• De tout temps l’arrivée d’un enfant…. Naaaaan je déconne.

    L’arrivée d’un enfant dans une famille est forcément un événement marquant et chacune le vivra différemment. Pour certains c’est un acte réfléchi, le Pour, le Contre, le Bon Moment. Pour d’autres c’est arrivé et puis voilà. Ou bien ça s’imposait, comme une suite logique. Ou encore un espoir, une branche à quoi raccrocher le couple. Et puis, et puis…

    Certains couples où tout va mal se retrouvent quelques heures, quelques jours, parfois plus, dans la grossesse, l’accouchement et le début de la vie du nouvel être. A titre personnel, je n’ai quasi jamais vu mes parents heureux si ce n’est en photo avec un bébé à côté.

    Au niveau professionnel je me fais une joie d’être un peu là quelque part dans cette histoire familiale même si mon rôle n’est pas forcément marquant comparé à l’ensemble de la traversée. Je regrette alors de ne pas être à  100% pour tout le monde.

    En effet, beaucoup de couples seront très heureux de mon accompagnement en centre spécialisé dans le QuandToutVaMal. Les femmes auront leur péridurale (sauf bloc saturé), les conjoints leur fauteuil et puis je viendrai de temps en temps au gré de la centrale de surveillance ou de l’examen horaire. Beaucoup ne demandent pas plus, pas moins. Ils sont tranquilles dans cette salle, écoutent de la musique, et attendent. Et puis l’accouchement se passe. Souvent bien. Je m’arrange le plus possible pour n’avoir qu’à récupérer l’enfant en tendant les bras. Leur famille s’est agrandie.

    D’autres ne se retrouvent pas dans cette prise en charge et souhaiteraient être des acteurs au cœur de la tempête physiologique. Ils ne veulent pas forcément accueillir leur enfant dans l’odeur particulière des murs hospitaliers avec une vue imprenable sur un scialytique branlant. Et pourtant, ils ne sont ni pires, ni mieux que les premiers. Il y a des moyens d’accoucher autrement qu’en gros centre périnataux portés sur la pathologie (et très bons dans ce domaine). Il y a des moyens d’accoucher autrement qu’à l’hôpital tout en étant aussi safe en terme de santé publique, en triant. En triant, le bas risque et le haut risque. Alors oui, ça n’empêche pas les histoires de chasses, LA situation catastrophique qui fait qu’hors maternité équipée c’est le drame… mais… en santé publique on ne raisonne pas en histoires de chasses. Ce qui compte ce sont les chiffres, les chiffres globaux. Je suis alors déçue que l’offre périnatale française ne fasse la part belle qu’aux premiers couples. Vous savez, ceux qui m’adorent, moi, la méchante sage-femme cheftaine de la Centrale de Monitorage.

    Alors, petit à petit, ça bouge. On veut par exemple expérimenter les maisons de naissance en France… enfin… des espaces accolés aux maternités. Pas de « vraies » maisons de naissance comme elles peuvent exister à l’étranger et là, c’est le drame. Ca se bat sur ces folles femmes voulant accoucher comme au Moyen Age…. Et….. SANS MEDECIN ! Qui sont ces couples pour penser autrement ? Surement des gosses de riches partis élevés des chèvres dans le Larzac. Enfin bon, des « pas comme nous » dit-on d’un air un peu condescendant.
    La capacité de l’Homme à juger son prochain en basant son analyse sur un tas de fumier me laissera toujours pantoise. C’est se donner une importance démentielle. Et forcément ça, ça m’énerve.

    On pourrait alors squizzer le débat par la seule question : pourquoi Diable vouloir faire des gamins ?

    Lorsque j’étais moi-même enfant ça me paraissait inconcevable de ne pas en avoir. Puis, en grandissant je me suis dit que quand même, la Vie c’est plutôt pas mal une piece of shit puis en re-grandissant je me suis dit que pas totalement et qu’un enfant au milieu écroulerait mon équilibre fragile. Et puis je me conforte dans ça… d’autant plus que faire un marmot avec une fille c’est un peu tendu… enfin j’ai beau essayé à coup de rapports non protégés, ça ne marche pas ^_^’.

    Des fois je me demande comment ça serait si dans mon couple on voulait vraiment avoir un baybay. Adopter est long, difficile et cher. Adopter un enfant en bonne santé, un peu petit est quasi impossible. Et encore, je parle pour un couple hétérosexuel lambda.
    La Procréation Médicalement Assistée pour moi, c’est juste l’horreur. C’est sans doute une des pires choses qu’un couple puisse traverser et un certain nombre n’en ressortent pas vivants. C’est aussi médicaliser (forcément c’est dans l’appellation) à l’extrême quelque chose qui devrait être si simple. S’y prendre la tête pendant des cycles… Rajoutant à ça l’illégalité pour un couple homo en France, l’obligation d’aller à l’étranger, payer les trajets, la logistique, le boulot qu’on doit abandonner au pied levé… Un sacré parcours du combattant dans un parcours qu’il l’est déjà… (merci France).

    Vous pouvez me dire que je l’ai choisi mon couple hein… ouais…  et vous n’avez pas absolument tort… mais quand même, ce serait un poil abuser.

    Et puis il y a mon métier qui forcément doit biaiser ma relation avec la grossesse, les enfants et tout et tout. Quand plus d’une garde sur deux on se retrouve avec des bébés morts ou en voie de l’être, ou qui ne vivront jamais vraiment autour de soi. Quand on se prend des histoires familiales horribles dans la gueule encore et encore…. on est content de retrouver le confort de son petit couple libre, sans marmaille pour qui s’inquiéter.

    Cette question me tracasse un peu parce que je me dis que si par un miracle impossible je me retrouvais enceinte au sein de mon couple, je le garderai. De même si mon Docteur était un homme et qu’il voulait un enfant je pourrais éventuellement me laisser tenter…. Ou pas.  Et alors, je me dis que la conception ne devrait pas avoir autant d’incidence pour un truc qui ensuite durera des dizaines et des dizaines d’années. Et pourtant… En même temps, il n’y a évidemment pas que cela. Et pourtant…

    Je suis bien à deux.

    Et puis, l’offre périnatale française est de toute façon trop pourrie. (blague)

    Et puis, je serais obligée de ne pas laisser traîner les cadavres de bières.

     

    *Je décline toute responsabilité quant à ce titre


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