• Je suis plus proche des trente ans que des vingt et c’est moche. Pourtant, plein de gens me disent que c’est géniaaaaaal… bizarrement ils sont aussi plus vieux.

    Vieillir en soi, je ne pense pas que ce soit bien dérangeant. Mais vieillir con peut-être plus… et j’ai peur. Peur parce qu’avec le temps je suis peut-être moins patiente, plus dure, et moins émerveillée des miracles qu’offre ce triste monde tragique… ou disons moins choquée.

    Je prends les jours comme ils viennent, les patientes comme elles arrivent avec plus ou moins d’entrain et sûrement une certaine lassitude. Je ne vais pas vous refaire la complainte de l’hôpital, cette entreprise où la médecine devient secondaire. De la périnatalité française, cette uzinagaz désolante d’incompréhension et de « moi j’ai plus raison que vous, bande de nazes ». Non, je ne vais pas. J’aimerais tant gagner au loto plein d’euros, m’affranchir des nécessités alimentaires et vraiment faire un boulot qui me semble être au plus juste de ce qu’il devrait. Seulement pour ça, il faudrait jouer.

    Malgré tout, j’essaie de surnager. J’évite de tomber dans la facilité rapide, et me force à toujours réfléchir sur mes actes. Surtout au niveau professionnel. C’est essentiel. On peut se tromper,  raisonner faux… mais aller de bon cœur vers la stupidité grasse, non. On a le droit d’être idiot qu’en amour (et je ne dis pas ça parce que je le suis puissance mille… ^^).

    Je crois que je m’isole, depuis toujours. Je crois que je cherche à être seule mais en même temps entourée. Une vraie contradiction de fâââââââme. Dans la vie des fois, il y a des gens qui viennent vers moi souriants et qui ont l’air de sincèrement vouloir entamer  une conversation. Et là, ma seule envie est d’abréger. Je me demande ce qu’on me veut et pourquoi. Je trouve ça bizarre et me demande ce que je pourrais bien raconter à cet étrange étranger.
    Avec les patientes je me force beaucoup beaucoup à leur parler futilités. Comme si c’était un autre moi qui parlait et qui répétait ce qui est socialement admis de dire à ce moment précis. Je me dis que c’est professionnel. Avec le temps, est-ce que je le fais moins ? Peut-être. En tout cas dans la vie perso, j’ai moyen envie de faire cet effort.

     

    Pourtant, des gens intrigants et motivants ça existe et heureusement ! Le sont-ils plus que ceux qui m’ennuient ou est-ce simplement une idée que je me fais ?  Je n’ai pas vraiment de réponse. Je sais juste que je suis plus proche de la trentaine que de la vingtaine, mais ça, je vous l’ai déjà dit.

    Mon grand âge me force forcément à me remettre en question. Et si j’étais simplement débile ? Débile de rester chez moi alors qu’il y a des gens qui m’ont plusieurs fois dit qu’ils aimeraient bien boire un verre/s’faire un ciné/s’faire lécher en ma compagnie. Mais j’ai juste… pas envie. Et pourtant j’y suis allée aux soirées… j’y trouve souvent un petit goût amer, comme une impression de rien y avoir à foutre. Décidemment, les gens et moi, y’a un truc qui cloche.

    Et puis quelque fois, je me sens bien avec certains. J’ai vécu quelques instants sympa pendant mes études. J’ai dormi avec des filles ivre de vins et de paroles fracassantes au goût de « les autres ce sont quand mêmes de gros connards ». Là, j’étais bien. Avec la marge. La marge qui m’interroge et qui s’interroge vaguement. J’ai besoin que les gens aiguisent ma curiosité, me donnent envie et me sortent de ce que je connais déjà. Je n’ai peut-être tout simplement pas l’intérêt facile.

    Je pourrais dire que je suis bien comme ça, je le dis d’ailleurs et pour de vrai, je suis loin d’être malheureuse. Mais, ça me questionne. La vie est-ce se couper des autres pour en retirer que le meilleur ? Est-ce s’intégrer poliment et passer quelques moments à coups de mojitos et soirées Tupperware en parlant du voyage en Crête de Jean-Mi ? Est-ce un entre-deux ? Est-ce rien de tout cela et juste suivre son instinct d’animal égoïste ?

    J’approche de la trentaine, j’ai vraiment commencé à vivre à 18 et je me prends encore la tête comme à 15. Je crois que je n’aime juste pas la simplicité pourtant si reposante pour une dame âgée :)


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  • J’ai dix ans, peut-être moins, peut-être plus. Je regarde la salle Berlioz et je ne parle pas des Aristochats. Berlioz c’est un peu la salle de la mort. Un petit auditorium où se déroule les auditions, les examens, le… bûcher.

