• C'est bien connu, la France regorge de sages-femmes, la faute au Numerus Clausus aberrant qui autorise quasiment tout le monde à entrer dans les écoles *ironie inside*.

    Des fois, je prends des nouvelles de mes keupins de promo et même de ceux que je n'aime pas, et ils sont nombreux vu que j'aime pas les gens. Beaucoup s'appretent donc à pointer au chômage, cherchent une reconversion, errent de mater en mater, font un boulot peu ragoutant. La lose quoi. Pourquoi donc ? Tout d'abord les hôpitaux publics n'ont pas de poste. Pour pouvoir être embauché dans la fonction publique hospitalière et donc être en CDI il faut qu'un poste soit libre. Sauf que quelqu'un peut détenir un poste et ne pas travailler pour autant (congé mater, formation, dispo, temps partiel...) du coup on a besoin de monde quand même mais on ne peut pas faire signer de CDI et on emploie en "précaire". On se retrouve donc dans beaucoup d'hôpitaux avec des CDD sage-femme d'un mois, deux, trois, renouvelables au dernier moment ou pas du tout du jour au lendemain avec un petit espoir de CDI dans plusieurs années, voire jamais car on a 10 sf prioritaires avant nous. Un état de précarité sans compensation financière vu que dans le public contrairement au privée ce n'est pas une obligation légale.

    Alors il y a le privée. Le privée embauche sauf qu'on y fuit un peu les CDI car signer un CDI là bas c'est un peu bloquer son avancement. En effet, toute une carrière en clinique c'est au final être moins bien payé, et ne pas tellement évoluer dans son poste. Et puis surtout, travailler comme sage-femme en clinique selon les établissements, c'est pour beaucoup être dans un rôle paramédical, c'est aussi faire du chiffre voire le sous-fifre. Je ne dénigre pas ces structures hein, ça dépend des établissements :-) Ceci dit, lorsque je dis que le privé embauche c'est aussi avec parcimonie, on est loin du plein emploi.

    Reste donc le libéral. Oui... difficilement rentable lorsqu'une cinquantaine de sf se trouvent dans un même département et si on veut être moins entouré de collègues on est aussi beaucoup moins entouré de patientes potentielles au km².

    Et moi ? Comme beaucoup mon contrat va finir par arriver à échéance dans pas si longtemps que ça. J'ai apparemment travaillé assez longtemps pour toucher le chômage contrairement à certains, youh(ouh, une chance ! Mais bon, je pourrais peut-être continuer à travailler vu que je suis trop forte.

    Rahlala, faites des gosses qui disait... c'est pas pour ça qu'on financera de nouveaux postes de sages-femmes. L'humain coûte bien trop cher.

    Sinon effectivement je vous vois venir avec "mais eeeeuuuuh dans ma mater on cherche mais on trouve jamais personne". Il y a des températures moyennes minimales en dessous desquelles PERSONNE ne viendra chez vous, faut pas pousser !


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  • Si vous cherchez un article de fond sur la réforme de la première année des études médicales et pharmaceutiques, passez votre chemin, googler, mon article sera gras et futile. Aujourd'hui je n'ai rien de mieux à faire que de me marrer sur you tube à regarder des video d'amphi de médecine, le tout avec un petit chaton qui tantôt me tète le bras, tantôt me lacère la main. Sinon je pourrais aussi acheter à manger... mais laisser un chaton seul est-ce bien sérieux?

    Donc voilà. Cet article va simplement pomper des videos (ssssssssss) ayez l'ADSL.

    Tout d'abord, l'entrée dans un amphi de P1, c'est toujours drôle. Mais des fois on meurt. RIP à ceux qui y ont laissé quelques cotes.

    Une fois assis on a parfois la visite de nos aînés tout contents d'avoir réussis à chiper une blouse à l'hôpital. Et ça peut donner ça:

    Mais le plus souvent on a juste à attendre le prof

    Alors une fois qu'il est là, on est content.

    Et le dernier cours, ça se fête.

    Les PAES feront-ils mieux?

