• Les couples me demandent parfois si je suis émue lors des accouchements... Etant une #MéchanteSF froide et insensible je pourrais facilement répondre NON et puis basta. Mais néanmoins, j'aimerais y apporter quelques nuances.

    D'abord, je vais parler uniquement du cas où je suis l'interlocuteur principal du couple, comprendre sans étudiant. L'étudiant, bien que parfois mignon, biaise clairement ma relation. En sa présence mon objectif est d'intervenir le moins possible afin qu'il acquiert une position de soignant et qu'il se confronte aux durs réalités d'un triste monde tragique. La patiente pourra alors écrire sur les forums que la sage-femme n'était pas très présente mais qu'heureusement, il y avait un étudiant (!!).

    Ce point éclaircit alors, non, je ne suis pas émue dans le sens "oh c'est merveilleux, un nouvel être qui entre dans le monde", ça c'est le rôle des parents. Ce n'est pas mon enfant. Néanmoins, plus le temps passe, plus je prends une certaine assurance et je peux prendre un peu plus le temps de voir autre chose que la technique pure et simple, les autres patientes qui m'attendent douze salles plus loin et la relève qui arrive alors que je suis à la bourre.

    Un accouchement, c'est toujours un investissement personnel important. On y va en annonçant à tout le monde "ayé, j'y vais !". C'est aussi une source de stress sachant qu'on est loin de maîtriser tous les éléments de l'équation (comment la présentation va descendre, que va faire le rythme cardiaque foetal, le périnée sera-t-il doux et moelleux etc...). Les responsabilités sont importantes, les conséquences d'une erreur que je pourrais faire également. Du coup, l'émotion de la vie qui nait, euh... Mais par contre l'émotion tout court, surement. Il y a donc ce stress, la gymnastique intellectuelle, la situation médicale qui fait que sur le moment je peux être très concentrée et à la fin très heureuse. Heureuse si j'ai l'impression d'avoir fait du bon travail. C'est en effet très satisfaisant d'un point de vue professionnel d'avoir participé à un événement personnel important pour le couple et d'en avoir fait quelque chose de propre. Oui propre, sans éclaboussure sur le sol, sans ouverture de 36 000 boites stériles, sans refaire une table de réanimation. Moins on utilise de matériel, plus les aides soignantes ou ASH seront heureuses mais surtout, plus l'accouchement aura été soft.
    Alors oui, dans ce cas, je pourrais prendre le temps d'être un peu émue d'avoir fait ce que je pense être du bon travail.

    D'autres fois, ça ne se passe pas ainsi. C'est plus rare, j'essaie de l'éviter au maximum, parfois contre vents et marées et là, ne venez pas me demander si je suis émue de la vie naissante.

    Et encore d'autres fois les situations sont tellement catastrophiques de base qu'on a juste comme objectif de survivre à la journée.

    Dans le métier de sage-femme on est au centre de plein d'émotions pouvant nous assaillir. On y fait face, on les combat parfois et parfois moins. "Et vous, vous êtes émue lors d'un accouchement ?" surement pas de la même manière que vous, les parents. Mais on a certainement le coeur qui bat un peu plus vite.


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  • Les Vieilles Bricoles de Knackie reprennent certains textes courts écrits du temps où j'étais jeune. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur.

    Warning attention, ceci n'est pas de la poésie, je ne suis pas poète, je ne compte aucun pied et ce texte est imparfait, c'est bien pour ça que nous sommes différents lui et moi.

     

     Comme dans un film porno

     

    Je freine à l’entrée du grand rond
    Un peu paumée dans la direction
    La policière plus que charmante
    Approche et se montre clairvoyante.

    Mon doigt lézarde sur la portière
    Et d’un crissement fait jaillir l’air
    Je vais me faire la policière
    S’est écrit sur ma plage arrière.

    Je l’emmène droit vers sa cabotte
    Elle m’attache avec ses menottes
    C’est qu’elle me rendrait patriote
    Lorsque je dissous sa culotte.

    Là voilà qui me prend la main
    De son souffle fait durcir mes seins
    La policière est si mignonne
    Que j’en oublierais d’être conne.

    Mon réseau adrénergique
    pénétration, plus d’pantalon
    Ouvre mon cycle limbique
    fine dentelle, mèche rebelle
    Il se prépare un vaste pic
    peau mouillée, goût sucré
    De sécrétions ocytociques.

     


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  • Je voulais vous parler de ma vie, c’est rare quand ça m’arrive. Un moment suffira y’a pas grand-chose à dire. Qu’il disait. Justement.

    Sauf que comme je suis totalement mégalo alors je vais faire un article de blog.

