• C'est son deuxième enfant. Pour le premier elle avait accouché avec des forceps pour "défaut de progression" d'un enfant de 3500g. Pour cette grossesse on lui a dit qu'il serait gros, plus gros. Alors forcément, ce n'est pas "vendeur". On se dit que pour la voie basse spontannée, sans instrument, ce n'est pas gagné. Ca m'ennuie. En discutant avec elle, elle me dit que son premier accouchement a duré longtemps, qu'elle était fatigué. Bon.

    Elle arrive à dilatation complète, on attend le maximum puis vient le moment la naissance. J'appelle une aide-soignante, c'est Rosalie. Je l'aime bien Rosalie. J'avais travaillé avec elle dans les services. Du coup, je me permets de faire des blagues et dis à la patiente qu'on n'a pas trop de chance, qu'on a Rosalie mais qu'on va essayer de faire avec. Elle se détend.

    Pendant la poussée je vois la cicatrice de son ancienne épisiotomie qui bombe, elle n'est pas très jolie. Et puis le bébé est estimé gros. J'ai peur que ça craque et fasse un truc pas joli. Mais c'est une deuxième pare... et j'ai envie que ce deuxième accouchemnet soit cool. Le rythme cardiaque du bébé est bon, je ne fais rien. On l'encourage. La présentation avance, la cicatrice bombe, la tête a l'air plutôt costaud. Je la sors doucement, milimètre par milimètre. Puis les épaules viennent, avec du sang, puis le corps. Voilà. Elle l'a sorti toute seule. C'est chouette. Je regarde d'où vient ce sang, une déchirure antérieure, minimime, deux points au dessus du méat urinaire suffiront.

    Son deuxième enfant n'est finalement pas si gros. 3500g, comme le premier. Et puis elle est heureuse. Elle a dit à Rosalie qu'elle était contente de son accouchement.

    Comme quoi, des fois, ça se passe bien.


    4 commentaires
  • 2.0

    Je ne me suis jamais inscrite sur des sites de rencontre... enfin... euh... Non s'inscrire sur gayvox anonymement pour voir s'il y a des gays dans notre pâté de maison ne compte pas. Et puis, tout le monde le fait non ? J'ai ainsi pu savoir que oui, la fille de l'auto-école était hum-hum, et la fille du bus de la fac également, mais là n'est pas la question. Et puis, tout le monde le fait non ? Bref. Je ne me suis jamais inscrite sur des sites de rencontre.

    Pourtant, la majorité des gens qui comptent pour moi, je les ai connu grâce à internet. Même mes amis de fac. Je suis grave.

    Alors des fois je me demande ce que j'aurais fait si internet n'existait pas. Je me serais retrouvée dans un placard, les mains jointes, en me balaçant d'avant en arrière. Ou alors j'aurais fini sage-femme, méchante, ne vivant que pour son travail, dans un appartement en haut d'un kebab, participant à toutes les réunions de l'hôpital, et puis riche surtout car mine de rien, ça coûte d'avoir une vie.

    Dès que j'ai eu internet à la maison, j'ai voulu communiquer, c'était tellement facile, beaucoup plus qu'en vrai et puis en vrai les gens sont cons alors. Je me suis inscrite sur des jeux en ligne où les hommes étaients barbus et communistes ou à mèche et royalistes. C'était drôle. Lorsque je suis allée à la fac je me suis inscrite sur le forum de la fac et rebelote en moins communistes et moins royalistes. Pour moi internet a toujours été 2.0 c'est à dire émetteur<->message<->récepteur. Le 1.0 enlève tellement de tout.

    Vous pouvez certainement me traiter de geek associale. Je suis mal à l'aise en société et puis, on peut dire beaucoup moins de bêtises. Pourtant, ça ne me manque pas. Je squatte les bafonds du web, je sévis sur les blogs, les forums, twitter. Et je me colle à des gens. Récemment on a parlé de la médecine 2.0. Ces professionnels de santé qui communiquent à travers leur iPhone flambants neufs et qui parlent en nom de molécules. Ils entassent leur Prescrire dans le salon avec des petits cierges et font la danse de la connaissance. Ou pas... je caricature. En fait beaucoup sont peut-être comme moi. Des gros geek associaux. Des rejetés, des rebus, qui n'avaient comme autre choix que de crier leur malaise à travers le web. Et puis, un jour, il y a eu de l'écho. Leurs échos, les miens, du 2.0.

    La médecine 2.0 est-elle l'héritage du petit pré-adolescent seul tournant autour de son poteau dans la cours de récré ? Crie-t-elle son indépendance, son savoir, sa différence, comme un gros mot anglais commençant par F à tous les autres ? A savoir, les cools In Real Life avec leur sthétoscope double pavillon jaune fluo d'un célèbre antalgique ? Ce serait drôle. Comme un cercle qui ne s'arrête jamais. De la maternelle au cimetière il y aura toujours les cools, les pas cools, les swags et boloss. Un jour, j'ai cru qu'en grandissant ça s'arrêtait mais en fait, pas vraiment.

    Je m'en fiche, moi je suis 2.0.


    13 commentaires
  • Un jour, en 1ère année d'école, une gentille sage-femme m'a prise par la main et a décidé de m'apprendre à faire des TV. Lorsqu'on fait un TV pour la première fois, on n'y comprend pas grand chose, c'est mou, c'est chaud et on est censé trouver un truc qu'on sait pas d'où ça sort, le col de l'utérus. En bonne pédagogue, cette sage-femme avait une analogie imparable...

