• Les Vieilles Bricoles de Knackie reprennent certains textes courts écrits du temps où j'étais jeune, dont certains s'inspirent librement de mes expériences au contact du monde médical. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur.

     

    Plus con que les autres

     
    On veut tous des enfants beaux et intelligents, Tom lui était plus con que les autres. Aujourd’hui lorsqu'on est bête on reçoit la COTOREP et beaucoup de regards suspects. Tom lui ne les connaîtra jamais. Dans une contrée comme celles des contes de fées, une différence génétique ne se révèlerait pas comme fardeau. Mais Tom n’existait pas seulement sur l’encre de mon stylo.

    Trois chromosomes ça fait bien un de trop pour nous, humains. Trois chromosomes, et la société t’en fait baver. C’est ainsi que je me retrouve à installer les champs stériles dans cette salle de bloc obstétrical. La sonde d’échographie repère le fœtus pour que quelques minutes plus tard une aiguille vienne se planter dans son cœur. Il fait chaud sous le masque. Ventricules et oreillettes cesseront vite de battre, putain de direct. La maman garde les yeux fermés, je maudis les circonstances qui font qu’à Tom nous ne lui laissons pas sa chance.

    Très vite le geste se finit, je retire les champs, nettoie le ventre de la mère et elle reçoit quelques comprimés qui vont accélérer les contractions. Dans quelques heures le fœtus sera expulsé,.On a évité que naisse un individu atteint "d’une maladie incurable d’une particulière gravité". Tom était trop con, et devoir vivre parmi nous aurait peut-être été le symptôme le plus grave de son affection.


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  • Les Vieilles Bricoles de Knackie reprennent certains textes courts écrits du temps où j'étais jeune, dont certains s'inspirent librement de mes expériences au contact du monde médical. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur. Ici vous avez droit à texte... adolescent... simili de réflexion, déjà, sur ma relation au net, les gens, le mal et le malaise.
     
     
    C'est pas ma faute
     
     
    La dernière ampoule vient de lâcher. Seul, veille mon écran encore vivant. Près de moi un vieux rockeur crachonne sa peine au travers du transistor. Je vais dans le salon Mangas, elle y sera peut-être. Jeune, belle, qui la nuit rêve encore. Elle y sera sûrement, celle qui m’enveloppera de sa fraîcheur, me nettoiera de mes bières, ma graisse et mes ans. Le clavier me déforme, gribouille la fenêtre, y forme un être drôle, intéressant, attirant.

    C’est pas ma faute,
    Et quand le jour je vis rampant, j’attends le soir où je captive leur désespoir.
    C’est pas ma faute, je l’ai compris il y a bien longtemps.
    Pourquoi lutter ?
    C’est pas ma faute.

    Sa photo me regarde, un sourire charmeur, un maquillage sombre, une petite des années 90 alors que je faisais 68. On se parle toutes les nuits, à chaque fois un peu plus tard. Elle me décrit sa ville, son collège, sa chambre. Je sauvegarde le moindre mot, les relis parfois au boulot.

    C’est pas ma faute,
    Quand son image me brule les sens, elle me rend fort.
    Bien plus que tout ce qui est juste.
    C’est pas ma faute, si elle appuie où je souris.
    C’est pas ma faute.

    Par caméra interposées je lui montre mon coin de mur le plus parfait. Gris, quelques affiches, celle de Bleach plait souvent. Puis sur une petite table un cadre photo où l’image démo d’une femme et d’un enfant me fait office de famille.
    A son tour. Je pénètre doucement dans son espace où son vernis noir côtoie sa peluche anti-stress barbapapas. Elle m’ouvre sa garde-robe, me demande quelques conseils. Je prends quelques captures d’écran, les caresses parfois dans le métro.

    C’est pas ma faute,
    Si elle m’offre plus que ce que j’ose lui soutirer.
    Dans sa lueur raisonne l’espoir d’un instant meilleur,
    C’est pas ma faute à moi.

    La voilà qui pleure, un garçon quelconque s’est lassé de ses formes, pas assez femme, de sa vertu, pas assez souple. Elle voudrait me voir. Je passerai la prendre à la sortie des cours, comme toujours. Et comme toujours personne ne remarquera cette crasse au col de ma chemise. Elle criera peut-être, lorsque je m’essuierai sur elle de tous mes échecs. Puis le silence.

    C’est pas ma faute.
     

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  • Les Vieilles Bricoles de Knackie reprennent certains textes courts écrits du temps où j'étais jeune, dont certains s'inspirent librement de mes expériences au contact du monde médical. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur.

    J'ai eu des cours bien inutiles, le pompom étant surement ceux de sexologie nous débitant des débilités si débiles... J'ai également réalisé un mémoire, avec une étude et tout et tout... bien moins drôle que celui ci-dessous.

     

    Le mémoire - Cursus, sexologie

     

    Je suis étudiante en sexologie. Ma situation prête à sourire du moins d’après les histoires des piliers de bars. Dans l’amphi j’apprends le sexe et sa logique. Il n’y a bien que d’antiques professeurs pour trouver cohérence raisonnée aux concupiscences du bas-ventre.