    De toute ma vie j’ai rarement eu aussi peur, je me suis rarement sentie aussi mal à l’aise. Filez-moi dix hémorragies de la délivrance, je préfèrerai. Je souffre tellement que ma mère n’a pu se résoudre à entrer dans cette salle Berlioz. Elle ne veut pas voir ça.

    Je pousse la porte, au milieu trône un piano. Juste derrière une table avec le jury, 4 ou 5 personnes au visage fermé, presque méchant. Sur le côté, dans des espèces de gradins, l’assistance composée de familles diverses.
    Je m’avance la gorge serrée. Je m’assoie. Je joue. Mécaniquement, sans aucun plaisir, sûrement trop vite, je veux tellement que ça se finisse. Puis je m’en vais. C’est fini mais pas tout à fait. J’ai toujours cette boule et même maintenant lorsque je passe devant le bâtiment, elle revient. Je n’ai jamais pu écouter Berlioz.

     

    J’ai quinze ans, peut-être moins, mais pas plus. Je retrouve un théâtre que je connais bien. Environ mille places, toujours complet. On y fait les spectacles de fin d’année avec l’école de danse. Je déteste ça. Mais on est en groupe, je suis plus grande, je relativise. La foule s’amasse et je passe par le passage dérobée où j’ai mes habitudes : l’entrée des artistes. J’ai peur mais j’adore cette atmosphère de tension. J’adore les salles de spectacles pour ça. Ce vent frais, ce stress planant, puis l’explosion sur scène. Spectatrice je peux le ressentir en toute liberté, aucune blessure, juste de l’envie. L’envie de les voir, d’imaginer ce qu’ils ressentent en coulisse pour enfin les regarder. Ca, j’aime.

    Mais, ce soir, c’est moi qui m’y colle et pour la dernière fois. Je traîne en coulisse. Dernière fois dans ces loges pourries qu’on partage à 18664646468 pour  10m². Je longe les couloirs et tombe sur « le petit théâtre » où on a entreposé les plus jeunes. Elles doivent avoir six ans. Leur prof est surexcitée, veut que tout soit parfait comme dans un ballet d’esclaves russes. Une petite fille n’arrive pas bien à nouer ses chaussons et n’a pas de scotch transparent pour cacher le nœud qui risquerait, en plus, de glisser. Sur un ton mi-dramatique, mi-colérique la prof la gronde. Elle lui dit que c’est inadmissible et que si c’est comme ça elle perdra ses chaussons sur scène et que ce sera bien fait pour elle. La petite fille se met à pleurer. La prof s’en va. Si j’avais pu coller cette putain d’adulte contre un mur…

     

    Et puis, j’ai tout arrêté, d’un coup, stop. Le sado-masochisme ne devrait être acceptable qu’en matière sexuelle et ne pas impliquer d’enfants en construction.

     

    Malgré tout, quelque part, j’ai dû remplacer parce qu’on n’en sort pas si indemne. Ce stress et cette tension, ce ressenti de choses je l’ai un peu dans mon travail. D’ailleurs je ne me suis jamais vu simplement derrière des chiffres et un bureau. Allez savoir pourquoi. Je passe néanmoins mon temps à me plaindre de ce stress, de cette vie de n’importe comment. Pourtant personne ne me force. A croire qu’il y a des choses dont on ne se dépatouille jamais vraiment.


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  • Mon quotidien en ce moment quand je suis sage-femme c'est:

     

    Prendre mon sac à dos, aller à la maternité et passer par les urgences. Essayer de deviner la charge de travail que j'aurais à accomplir. Entrer dans les vestiaires, m'habiller. Je marche sur les jambes de mon pantalon, l'elastique tient sur mes hanches. Je me love dans mon haut trop grand, j'aime.

    M'asseoir, lire les tweets que j'aurais loupé. Souffler avant de partir dans l'arène.

    Passer les portes du bloc, regarder la montre. Etre tendue ou détendue, c'est selon.

    Etre sage-femme. Ne faire que passer dans la vie des couples. Etre juste là pour que tout se passe bien. Les laisser seuls, décider, s'investir. Répondre à leurs questions, leurs attentes. Etre un peu gênée lorsqu'il faut discuter, de tout, de rien juste parce qu'ils ont envie. Je ne suis sûrement pas une sage-femme loquace en dehors de l'obstétrique. Etre distante. Puis lancer une blague acide, ou pas. Des fois ils aiment, des fois ne disent rien. Je suis certes une sage-femme mais aussi un peu moi, alors...

    C'est partager des moments difficiles. Etre là pour leur montrer leur enfant décédé pour la première fois. Ne pas savoir comment s'y prendre. Le faire sûrement de manière maladroite mais honnête. Etre directe, mais sincère. Je pense que ça se sent, que jouer à être une autre sonnerait trop faux.

