• C'était il y a fort fort lontemps, dans un pays très très lointain... Enfin... j'étais étudiante en dernière année, et j'étais en stage à PresqueMontagne (copyright SophieSageFemme) en hiver. L' hôpital de PresqueMontagne m'avait gracieusement offert le gîte, une maison à quelques kilomètres de la maternité, autrefois pas mal mais qui tombait en décrépitude. Je la partageais avec mes compagnons fantômes de galère que je ne voyais jamais. Mon planning, Jour-Nuit-Repos-Repos Jour-Nuit. Pour ne pas me pendre avec le premier fil électrique venu, je rentrais chez moi le plus souvent possible, parfois même après le premier Jour de la série, ça me permettait de voir mon presque Docteur.

    Et puis, comme c'était l'hiver, la neige fût annoncée. La neige à PresqueMontagne, banal, mais aussi ChezMoi, plus rare. Puis, beaucoup, beaucoup de neige. Du genre à faire tellement paniquer les gens de ChezMoi pour qu'ils pensent camper à l'hôpital afin d'assurer leur service. Moi j'avais le gîte à PresqueMontagne, je n'étais pas loin de la maternité, en roulant doucement sur des routes pseudo-déneigées, même sans aucun équipement, ça pouvait passer. Juste, penser à ne pas garer la voiture devant la maison, après l'énorme pente glissante que je ne pourrais jamais gravir une fois la neige tombée.

    La version sage était donc d'aller le soir à PresqueMontagne, la veille de mon jour de garde, avant qu'il neige. Ainsi je m'évitais la route sous le blizzard ChezMoi-PresqueMontagneLaMaternité. Seulement... ça me faisait passer une nuit seule là bas, au loin... alors j'ai préféré passer la soirée avec mon presque Docteur que déjà, je ne voyais qu'épisodiquement. Je me disais que, si par hasard, le lendemain il neigeait vraiment beaucoup, je ne tenterais pas le diable.

    A 5h du matin (oui j'avais prévu large), sonnerie du réveil. Coup d'oeil dehors, la nuit, pas vraiment de neige, banco, j'y vais ! 6h, je passe le péage de l'autoroute, quelques flocons. Passent quelques mètres et là, tempête de neige. Quasiment personne sur la route sauf moi et des chasses-neige qui vont... dans l'autre sens. De temps en temps je croise parfois des voitures sur la bande d'arrêt d'urgences et des traces de pneus qui vont vers les glissères de sécurité. Rassurant. Je roule alors prudemment, ne pas freiner que je me répète, des fois j'atteins des camions qui m'ouvrent la route. Un peu moite je vois un panneau "aire de Machin, 20km" Arrivée à ce stade il me restera moins de la moitié du chemin, j'aviserai à ce moment là. L'aire passe, toujours pas d'accident, je roule à 60-70km sur l'autouroute, je trouve un bon rythme, je décide de m'aventurer jusqu'à mon stage et fais abstraction des traces amenant vers le petit fossé.

    7h30, je suis à l'heure. Les gens sont un peu surpris de me voir sachant que je viens de ChezMoi, d'autres sages-femmes faisant également la route ne sont pas arrivées. La garde commence, plutôt chargée. Des  femmes accouchent et la sage-femme de salle cherche à me faire râter tous les accouchements en préférant m'envoyer faire des consultations pile au moment de la poussée. Je suis passablement énervée. L'équipe est bizarre. Le boulot est naze et j'aurais presque l'impression d'être en trop. Tout ça pour ça. Bref, la garde se termine tout de même, elle ne m'a servi à rien sauf qu'elle est validée.

    Je retourne à mon gîte, je dois me garer loin pour éviter la pente. Je marche, j'ai de la neige jusque au genou, en jean et en basket. J'arrive finalement. Je regarde la télé 30cm dans un clic-clac qui a perdu ses lattes. Le lendemain je fais la nuit.

    La nuit se passe mieux. Toutes les sages-femmes qui viennent de ChezMoi regardent le site de Météo France, alerte Orange. Elle se demandent si elles rentreront le matin. Je m'en fout, j'annonce que quoi qu'il arrive moi JE rentre et que si elles hésitent elle peuvent toujours prendre place à bord. Finalement, la garde finie, je rentre seule, les autres co-voiturent. La neige a laissé place au verglas, le plus dur est d'arriver à l'autouroute. Puis, tout roule.

    Des fois je repense à cet hiver. La neige c'est bô .


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  • Certains l'ont peut-être déjà remarqué, nous approchons des fêtes de fin d'année, à savoir Noël et Nouvel An. Contrairement à ma moitié, j'aime bien Noël et ce pour plusieurs raisons. Déjà, un gros monsieur en rouge qui nous offre des cadeaux c'est plutôt sympa. Ensuite manger et boire plein de bonnes choses sans avoir honte c'est plutôt délicieux, et ensuite ça sent bon le sapin.

    Noël pourrait me faire écrire un article très cynique, je pourrais parler de la faim dans le monde, des enfants qui fabriquent nos jouets, et de ces pauvres petits grains de raisin pressés pour notre unique bonheur. Mais bon... J'ai quelque chose qui vous cloue le bec à tous, je travaille à Noël, le 24, le 25, et puis même le 26 tiens. Comme pour la précédente, la magie de Noël ne passera pas par moi cette année. Alors oui, un repas de service est organisé et pour tout dire, je trouve ça un peu glauque de fêter Noël vite fait entre deux hémorragies avec des gens que tu n'aurais jamais invité devant une volaille farcie chez toi. Mais bon... ça se fait.

    Vous pouvez alors me rétorquer, oui mais toi à Noël, tu donnes la Vie ! Ah-ah. Je ne perds pas espoir un jour de vraiment intégrer mon Docteur aux joies des guirlandes, des épines et du papier qui fait brrrshhh brrrrshhh. Et sur twitter, tous ces gens confectionnant leurs bredele me foutraient presque les boules. Chez nous il fait même pas froid.

    Alors, j'ai choisi Nouvel An, Nouvel An parce que c'est la seule fête qu'on est presque sures de pouvoir avoir à deux. Nouvel An parce que ça ne m'oblige pas à l'intégrer à ma famille, et que ça ne m'oblige pas à m'intégrer à sa famille. Nouvel An parce qu'ainsi on fait ce qu'on veut. Mais quand même, ce n'est pas tout à fait pareil.  Pas si associales que ça, on a opté pour un Réveillon du 31 avec des autres gens que nous, mais pas trop. On arrive par le train le 31, et on repart le 1er. Il y aura surement plus de personnes inconnues que connues.

    Tout ça pour dire, si vous l'aviez loupé, les fêtes de fin d'année arrivent.

    J'espère vraiment beaucoup tout plein échapper au cynisme de l'obstétrique. J'ai tout  bien fait pour. Un joli article. Toussa. Allez quoi.


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