Aujourd’hui je vais mettre mon cœur à nu. Dans les limites du raisonnable bien entendu. Je suis toujours très raisonnable, je suis sage-femme. Au début ça me faisait drôle de le dire, maintenant je m’y fais. Par contre lorsqu’on parle de moi en disant « la sage-femme » j’ai toujours tendance à me retourner pour voir de qui on parle.

Donc voilà, j’ai maintenant une situation sociale. Waouh. Je suis dans la norme, le rang, que m’arrive-t-il ? Lorsque j’étais petite je dénotais un peu car j’étais trop forte, on admirait mes 20/20 en récitation ou en conjugaison mais socialement j’étais un peu handicapée. Je trouvais tous les autres plutôt cons et pas comme moi (ce qui a posteri était plutôt vrai). J’ai donc passée ma scolarité à vouloir fuir les gens que je trouvais juste…eeeeuuuuuh.

Mon avenir je ne l’imaginais pas. Ou si, je me voyais travailler avec du blanc, faire des ordonnances et qu’on me serre la main en disant merci. Mais ça n’allait pas au-delà.

Vint donc la fac et là bonheur, je découvrais pour la première fois des gens normaux. Un lieu d’apprentissage pouvait donc être constitué d’autre chose que de groupe d’adolescents neuneus.

Deux ans près rebelote, école de sages-femmes, retour à la case départ. Au bout de deux semaines je me demandais ce que je faisais là, entourée de filles…bien filles. Puis j’ai évolué ou je ne sais pas trop quoi. J’ai acquis une place dans ma promotion et finalement le fait que je ne veuille pas spécialement m’intégrer à des groupes de blondes « aaaaaaaaaaaaanh les bébés c’est trop chou, bon on va en boite ? » fut en soit une intégration. J’avais mon rôle qui semblait être apprécié.

En dehors du monde professionnel, j’avançais également. Je crois qu’avoir une certaine reconnaissance sociale m’a permis d’être plus ancrée dans mes bottes en cuir de vachette (que je n’ai pas). Je suis un peu sortie de l’image de moi enfant, asociale et du coup j’ai pu draguer mon Interne de façon lourde et vulgaire en me disant que si ça ne la faisait pas fuir y’avait peut-être de l’espoir.

J’arrive donc au stade de moi presque diplômée, sexuellement stabilisée, choses plutôt incongrues. Je décide alors de mélanger un peu ma vie privée et ma vie « scolaire » parce que finalement avoir plein de vies différentes c’est usant (mais ne vous inquiétez pas il m’en reste encore plein, je n’aime pas mélanger les différentes vies). Je dois avouer, c’est plutôt agréable de pouvoir profiter de mon Interne et des histoires croustillantes de promo dans la même soirée.

Puis arrive le diplôme et le premier job. On ne me connait pas mais petit à petit là aussi je fais ma place. J’ai l’impression qu’on m’apprécie là bas… ou alors tout le monde joue les faux-cul. Ca fait un peu du bien.

Voilà donc ma situation stable. Ca fait tout bizarre. Certes il y aurait des choses à améliorer, mon Interne pourrait en faire toute une liste mais pour moi c’est déjà de très grands pas. Je ne porte pas de bottes de 7 lieus hein… cuir de vachette rappelez-vous.

Mon cœur nu me glisse à l’oreille qu’il a maintenant un peu froid. Pour le réchauffer je propose donc que vous aussi, vénérables lecteurs, vous laissiez une partie de vous nue, de préférence corporelle et pictographique là dans les commentaires. Hauts les cœurs !

Je finis par une chanson pleine d'amour et de niaisitude illustrant cet article, vous avez le droit de vous boucher les oreilles . Et encore je vous épargne les gifs animés de lapins avec des paillettes.