    C'est partager des moments heureux, être impatiente du moment de l'accouchement parce qu'on le sent bien, parce que ça va être joli, qu'on le sent, qu'on le sait. Dix minutes ou moins, ou plus qui feront que la garde ne pourra pas être qualifié de "pourrie".

    Etre sage-femme c'est un poids constant. Une responsabilité obèse et désintéréssée. Un planning de fou, ne jamais être disponible.

    Je me demande si ça déborde sur ma vie personnelle. La manière de me comporter. Certainement. Trop ? Mal ? Je n'en sais rien.

    Etre sage-femme, être moi, est-ce si différent ?

    Et si ce n'était qu'un travail ?

    Hum...


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  • Baiser, dans le sens avoir un rapport sexuel. Je n’aime pas vraiment ce terme, trop connoté dans mon imaginaire, trop unilatéral aussi. Nous préfèrerons donc quelque chose de plus neutre, sexer.

    Politique, dans un sens large, ce qui touche à l’organisation d’une société, d’un groupe d’individus, et même de la place de l'individu dans le dit groupe.

     

    Le sexe dirige le monde, le sexe dirige l’Homme, le sexe dirige la politique. Point. Mon article est terminé.

    Mais j’aimerais quand même vous parler de situations que je ne comprends pas, que je ne peux pas comprendre, défaut de fabrication cérébrale ? Boarf.
    Je ne saurais pas vous dire pourquoi mais dans mon idée le sexe est quelque chose d’à part, à préserver, une des seules choses un peu belles et apaisantes dans la vie avec la nourriture. De fait pour moi, rien n’est moche dedans tant qu’il y a consentement et que ce consentement soit valable, « éclairé ». Je ne sais pas d’où me vient cette doctrine personnelle mais j’ai longtemps cru que c’était une évidence et que tout le monde pensait comme moi.

    Et puis, je me suis mise à interagir avec la société, à l’hôpital notamment. En gériatrie long séjour j’ai fait la connaissance de Mme Loiret qui me reprenait toujours « mademoiselle Loiret » et me racontait son histoire, sans cesse. Jeune fille elle était amoureuse d’un homme.  « Un amour platonique vous comprenez, parce que ma mère m’avait bien dit que les hommes étaient dangereux ». C’était son histoire d’Amour, la seule et l’unique celle qui lui importait. Ils se voyaient souvent, elle devait sourire en coin, avoir cette espèce de nuée de papillons dans le ventre mais elle n’avait jamais rien fait parce que bon… ça ne se faisait pas trop. Ils n’étaient pas mariés, les hommes c’est dangereux hein, sa mère devait aussi faire barrage.
    Son histoire me rendait tellement triste et ça a tellement dû la marquer pour que 60 ans après elle en parle d’une seule traite à la seule évocation du « Madame ». Cette femme a raté quelque chose de Bien, d’exceptionnel parce que…. CA NE SE FAIT PAS, bordel.

    Et moi, petite étudiante d’une vingtaine d’années, j’étais celle qui avait couché pas mariée, le premier soir, et avec une fille en plus. Parce que j’en avais envie et que rien n’aurait pu me faire regretter cela. Parce que j’étais bien. Ca aurait fait hurler ma mère,  ça bouleversait peut-être des Codes dont je n’imaginais même pas l’existence, mais personne n’a rien à en dire. Sexer n’est surement pas un acte politique. C’est surement la chose qui devrait être la moins politique au monde.

     

    Et puis, plus récemment, j’ai appris l’existence d’une théorie : la domination patriarcale dans le sexe. Voir   et puis
    Je n’ai pas pour ambition de vous faire une jolie note avec plein de références et de choses intelligentes. Ce n’est pas mon objectif. D’ailleurs, ce blog je le veux subjectif et spontané. Mais à la lecture de ce genre de choses, un cri profond m’est venu : MAIS NON, PAS LE SEXE ! On peut dire ce qu’on veut de la société, oui elle est sexiste, raciste, homophobe, hétéropatriarcale… mais…ne me gâchez pas une des seules choses qui me fait aimer vivre la vie.
    Je ne conçois pas l’acte sexuel sans consentement, déjà dit, sans confiance non plus et Dieu sait que je ne l’accorde pas si facilement, mais, si tous ces capteurs sont verts pourquoi réfléchir à la dimension politique du sexe et en l’occurrence, de la pénétration ? (prix de la phrase la plus longue, yiha !)
    Une femme aimant la pénétration est sous le joug de la domination patriarcale ? Et même si en fait elle est grave consentante ce n’est que parce qu’on l'a embrigadé dès sa plus tendre enfance ? Mais… What The Fuck ? Quoi La Baise ? On ne peut pas tout simplement prendre plaisir au sexe, quel qu’il soit ? Pourquoi nous bourrer le mou avec ça ? Bourrons-nous autre chose.

