'est le SAMU, pour la première fois en tant que docteur. Et je suis vite mise face à mes insuffisances : je ne sais pas comment cela fonctionne, je ne suis pas encore passée en réanimation (du coup, les amines et la ventilation artificielle restent de la théorie), je ne sais pas comment organiser les personnes lors d'une intervention. J'ai déjà assez de difficultés à mobiliser mes connaissances pour s'occuper du patient que je n'arrive pas à gérer l'équipe, en particulier l'équipe élargie (pompiers, ambulanciers). J'ai parfois du mal à trouver ma place lors d'une intervention, le médecin qui me double n'étant pas toujours prêt à laisser leur place en première ligne. J'ai du mal à mobiliser mas connaissances dans la panique. Je n'ai pas encore les bons réflexes. Il y a même certains médecins qui m'ont dit que m'avoir comme médecin de première ligne serait une perte de chance pour les patients (mais qu'il ne fallait pas que je perde confiance (merci, c'est trop gentil)).

    Je devrais stresser, déprimer,  me dire que je ne serais jamais prête à évoluer en solo dans une semaine. Mais...


    J'ai hâte. Hâte d'être seule, pour pouvoir apprendre et m'améliorer. Hâte de montrer ce que je sais faire. Hâte d'être enfin un vrai docteur.


    Ceci n'est pas un péché d'orgueil. Mais je me sens bridée en étant en doublure. Dans les cas un peu "chauds", les médecins qui me doublent ont tendance à oublier que je suis là et m'effacent. Les pompiers et ambulanciers s'adressent spontanément à l'autre médecin, qu'ils connaissent. S'ils s'adressent à moi, c'est sur le ton de l'ironie, avec un petit sourire en coin ("alors docteur? on fait quoi docteur? c'est vous le docteur"). Il n'y a (presque) que les externes qui me considèrent et me posent des questions. Bien sûr, tout n'est pas si noir, certains médecins m'ont laissé passer en première ligne, certains m'ont laissé prendre des décisions. Et je les en remercie.

    Dans une semaine, je serai en première ligne. Pas tout à fait seule, car mon infirmier sera un(e) IADE, qui pourra m'aider en cas de difficultés (en particulier lors de l'intubation ou de la manipulation de certains médicaments qu'ils connaissent beaucoup mieux que moi). Et j'ai hâte.

     


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  • C'est son deuxième enfant. Pour le premier elle avait accouché avec des forceps pour "défaut de progression" d'un enfant de 3500g. Pour cette grossesse on lui a dit qu'il serait gros, plus gros. Alors forcément, ce n'est pas "vendeur". On se dit que pour la voie basse spontannée, sans instrument, ce n'est pas gagné. Ca m'ennuie. En discutant avec elle, elle me dit que son premier accouchement a duré longtemps, qu'elle était fatigué. Bon.

    Elle arrive à dilatation complète, on attend le maximum puis vient le moment la naissance. J'appelle une aide-soignante, c'est Rosalie. Je l'aime bien Rosalie. J'avais travaillé avec elle dans les services. Du coup, je me permets de faire des blagues et dis à la patiente qu'on n'a pas trop de chance, qu'on a Rosalie mais qu'on va essayer de faire avec. Elle se détend.

    Pendant la poussée je vois la cicatrice de son ancienne épisiotomie qui bombe, elle n'est pas très jolie. Et puis le bébé est estimé gros. J'ai peur que ça craque et fasse un truc pas joli. Mais c'est une deuxième pare... et j'ai envie que ce deuxième accouchemnet soit cool. Le rythme cardiaque du bébé est bon, je ne fais rien. On l'encourage. La présentation avance, la cicatrice bombe, la tête a l'air plutôt costaud. Je la sors doucement, milimètre par milimètre. Puis les épaules viennent, avec du sang, puis le corps. Voilà. Elle l'a sorti toute seule. C'est chouette. Je regarde d'où vient ce sang, une déchirure antérieure, minimime, deux points au dessus du méat urinaire suffiront.