     

    Donc, tout a commencé il y a une petite vingtaine d’années, disons, presque une trentaine. Je naissais. Je vivais entourée d’adultes ou quasi adultes et à l’extérieur, dans une école de gens méchants. Enfin… ils n’étaient surement pas diaboliques mais… inintéressants pour la plupart, venant pour beaucoup d’une petite bourgeoisie blanche mais crasseuse. Le mieux, j’y suis restée jusqu’au bac. Ué, mais je n’ai jamais eu droit au lycée de gauchos qui refaisaient le monde. Non. Ils voulaient devenir ingénieurs.

    Durant toutes mes jeunes années, j’ai vécu plus ou moins brimée, moins ou très moins intégrée, à parfois avoir un petit frisson aujourd’hui, lorsque je vois certaines suggestions Facebook. J’y ai sûrement même appris à ne pas vouloir m’intégrer car « de toute façon, les gens, c’est que des cons ». J’avais très peu d’amis et ils n’étaient pas vraiment proches. D’ailleurs je ne garde plus aucun contact de ces années. J’ai probablement dû passer par une phase ado déprimée jouant de la guitare pourrie en regardant par la fenêtre. Mais, l’honneur reste sauf, je n’ai jamais eu de skyblog. Je me demandais si ça finirait un jour.

    A la fac, autre monde, autre gens, j’ai vraiment commencé à vivre… en P1. Deux ans parmi les plus durs et merveilleux de ma vie. Avant, il y a quand même eu internet et son ouverture sur ailleurs. Ca aide.

    Mais je garde indubitablement une réserve envers les groupes sociaux. Pour moi, Le Groupe était celui qui ne me voudra jamais. Qui se sentant fort me blessera alors que ses membres sont pourtant si faibles individuellement. J’ai fait l’inverse. Seule et forte. Me fichant de ce qu’on pouvait penser, maniant la dérision et les 36ème degrés.

    Alors, j’ai pris le contre-pied. Je n’ai pas fait énormément de choses comme tout le monde et ça m’a ouvert les portes de groupes plus restreints, plus amicaux. Et putain là, j’ai découvert la facilité de la vie lorsqu’on ne bataille pas seul contre des moulins. De temps en temps, ça fait du bien d’être parmi des gens dont tu ne pars pas avec un capital sympathie négatif. Mais, malgré tout, je n’y arrive pas, enfin, pas longtemps. Je suis une traumatisée des groupes. Je préfère 1000 fois passer 1000 heures avec une ou deux personnes (à poil) que l’inverse (et je vous laisse chercher quel est l’inverse). Je n’aime pas la superficialité et la simplification impliquant le groupe. Mais d'un côté seule avec quelqu'un nous empêche d'être mutique et ça aussi, peut être dur.

    Pourtant, je me trouve sur le chemin, non pas d’une guérison, mais d’une faisant fonction de guérison. Parfois je groupise avec un plaisir sincère. J’arrive à prendre certains membres plus ou moins individuellement (…) et à communiquer. Des fois, ça abouche sur des coups de cœur hallucinants. Pour les gens normaux, c’est peut-être normal… mais pour moi, lorsque je déniche quelqu’un m’inspirant autre chose que la peur, l’ennui, le dégoût, l’indifférence, c’est énorme. Plutôt solitaire, n’aimant pas la rencontre avec des gens non-proche (oui, le serpent se mord la queue) je ne me donne pas beaucoup l’occasion pour que ça arrive. Mais, c’est pourtant tellement bon.

    Je suis peut-être une traumatisée des rapports sociaux, et oui, j’entretiens peut-être cela alors quelque part, ça me convient mais… mais… Ce soir je vais me retrouver seule alors que j’aurais vraiment bien envie de refaire le monde ivre en tentant de dessiner un pénis portugais parce qu’une péniche c’est trop dur (devrait y avoir un copyright là-dessus tellement que c’est trop bon).

    Je stoppe et je regarde. J’ai « choisi » une vie familiale en marge (deux chats c’est beaucoup), une profession de persécuté(e)s sous payé(e)s et sur twitter je fais rarement des #Hugs parce que je suis méchante. Je ne veux pas être membre d’un quelconque groupe. Non sérieux. Le gens est intéressant en électron libre et instable, en sa contradiction. Et contradictoire je le suis foutrement parce que à vous je peux le dire, le groupe je l’aime autant que je le hais.

     

    Et si ce blog était un skyblog, j'aurais même mis ça entre deux Vierge pleurant du sang.


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  •  

    Le 5 mai célèbre la Journée Internationale de la Sage-femme. Partout dans le monde, des femmes deviennent mères, des enfants naissent. Leur santé nous tient à coeur, de même que leur bien-être émotionnel. Partout dans le monde, les conditions entourant cet événement peuvent être difficiles, chacune à leur échelle.