    Etudiante en sexologie cela constitue mon parfait alibi. Je dois rendre mon mémoire de fin d’études sous peu et l’objet de mon enquête n’est autre qu’un sujet de conquête. Elle s’appelle Philomène, flirte avec la trentaine, et parle souvent des plages de Guinée Equatoriale. Au premier regard je sortais mon bavoir. A l’époque j’aurais surement chaussé mes gros sabots pour l’inviter à user de mon clic-clac grand confort. Aujourd’hui je sais, l’approche frontale fait fuir la partenaire convoitée qui dans un contexte de non réceptivité voit la tentative de séduction comme une agression. Schobner le décrit fort bien.
    Alors, tact et délicatesse permettent-ils de trouver maîtresse? Point d’étude randomisée, juste Philomène, sa peau dorée et des nuits passées sans sommeil.

    Tout d’abord, s’approprier la routine de l’adversaire. Son capuccino de onze heures allait être l’occasion d’entrer en communication. Je découvre ainsi que sa bouche présente intérêt aussi bien de loin que de près. Nous conversons, gentiment, calmement, ne pas me trahir.
    Je lui apprends mes activités de future diplômée. On s’en doutait, elle est amusée. Les soirs arrivent et je les passe avec elle, son groupe d’amis, ses mètres de bières. J’adore les fins de soirées où l’alcool sert d’excuse idéale à quelques gestes qui sinon seraient déplacés.
    J’annonce à Philomène mon projet d’en faire mon devoir de faculté. J’oublie cependant de préciser que mon dessein va plus loin. Flattée elle se met à me parler de ses histoires plus ou moins bâclées, de ses hommes toujours trop ou plus assez. Seconde leçon, courtiser l’égo de l’être visé.

    Je ne lui dis pas que je serais bien meilleure que tous ces amants inachevés. Néanmoins je le pense assez fort pour que mes mains côtoient ses reins. Elle ne proteste pas mais s’éloigne remplir son verre. Ne pas revenir à la charge. Oublier sa nuque longue et dégagée, feindre l’indifférence devant ses formes vallonnées. Darwin, Freud, Malinowski, donnez moi la force ! Je bafouille quelques mots dignes de « ce soir j’ai piscine » pour m’éclipser.

    Je la laisse reposer et ce n’est que quelques jours après que je la croise à onze heures auprès d’une certaine machine à café. Elle me sourit. Lui aurais-je manqué ? Elle me parle et je n’écoute pas, trop occupée à me demander ce qu’elle pourrait penser. Je décide de fixer la racine de son nez. Je vois alors que toute la lumière y est concentrée. Etrange, voici donc le point central de son visage à partir duquel se dose chaque partie. Je veux en apprendre plus, et sans m’en rendre compte je m’approche si près qu’il se pourrait que mes lèvres effleurent les siennes. Du moins je le crois…Est-ce que cela s’est produit ? Je ne suis pas sure. Je quitte son nez pour une vision plus globale. Je ne décèle pas d’air courroucé, pas de marque d’étonnement. Ai-je rêvé ? Peut-être pas car la voilà qui me demande d’aller chez moi.

    Ce jour-là un clic-clac grand confort livra bataille puis fut laissé pour mort par une étudiante en sexologie qui dans tous ses livres de théories pourra tamponner la mention « Lu et Approuvé ».


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  • Les Vieilles Bricoles de Knackie reprennent certains textes courts écrits du temps où j'étais jeune, dont certains s'inspirent librement de mes expériences au contact du monde médical. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur.

     

    Elle voudrait arrêter de fumer

     

    Mes yeux s’attardent sur ses ongles cassants et jaunis. Nous parlons de tout et surtout de rien, elle voudrait arrêter de fumer. Chacun de ses doigts sont aussi larges que deux des miens et sa main rouge aussi gonflée qu’un mollet thrombosé. Elle garde son blouson Décathlon et me parle du futur papa, tout le monde chez elle veut bien faire pour l’arrivée du bébé. Mon regard monte vers ses poignets aux veines incendiées, elle me raconte qu’au travail on a déjà aménagé ses journées.

    Elle a d’elle-même décidé de diminuer les doses de son substitut à l’héroïne, pensant bien faire. Trois jours pas faciles où son corps et son habitant ont enchaînés les grands huit. Un peu comme si on vous scotchait devant Cauet, sur un siège en rotation, dans une pièce où raisonne son rire benêt.

    Elle voudrait arrêter de fumer mais sa chair entière rejette le Subutex qu’elle s’injecte. L’eau sale et la poudre censée s'avaler détruisent les veines qu’elle a de plus en plus de mal à dénicher. Elle me dit que le geste se révèle aussi addictif que la molécule et le matin elle trouve ses mains très enflées... Elle sait qu’il serait préférable de gober ses comprimés.

    D’un trait, je raye « prendre consult tabaco » de mon carnet.


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  • J'inaugure une nouvelle rubrique, Les Vieilles Bricoles de Knackie qui reprend certains textes courts écrits du temps où j'étais jeune, dont certains s'inspirent librement de mes expériences au contact du monde médical. Ils trouvent ainsi une place nouvelle, et peut-être, un regain de fraîcheur. Alors... commençons léger !

    Stay on the scene

    Près de chez moi se trouve un monsieur
    Que d’aucun conterait graveleux
    Je vous dirais bien où il habite
    Mais il pourrait vous montrer sa bite.

    Connu pour être piètre chasseur
    Un plomb a sonné son heure
    Je dirais bien où il bourrine
    Mais il pourrait vous montrer sa pine.

    Son joli syndrome frontal
    Fait de lui un patient jovial
    Et je vous dirais bien où il caquette
    Mais il crierait sûrement: quéquette !

    Alors, bien heureux le malotru
    Qui une balle dans le cortex
    Ne pense plus qu’au sexe.


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