    Mes Premiers Toucher Vaginaux - Dessin Moche


    1 commentaire
  • On m'a supplié sur twitter de me lancer dans la BD... tout ça, c'est de votre faute.

    Première semaine à l'école - Dessin Moche


    1 commentaire
  •                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     Lorsque j'étais un cas socialRécemment en me baladant de mur en mur sur Facebook je suis tombée sur l'image ci-contre. On passe sur les fautes et la typographie... et je passe même sur les inepties que le message raconte. Le bon vieux fantasme des assistés qui foutent rien et vivent comme des rois... Je voudrais juste parler des "CMU" selon la mode qu'est de classer les gens d'après leur mutuelle.

    Moins "sale" il y a les MGEN, la mutuelle des enseignants. Les personnes de l'éducation nationnale rivalisent chaque année avec les professionnels de santé dans la catégorie "personnes les plus énervantes à soigner". Les MGEN on en rigole, on chambre, et puis voilà. Faut bien s'amuser dans la vie.

    Dans le bas de l'échelle on a les CMU (Couverture Maladie Universelle) et les AME (Aide Médicale d'Etat). L'AME à la limite, ça fait exotique, on peut s'imaginer un héros de la révolution acculé dans son pays qui vient chercher asile en France après avoir sauvé des miliers de femmes et d'enfants. CMU fait beaucoup moins excitant. Le CMU c'est le ressortissant d'Europe de l'Est qui nous emmerde déjà au rond point. C'est le petit fils d'immigrés qui glande dans les cages d'escaliers et a tout gratuitement. Ils n'ont pas sauvés des miliers de vie, eux.

    Moi j'ai été CMU pendant longtemps. J'avais le must, la CMUc, complémentaire. Ca joue le rôle d'une mutuelle. Ca rembourse à 100% avec tiers payant. Sur le papier c'est idéal. En pratique tu deviens un laveur de pare-brise. Pourtant je suis blanche, je préparais mon concours de PCEM1, mais rien à faire dans les yeux d'autrui. Le parasitisme colle à l'énorme feuille A4 d'attestation CMUc lorsque les autres ont une simple carte de mutuelle payante. Et pourtant je ne suis pas vraiment à plaindre. Je n'ai jamais eu beaucoup de problèmes à me soigner avec ma CMUc, faut dire que je n'allais presque jamais chez le médecin... peut être pour ne pas en avoir de problème. Je n'ai jamais eu vraiment honte... oh, peut-être une ou deux fois... surtout lorsqu'on a commencé à faire la chasse aux patients sans médecin traitant, comme moi. Faut dire que le mien était parti et qu'on nous avait bien dit de ne pas consulter juste pour remplir le formulaire.

    Et puis lorsque j'ai du passer mon inutile radio du poumon pour mon entrée à l'école de sages-femmes. La secrétaire me voit arriver, grand sourire, carte vitale, carte de mutuelle. Ah ben ça va pas, blablabla, j'ai payé ma radio au complet. C'est pas grave, j'avais bien 20 euros à dépenser, boursière que j'étais. CMU c'est quand tu sais que lorsque la secrétaire commence à taper sur son ordinateur, il y a toujours un truc qui va merder.

    Le must c'était chez l'opticien. Lorsqu'on a la CMU on a le droit à des paires de lunettes spéciales, avec des verres spéciaux qui sont pris en charge à 100%. J'étais jeune, étudiante, dans l'espoir d'avoir une vie sociale, j'avais économisé pour m'offrir des binocles potables. L'opticien grand sourire et blablabla "oh le jaune canari des Caraïbes vous va si bien" et vient le moment de payer. Il me demande si j'ai une mutuelle, je dis oui. Il tapote alors sur son clavier, et les verres vous voulez quoi? et blablablabla. A la fin, à la toute fin, il me dit le prix, je dis ok, il me demande ma carte de mutuelle, je tends ma feuille A4 et là c'est le drame. Son visage se décompose. "Ah mais cette monture et ces verres ne seront pas pris en charge à 100%, vous aurez juste le 100% de la base des montures spéciales CMU. Et puis... pour avoir droit à ça il faut que je fasse un dossier spécial, et c'est compliqué, il aurait fallu que je le sache avant, là j'ai déjà rempli blablablabla". Pour le remboursement, je le savais déjà, pour son dossier spécial Flash CMU ça aurait été bien de me le dire AVANT. Il est embêté, presque dégouté. Pas envie de me prendre la tête, la encore j'ai tout payé, cash. J'en avais les moyens, j'avais économisé. Mais là n'est pas la question. J'ai pas eu droit aux quelques euros que ma feuille A4 octroyait mais ce n'était rien comparé au poids qu'elle me faisait porter.

    Vers la fin de mes études j'ai arrêté de demander la CMUc. J'avais sécurité sociale étudiante, et pas de mutuelle, point. Ca ne me changeait pas grand chose financièrement mais j'allais à mes rares rendez-vous médicaux bien plus légère. La deuxième fois, chez l'opticien, plus aucun problème, et j'ai même eu droit au remboursement de la sécurité sociale, genre 4 euros.

    Alors voilà, chaque fois que je tombe sur des messages genre ci-dessus. Chaque fois que j'entends les secrétaires râler à l'hôpital parce que c'est une CMU et que les CMU ont droit à tout, même un chambre seule gratuite et que leur vie c'est trop le bonheur j'ai envie de lui faire bouffer son papier, d'emplafonner l'ordinateur sur sa gueule. Je me retiens, un peu. Mais à ceux qui pensent que la vie d'assisté est si facile, foutez vous au chômage, allez étudier sans pouvoir bosser à côté, essayez vraiment pour voir.


    21 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique