• Soignant c'est un bien grand mot. Un soignant c'est un être fort, un super héros en vêtement informe avec des traces de marqueur qui partent pas. Tout au cours de sa formation il a acquis une technique irréprochable, il sait maintenant sauver la vie des gens (en réglant les chaînes de la télé). Et puis il sait aussi comprendre les gens, les écouter et comprendre leur souffrance grâce à ses cours théoriques sur la vision freudienne du développement de l'Homme (quand la télé déconne, un monde s'effondre).

    On veut des soignants toujours plus humains. Toujours plus chaleureux, toujours plus compréhensifs, toujours plus doux qu'un roudoudou... mais... qui peut être humain et constant dans ce qu'il renvoit aux autres? Je ne sais pas vous, mais pour moi la nature humain, de base c'est l'inconstance. Un professionnel de santé "humain" peut avoir ses bons jours, ses mauvais, être fatigué à un moment donné, touché par quelque chose, quelqu'un et, de fait, ne pas forcément renvoyer l'image de l'être parfait. Si par malheur le patient perçoit cette faiblesse, toufoulcan. Un ton un peu plus sec, une poignée de porte ouverte un peu trop vite et là, c'est le drame. Le patient va le prendre pour lui, se braquer, et se dire que la personne en face, ben elle est méchante (na).

    En tant que professionnel de santé, on n'est pas censé faire pâtir les patients de nos journées parfois compliquées mais là c'est une véritable interrogation. Doit-on aller vers la fermeture des affects et faire le robot joie-et-sourire, le monsieur Empathie (mot clef à souligner douze fois pour l'examen)? Ou doit-on aussi garder un peu d'être humain dans le slip au risque de laisser paraître des attitudes/intonnations qu'on ne voudrait pas et qui seraient néfastes pour la sacro-sainte relation soignant/soigné ?

    Vous allez me dire que la réponse est facile, il faut un juste milieu. Et comment faire lorsque les heures et les situations difficiles s'accumulent? Lorsqu'on aimerait juste s'assoir, discuter, dans penser aux 678646 autres patients, le doigt sur le bouton rouge, qui eux aussi veulent leur part de toi?

    Vous allez aussi me dire que je me plains beaucoup, tout le temps, constamment. C'est juste que j'aimerais faire tellement mieux. J'ai comme une impression de faire au moins pire. Alors, peut être que d'autres se posent moins de questions mais... Je n'ai pas fait ce métier pour me contenter de regarder un diplôme sur Canson jauni (même s'ily a le verbe jouir dedans), et me dire que ué, c'est cro bien. J'ai du mal à me dire que la périnatalité en France c'est bien, que l'Hôpital c'est bien et que les gens sont géniaux. Quelque part ça m'embête d'être une goutte d'eau de tout ça et j'ai toujours un peu peur de me transformer en sage-femme cinquantenaire avec des bagues, des bracelets qui font bling bling et une tête remplie de MoiJeSais.

     Quoiqu'il en soit, mes vacances commencent et je pense que j'en ai un peu besoin. Bonne rentrée à ceux qui font comme tout le monde, et bonnes vacances aux autres. Hiiiiiiiiiii !


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