    L'International Confederation of Midwives souligne le rôle essentiel des sages-femmes auprès des femmes
    Pour appuyer l'appel de l'ICM, dix bloggeuses et blogueurs sages-femmes ont imaginé un monde où leur profession n'existerait pas...

     

    Je pourrai vous la faire version apocalyptique, du sang, des morts, de la haine et du désespoir. Mais je vais rester simple. Factuelle. Il y a plein de systèmes de soins où les sages-femmes existent peu, voire pas du tout.

     

    Sans sage-femme, une femme enceinte fera suivre sa grossesse par un médecin. Gynécologue ou généraliste. Elle se préparera à la naissance et à la parentalité, quand même. Avec d’autres gravides elles se réuniront sur des ballons pour parler de leurs espérances dans une grande salle de la maternité où elles se seront inscrites.

    Là, une infirmière ou une auxiliaire de puériculture exposera les diverses modalités de l’institution. Quand venir, comment se passera l’accueil. On donnera des informations sur l’agencement des chambres, l’heure des visites mais aussi, le suivi en salle de travail, quelles perfusions, quelle analgésie etc…

    Puis, la femme enceinte se mettra à contracter. Accueillie par l’infirmière d’accueil des urgences, prise en charge par une infirmière obstétricale. Cette dernière aura le droit d’effectuer un toucher vaginal et de diagnostiquer la mise en travail. Une fois en salle de naissance, la patiente sera monitorée, le fœtus également et on retranscrira tout cela sur un écran dans la salle de soins où le médecin responsable de la salle pourra les étudier. Les examens vaginaux seront effectués par l’infirmière. Si le travail stagne, le rythme cardiaque faiblit ou autres problèmes, cette dernière en réfèrera au médecin responsable de la salle qui ajustera les prescriptions. D’ailleurs, à dilatation complète on l’appellera pour assister l’accouchement. Il suturera au besoin. Révisera au besoin.

    Le nouveau-né sera confié au pédiatre pour qu’il effectue son premier examen.

    Puis, la patiente sera transférée en suites de couches. Les infirmières , aides-soignantes et auxiliaires de puériculture passeront plusieurs fois, constantes, soins de cicatrice, mise en place de l’allaitement. Le médecin fera sa visite une fois par jour. Autorisera la sortie et rédigera les ordonnances. La visite post-natale sera assurée par le médecin ayant suivi la grossesse.

    Pour la rééducation périnéale, il y aura le kiné. Pour le suivi pédiatrique classique, le pédiatre ou le généraliste. Pour l’allaitement, le pédiatre ou le généraliste. Puis, la vie gynécologique de la mère reprendra et elle reverra son gynécologue ou son généraliste pour sa contraception, ses frottis etc…

     

    Un monde sans sage-femme est parfaitement possible. Mais cependant en France, elles existent. Ce sont des professionnels médicaux exerçant en toute indépendance. Leur compétence est large autour du suivi gynécologique de prévention et de la prise en charge de la grossesse, de l’accouchement et du post-partum. Dans le texte ci-dessus, selon le système périnatalité français, vous pouvez remplacer médecin (généraliste, gynécologue ou pédiatre) par sage-femme à chaque fois. Vous pouvez également remplacer infirmière ou kiné par sage-femme. Un seul professionnel pour tout un tas de situations. On tient là la vraie particularité de la sage-femme : elle n’en a aucune propre si ce n'est la connaissance de la femme, de sa patiente et de sa physiologie. Elle exerce son métier de manière transversale: obstétrique, pédiatrie, urgences, anesthésie… avec au centre la femme, sa famille et sa santé.
     

    Au sein de l’exercice médical, sage-femme est une des rares spécialités où le patient est au centre, dans son tout, et non morcellé en différents organes. Alors oui, ils ou elles sont remplaçables… mais… ça ne serait pas un petit peu dommage ?

    Le 5 mai, journée internationale de la sage-femme. Brève occasion pour promouvoir ce métier particulier, parfois raillé (check Odile) et je l’espère, aux compétences souvent appréciées.

     

     

    Laissez-vous guider par les mondes sans sage-femme de :
    10lunes : http://10lunes.canalblog.com/
    Ella : http://ellaetvalentin.blogspot.fr/
    Bruit de Pinard : http://bruitsdepinard.canalblog.com/
    Miss Cigogne : http://misscigogne.overblog.com/
    Marjeasu : http://marjeasu.blogspot.fr/ 
    Ellis Lynen : http://ellis-lynen.over-blog.com/
    NiSorcièreNiFée : http://nisorcierenifee.wordpress.com/
    SophieSageFemme : http://liberteegalitematernite.com/
    Jimmy Taksenhit : http://orcrawn.fr/

     

    EDIT: Vidéo créée par les étudiants sages-femmes de Toulouse reprennant les compétences du métier, spécialement pour l'occasion


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