    Sinon, pour un aperçu de notre vrai métier

    Ou le célèbre et efficace, confession de fin de garde

    Et pi après, attendons tous ensembles les commentaires des réfractaires au 2nd degré :-)


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  • Mme Pingouin est, chose assez rare pour le souligner, une patiente agréable. Agréable dans le sens où elle t'accueille avec le sourire, ne rale pas lorsque tu viens prendre sa tension, non, elle te tend même le bras du fond de la pièce alors que tu viens à peine d'ouvrir la porte. Ellle ne rouspète pas de ne pas avoir une chambre avec vue sur la mer et elle sent bon. Riez, riez, mais les patientes sont loins d'être toutes comme ça, d'ailleurs on qualifie par défaut de "gentilles" celles qui ne te donne pas l'impression de les déranger à tout moment.

    Bref, depuis trois nuits que je fais j'ai toujours vu Mme Pingouin seule. Je passe vers 21h lui poser sa courbe tensionnelle et le monitoring foetal pour que ça déroule tranquillement et qu'elle n'ait pas besoin de m'attendre toute la soirée. Et puis aussi parce que comme ça "c'est fait", les appareils seront dispo si jamais...

    Ce soir là je la vois avec toute sa tribu, conjoint, enfants et que sais-je, attablés autour de menus Mc Donald. Je lui dis alors de profiter, que je repasserai. C'est normal, sauf que. Sauf que Mme Pingouin ne me l'a même pas demandé, elle aurait été prête à me tendre son bras, sauf qu'une patiente qui te hurle "c'est occupé" ça te donne déjà moins envie de repasser, sauf que différer les soins peut devenir du luxe lorsqu'on jongle avec plus d'une douzaine de patientes avides de dormir.

    Dans les service de néonatologie/réanimation pédiatrique il ce qui s'appelle le NIDCAP En gros, c'est un système de soins basé sur le développement de l'enfant où tout ce qu'on fait (les soins de puériculture les soins infirmiers...) doit le gêner au minimum, voire être intégré dans son processus de dévelopement avec la participation parentale. Ainsi, on va attendre qu'il se réveille pour le laver etc... Ca demande du temps, du personnel, et de l'envie. C'est en gros ce qu'on devrait faire dans tous les services de soins parce qu'après tout, ça peut être pénible d'être importuné pendant son jeu télé :-)

    Donc voilà, Mme Pingouin je l'ai NIDCAPée parce que ce soir là j'avais la chance de ne pas être à la bourre, de me permettre de repousser et que même s'il y avait eu plusieurs entrées ça aurait été jouable. Au final c'est souvent possible de faire au mieux, c'est peut-être loin d'être extraordinaire.

    Lorsque je suis repassée vers 22h, elle m'a raconté que sa famille ne venait quasiment jamais car c'était difficile (porblème d'organisation) et que du coup ils étaient restés tard. Elle était toute heureuse d'avoir pu profiter d'un repas avec ses enfants. Ca m'a fait plaisir, elle méritait bien ça Mme Pingouin.


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  • Il y a dans notre pays une fracture sociale quelque chose qui fait beau, propre et ne sert pas à grand chose: les lois de bioéthique. Ca sert tellement à rien et c'est tellement important qu'au lieu d'être révisées tous les 5 ans comme c'est théoriquement prévu, on les revoit quand on peut, vite fait avant la fin du mandat et on change rien comme ça c'est plus facile.

    Alors, je ne vais pas faire un article de fond, la flemme. En gros, et dans le domaine de la reproduction, les lois de bioéthique ça sert à dire: ouh la la, non c'est pas bien de créer un embryon à partir de la fécule de pomme de terre, ça fait des obèses.

    Sauf que, nos frontières sont ouvertes et si les enfants carottes sont interdits en France, rien ne m'empêche d'aller m'en faire fabriquer ailleurs et revenir ici me faire suivre. L'Espagne par exemple interdit toute interruption de grossesse (médicale ou volontaire) après 22 SA. On trouve alors quelques couples espagnols chez nous qui contournent leur loi nationnale. De même pour les IVG chez nous interdites après 14 SA et qui vont en Espagne.

