• J'ai grandi dans ce qui n'était pas encore un désert médical. Un tout petit village, dans un des départements les plus ruraux de France. Ce petit village, de moins de 1000 habitants, est éloigné de tout : le laboratoire médical et le cabinet de radiologie les plus proches étaients à 20 km, l'hôpital le plus proche à 50 km (enfin, les 3 hôpitaux, mon petit village étant à équi-distance de ceux-ci) si l'on fait exception de la clinique qui se situe à 35 km (enfin, la clinique, vaut mieux l'éviter, sa [mauvaise] réputation la précède). En tant que chef-lieu de commune, mon petit village abritait les différentes structures médicales : le cabinet médical avec ses 3 médecins généralistes, la pharmacie, le cabinet infirmier, le kinésithérapeute.

    J'ai grandi dans ce petit village, avec l'envie dès mon plus jeune âge de devenir docteur. Et c'est parti pour la grande ville, les études de médecine. Mon projet initial était de devenir généraliste et de venir m'installer près de mon petit village (pas trop près non plus, je n'avais pas envie de soigner toute ma famille ni tout ceux qui m'avaient vue grandir). Je le clamais d'ailleurs haut et fort. Et ma famille en était fière. J'avais d'ailleurs déjà eu des contacts avec le maire du village d'à côté. Il me proposait de m'installer, en me fournissant (au moins) un local gratuitement. Ca me plaisait bien comme idée.

    Pendant ce temps-là, la situation à petit village a dégénéré. Un médecin est parti, puis un deuxième, et enfin le troisième. Un nouveau est arrivé, et est reparti quasi-aussitôt. Il y avait bien un autre médecin à 5 km de là, mais il est lui aussi parti. Finalement, la mairie a réussi à recruter un médecin, une médecin pour être précise, allemande, déjà un peu âgée. Les gens étaient un peu méfiants au début, mais ils ont dû se rendre à l'évidence qu'ils n'avaient pas le choix. Il fallait qu'ils acceptent de changer leurs habitudes pour ne pas être privés de MG. Ils ont dû apprendre à avoir un médecin qui n'avait plus le temps de rester manger après une visite, ni prendre un café. Il a aussi fallu oublier le médecin disponible 24h/24 et accepter d'appeler le SAMU pendant la nuit. Les patients ont évolué.

    Et moi aussi. Je suis tombée amoureuse des urgences. J'ai trouvé une spécialité où je me sens bien, où je me sens utile. Je suis certes devenue généraliste, mais avec un diplôme complémentaire en médecine d'urgence. Je ne m'installerai pas près de mon petit village. J'espère que d'autres le feront. D'autant que la situation semble s'améliorer : un deuxième médecin va s'y installer, un autre est revenu dans mini-village à 5 km, une maison médicale se monte à 12 km de là. Mes parents ne seront pas encore #PrivésDeMG.

     


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  • Et là, toutes mes lectrices  me répondent : « le cycle éternel », « oh noooooon Mufasa !!!! ». J’en ai déjà parlé, j’en parle régulièrement, faut croire que ça me travaille. Il y a un an, je dépassais l’âge des réductions : cinéma, transport, clubs échangistes, j’étais devenue (riche) ADULTE et ça m’a fait un petit coup au moral.

    Mais, reprenons, le plus dur était sûrement de recevoir mon diplôme de sage-femme. J’avais un but matériel, des études. J’avais quelque chose que j’aimais, apprendre. Mon DE en poche je n’avais qu’une envie, recommencer et faire une fac que je n’avais encore pas touchée du bout de mes jeans trop grands.

    Mais bon, j’avais un diplôme professionnalisant, un métier pretty cool, bref, de quoi évoluer et m’amuser. J’ai alors appris mon métier, pour de vrai, avec un téléphone dans la poche et des gens qui gonflent poitrine lorsqu’ils te parlent (go go gadgeto boobs). CDD, CDD, CDD des nombres incalculables j’en ai (pas) signé, puis CDI, puis, au boulot ça va. Je suis loin d’être Super Sage-Femme, mais, ça va.

    Déboussolée il me fallait un autre but, alors, j’ai dit oui. A presque tout. Référent machin, biblio de truc, études de choses. A tel point que je me retrouve en réunion à midi après une série de garde de nuits et que je ne pense même pas à ne pas y aller, tellement… il me faut un truc, un truc intellectuel et qui m’intéresse.

    Je rêve tellement de recommencer à zéro, juste pour le plaisir. Je suis folle. Je veux gagner au loto pour ça.

     

    Parallèlement, ma vie personnelle fut une sorte de désastre pendant un temps certain. On doit s’y complaire parfois. On se sent important d’avoir des choses à gérer. Puis, j’en ai eu marre. J’ai attendu et j’ai  eu du Bien, du pas Fucked Up, du stable. Des chats. Des anniversaires. Des projets. Des projets d’adultes. J’ai une putain d’envie de construction. De pouvoir commencer ma vie. Une putain d’envie de Beau. Du Beau au niveau individuel, une sorte de gentille addiction à l’exceptionnel. Du Beau au niveau familial, c’est tellement Moche dehors.

    Mon Docteur revient en Novembre, son dernier stage loin. La dernière fois que quelque part, on pourra sortir l’argument du temps, de la distance, de je-ne-sais-pas-quoi.  On va se poser et être des adultes. Je n’ai jamais voulu être l’Adulte qu’on voit à la télé. Je pense relativement à l’inverse des autres. Elle le sait. Elle me pousse toujours à avancer. En fait, je crois bien que ce n’est pas d’avancer qui me fait peur, mais qu’on puisse un jour s’arrêter. Je ne veux pas m’avancer pour plus loin, me poser.

    Grosse envie de lui prendre la main et qu’on évolue, pour de bon. Dans le même sens. Le sens inverse de Patrick Sébastien. Le sens inverse de tout ce qui me fait détester les gens. Même ceux qui me paraissent moins pire.

    Allez, dis, tu reviens et on commence tout. J’espère que tu ne me prendras pas pour une folle. ^_^’

     

    Ma vie, j’aimerais tellement qu’elle soit un joyeux bordel jusqu’à la fin.


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