• La grande vadrouille (à l'hosto)

    En tant qu’étudiante infirmière et stagiaire, la plupart du temps tu dois courir à droite à gauche dans l’hôpital. Si on te le demande, vole, cours, ta survie est en jeu. Tu DOIS aller chercher les étiquettes, les médocs, les scanners, et tu DOIS amener les bons, les tubes et les patients. (utilité n°1 du stagiaire). Il en va de ta survie et de ton taux de sympathie dans le service. Néophyte, tu ne pourras pas dire que je ne t’ai pas averti.

     

    Premier exemple, tout bête. On te demande (parfois même gentiment) d’aller à la pharmacie. Toi t’es plutôt contente, tu vas avoir la paix 2 minutes, mais le problème, c’est que tu n’as aucune idée de l’endroit ou se trouve la pharmacie dans l’hôpital. Donc tu poses innocemment la question, et on te répond d’un air agacé que c’est au sous-sol, et que quand même en 2e année tu devrais savoir qu’il faut prendre l’ascenseur de droite, aller au -1, prendre à droite puis le 3e couloir sur la gauche, descendre la premier escalier, et ça sera la 3e porte après les portes battantes. C’est facile à repérer, ya un tuyau jaune en face.

    Pour pas contrarier l’infirmier qui t’a déjà expliqué ça 2 fois, tu y vas un peu au petit bonheur la chance en pensant que tu trouveras bien une âme charitable pour t’expliquer au fur et à mesure. Une fois arrivée là-bas, après 10 minutes d’attentes et 2 minots qui courent dans tous les sens, on t’explique que c’est pas le bon guichet, que toi tu dois aller 10 mètres plus loin parce que c’est là-bas qu’on prend les médocs pour les services (et ils voyaient pas que je suis en blanc et que par conséquent je devais sûrement faire partie d’un service, et que par conséquent ils pouvaient me dire qu’il fallait aller à l’autre guichet avant que j’attende 3 heures ?).

    Bien sûr, une fois arrivée au véritable bon endroit, tu te fais engueuler, ben oui, le médecin a oublié d’écrire la date sur l’ordonnance, donc plus rien n’est possible (c’est un scandale, appelez la police !). Donc remonte, redescend.

     

    A peu près le même topo quand on doit aller porter les tubes au labo. Une fois sur deux tu te fais lyncher par la laborantine, parce que c’est pas les bons tubes, ya pas assez de sang (elle a qu’à venir les piquer, elle, puisque c’est si facile), c’est pas bien emballé et puis d’abord ça sert à rien de faire ces bilans. S’ensuivent mille questions auxquelles tu ne sais pas répondre (mais bon t’inventes), et tu repars avec tes tubes et tes papiers en essayant de te souvenir de tout ce qu’il faut refaire, tout en te préparant à t’en prendre plein la tête une fois remontée. Oui, tu as eu le malheur d’être volontaire, alors puisque c’est toi qui reviens avec les mauvaises nouvelles, va les repiquer les bilans !

     (t'entends déjà la voix stridente de la laborantine dans ta tête: "mais NOOOOn vous avez rien compris à ce que je vous ai expliqué ou quoi?", ou le tout aussi détestable "ah ben vous voyez c'était quand même pas si compliqué!!")


    Autre truc marrant, balader les patients dans l’hôpital. Tiens, tu peux amener Mr Truc aux endoscopies ? Et Mme Machin doit aller à sa consult ORL ! Là, tu réfléchis pour trouver le chemin le plus court et le moins fatiguant pour ton patient. L’avantage, c’est que si tu te perds, tu as un être humain avec toi pour te réconforter (ou pas). Après les tours et les détours, arrivée fracassante dans le service, en véritable conquérante, pour expliquer que j’amène Mme Machin, pour sa consult ORL…. Mais faut repartir, parce que l’interne, qui en a vraiment marre de tous ces patients (oui dommage pour un médecin), est au bloc. Non, non, elle n’est pas en face de toi, elle est au bloc, ça se voit pas ? D’ailleurs elle y va là. Donc revenez plus tard. Pas trop tard non plus. « Non je n’ai pas d’horaire à vous fournir, je me fous que le patient veuille rentrer chez lui un jour ».

    OK… Et le pire c’est qu’il faut expliquer ça au patient d’une manière soft, afin qu’il ne pense pas la même chose que toi et qu’il revienne en toute confiance plus tard.

     

    Ce que j’aime le plus, c’est quand on m’envoie chercher du matos dans les autres services. J’en profite souvent pour aller à l’autre bout de l’hôpital (non, pas dans le service du dessous), là ou je sais qu’il y a des potes à moi à qui je vais pouvoir faire un petit coucou !

     

    A force de passer la moitié de ma vie dans les couloirs, je prends souvent en pitié les gens qui cherchent désespérément l’endroit où ils doivent se rendre, et je les accompagne carrément.

    Je crois que je suis encore trop charitable pour bosser à l’hôpital….


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  • Commentaires

    1
    Samedi 11 Avril 2009 à 13:35
    ouais, c'est clair que je devrais faire lire à mon homme tes services!
    le mien est brancardier aux urgences, et je peux te dire que lui et sa conscience professionnelle......
    2
    Samedi 11 Avril 2009 à 18:04
    J'adore lire vos articles, tellement de veracité dans tes propos.... Moi je note tous les raccourcis entre services (enfin je crois) sur un pti carnet, comme ca, si je suis archi rapide, j'ai aussi le temps de discuter un peu avec mes collègues de promo! Par contre, on a un pti truc sympa, c'est la fameuse valise..... au plafond de tous les couloirs en fait, y'a un rail qui transporte bilans, bons divers et variés, resultats d'analyse, ca evite bien des pas quand c'est pas urgent!
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