    Son deuxième enfant n'est finalement pas si gros. 3500g, comme le premier. Et puis elle est heureuse. Elle a dit à Rosalie qu'elle était contente de son accouchement.

    Comme quoi, des fois, ça se passe bien.


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  • 2.0

    Je ne me suis jamais inscrite sur des sites de rencontre... enfin... euh... Non s'inscrire sur gayvox anonymement pour voir s'il y a des gays dans notre pâté de maison ne compte pas. Et puis, tout le monde le fait non ? J'ai ainsi pu savoir que oui, la fille de l'auto-école était hum-hum, et la fille du bus de la fac également, mais là n'est pas la question. Et puis, tout le monde le fait non ? Bref. Je ne me suis jamais inscrite sur des sites de rencontre.

    Pourtant, la majorité des gens qui comptent pour moi, je les ai connu grâce à internet. Même mes amis de fac. Je suis grave.

    Alors des fois je me demande ce que j'aurais fait si internet n'existait pas. Je me serais retrouvée dans un placard, les mains jointes, en me balaçant d'avant en arrière. Ou alors j'aurais fini sage-femme, méchante, ne vivant que pour son travail, dans un appartement en haut d'un kebab, participant à toutes les réunions de l'hôpital, et puis riche surtout car mine de rien, ça coûte d'avoir une vie.

    Dès que j'ai eu internet à la maison, j'ai voulu communiquer, c'était tellement facile, beaucoup plus qu'en vrai et puis en vrai les gens sont cons alors. Je me suis inscrite sur des jeux en ligne où les hommes étaients barbus et communistes ou à mèche et royalistes. C'était drôle. Lorsque je suis allée à la fac je me suis inscrite sur le forum de la fac et rebelote en moins communistes et moins royalistes. Pour moi internet a toujours été 2.0 c'est à dire émetteur<->message<->récepteur. Le 1.0 enlève tellement de tout.

    Vous pouvez certainement me traiter de geek associale. Je suis mal à l'aise en société et puis, on peut dire beaucoup moins de bêtises. Pourtant, ça ne me manque pas. Je squatte les bafonds du web, je sévis sur les blogs, les forums, twitter. Et je me colle à des gens. Récemment on a parlé de la médecine 2.0. Ces professionnels de santé qui communiquent à travers leur iPhone flambants neufs et qui parlent en nom de molécules. Ils entassent leur Prescrire dans le salon avec des petits cierges et font la danse de la connaissance. Ou pas... je caricature. En fait beaucoup sont peut-être comme moi. Des gros geek associaux. Des rejetés, des rebus, qui n'avaient comme autre choix que de crier leur malaise à travers le web. Et puis, un jour, il y a eu de l'écho. Leurs échos, les miens, du 2.0.

    La médecine 2.0 est-elle l'héritage du petit pré-adolescent seul tournant autour de son poteau dans la cours de récré ? Crie-t-elle son indépendance, son savoir, sa différence, comme un gros mot anglais commençant par F à tous les autres ? A savoir, les cools In Real Life avec leur sthétoscope double pavillon jaune fluo d'un célèbre antalgique ? Ce serait drôle. Comme un cercle qui ne s'arrête jamais. De la maternelle au cimetière il y aura toujours les cools, les pas cools, les swags et boloss. Un jour, j'ai cru qu'en grandissant ça s'arrêtait mais en fait, pas vraiment.

    Je m'en fiche, moi je suis 2.0.


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  • Un jour, en 1ère année d'école, une gentille sage-femme m'a prise par la main et a décidé de m'apprendre à faire des TV. Lorsqu'on fait un TV pour la première fois, on n'y comprend pas grand chose, c'est mou, c'est chaud et on est censé trouver un truc qu'on sait pas d'où ça sort, le col de l'utérus. En bonne pédagogue, cette sage-femme avait une analogie imparable...

    Mes Premiers Toucher Vaginaux - Dessin Moche


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  • On m'a supplié sur twitter de me lancer dans la BD... tout ça, c'est de votre faute.

    Première semaine à l'école - Dessin Moche


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