     

    Et puis @Gadiouka en a remis une bonne couche avec son article sur la bisexualité. On le savait déjà tous mais elle a le mérite de le dire et bien. Ben ouais, un mec bisexuel c’est quand même un peu un pédé quoi, et si en plus cet ersatz de gay se fait pénétrer, ce n’est plus vraiment un homme quoi. Il devient un dominé.

     

    C’est tellement fatiguant.

    Et vous pouvez certainement dire que tout me fatigue dans ce monde mais quand même.

    Ce genre de choses, de jugements, de clichés, de pensées préétablies font des Mme Loiret partout à travers le monde et si moi j’ai réussi par je ne sais quel miracle à passer à travers, je suis triste pour ces personnes.

    Et à vous, je peux vous le dire. Je vous en veux beaucoup. Non, la vie intime des autres n’est ni sale, ni mauvaise, ni risible, ni pitoyable, ni inappropriée tant qu’elle répond au seul consentement chez des personnes étant en moyen de le donner sans artifice. C’est d’une évidence tellement évidente… tellement évidente que j’en fais ainsi un article à moindre coût. Parce qu’en plus d’être une méchante sage-femme, je suis d’une odieuse flemmardise.


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  • Et là, toutes mes lectrices  me répondent : « le cycle éternel », « oh noooooon Mufasa !!!! ». J’en ai déjà parlé, j’en parle régulièrement, faut croire que ça me travaille. Il y a un an, je dépassais l’âge des réductions : cinéma, transport, clubs échangistes, j’étais devenue (riche) ADULTE et ça m’a fait un petit coup au moral.

    Mais, reprenons, le plus dur était sûrement de recevoir mon diplôme de sage-femme. J’avais un but matériel, des études. J’avais quelque chose que j’aimais, apprendre. Mon DE en poche je n’avais qu’une envie, recommencer et faire une fac que je n’avais encore pas touchée du bout de mes jeans trop grands.

    Mais bon, j’avais un diplôme professionnalisant, un métier pretty cool, bref, de quoi évoluer et m’amuser. J’ai alors appris mon métier, pour de vrai, avec un téléphone dans la poche et des gens qui gonflent poitrine lorsqu’ils te parlent (go go gadgeto boobs). CDD, CDD, CDD des nombres incalculables j’en ai (pas) signé, puis CDI, puis, au boulot ça va. Je suis loin d’être Super Sage-Femme, mais, ça va.

    Déboussolée il me fallait un autre but, alors, j’ai dit oui. A presque tout. Référent machin, biblio de truc, études de choses. A tel point que je me retrouve en réunion à midi après une série de garde de nuits et que je ne pense même pas à ne pas y aller, tellement… il me faut un truc, un truc intellectuel et qui m’intéresse.

    Je rêve tellement de recommencer à zéro, juste pour le plaisir. Je suis folle. Je veux gagner au loto pour ça.

     

    Parallèlement, ma vie personnelle fut une sorte de désastre pendant un temps certain. On doit s’y complaire parfois. On se sent important d’avoir des choses à gérer. Puis, j’en ai eu marre. J’ai attendu et j’ai  eu du Bien, du pas Fucked Up, du stable. Des chats. Des anniversaires. Des projets. Des projets d’adultes. J’ai une putain d’envie de construction. De pouvoir commencer ma vie. Une putain d’envie de Beau. Du Beau au niveau individuel, une sorte de gentille addiction à l’exceptionnel. Du Beau au niveau familial, c’est tellement Moche dehors.

    Mon Docteur revient en Novembre, son dernier stage loin. La dernière fois que quelque part, on pourra sortir l’argument du temps, de la distance, de je-ne-sais-pas-quoi.  On va se poser et être des adultes. Je n’ai jamais voulu être l’Adulte qu’on voit à la télé. Je pense relativement à l’inverse des autres. Elle le sait. Elle me pousse toujours à avancer. En fait, je crois bien que ce n’est pas d’avancer qui me fait peur, mais qu’on puisse un jour s’arrêter. Je ne veux pas m’avancer pour plus loin, me poser.

    Grosse envie de lui prendre la main et qu’on évolue, pour de bon. Dans le même sens. Le sens inverse de Patrick Sébastien. Le sens inverse de tout ce qui me fait détester les gens. Même ceux qui me paraissent moins pire.

    Allez, dis, tu reviens et on commence tout. J’espère que tu ne me prendras pas pour une folle. ^_^’

     

    Ma vie, j’aimerais tellement qu’elle soit un joyeux bordel jusqu’à la fin.


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