    Pour avoir une vrai utilité pratique les lois de bioéthiques doivent être réfléchies au niveau mondial. Comme personne n'est d'accord on restreint et on se gratte la tête déjà localement. C'est bien on fait savoir son opinion, mais ça va pas énormément plus loin.

    Ainsi dans mon service je vois régulièrement des femmes enceintes grâce à la science, elles sont françaises et ont été faire un tour en Grèce, Espagne, Belgique, République Tchèque... pour avoir un gosse à elle car soit: trop vieille, trop seule, ou trop pas hétéro. En France l'assistance médicale à la procréation s'ouvre aux couples hétéro dont la femme ne va pas au delà de 42 ans. Bien des pays ne sont pas si regardants et quand on reçoit une patiente de 50 ans qui attend des triplés ça fait un peu suer... mais, on les prend en charge. A la limite si les lois de bioéthique voulaient vraiment faire les méchantes on pourrait les renvoyer en ex-URSS hein :-)

    Du coup l'éthique, si ce n'est pas mondial, autant que ce soit personnel. C'est bien d'y réfléchir mais personne ne pourra jamais être d'accord, par définition. Ce qui importe c'est de prendre conscience de la valeur des choses. Ainsi, les mères porteuses, grand débat, interdites chez nous. Personnellement je trouve l'interdiction plutôt bien, la femme n'étant pas un utérus sur pattes mais fatalement un jour ça sera autorisé (vu que d'autres pays y sont), ce n'est qu'une question de temps et après tout pourquoi dire non? Ceux qui en veulent trouveront le moyen d'en avoir, il parait plus enrichissant de réfléchir sur le problème plutôt que d'aboutir à la solution (l'autorisation ou l'interdiction) vu que quoi qu'on décide on pourra toujours contourner... mais au moins si on y a sérieusement pensé quoiqu'on fera ce sera en connaissance de cause.

    Ensuite j'ai remarqué que dans le service, le "jeu" quand on voit une patiente ayant eu recours à l'Assistance Médicale à la Procréation étrangère c'est de savoir si c'est parce qu'elle est avec une fille ou non. Franchement je sais pas pourquoi. Mais à chaque fois interne, chef, aides soignantes on m'a posé la question. Et souvent j'ai eu à répondre "Euuh tu sais la femme là, elle a 45 ans, dans sa chambre j'ai toujours vu que ses parents, je pense que c'est surtout parce qu'elle est "vieille" et seule, en tout cas je m'en fout je ne lui ai pas demandé". C'est peut être une coincidence hein, en même temps moi aussi je me pose la question mais c'est parce que j'adore jouer à gay ou pas gay.

    Ce qui me rassure c'est que ces patientes sont traitées comme tout le monde et c'est la moindre des choses, même si ça alimente les discussion en salle de repos, au moins c'est ptete plus constructif que le dernier Gala.


    L'éthique, c'est donc avant tout quelque chose à partager autour d'un café lorsqu'on n'a plus de magasine people.


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  • Maintenant que je suis grande et forte, qu'un jour j'aurais mon diplôme accroché au mur dans un joli cadre recouvert de feuilles d'or, je peux savoir ce qu'il se passe de l'autre côté. Je me rends alors compte que les sages-femmes sont comme les étudiants s-f, sauf qu'elles travaillent moins et sont payées plus (et ont accessoirement plus de responsabilités).

    Ainsi, comme l'étudiant, la sage-femme ne sait pas tout. Sauf que l'étudiant lui, se croit obligé de tout savoir, alors que sa collègue sf: soit hausse les épaules en disant que c'est le problème des médecins, soit demande à un collègue, soit googlise son problème.

    Comme l'étudiant, la sage-femme n'aime pas a plus de mal avec certaines sages-femmes et ce qui est drôle c'est qu'en général les mêmes noms reviennent d'un côté comme de l'autre. Anh, Gertrude se croit plus forte que tout le monde, elle se croit drôle et on rit à ses blagues pour qu'elle nous foute la paix. Bouli a un gros poil dans la main et j'aime pas sa façon de se comporter avec les étudiants. Bref, des ragots d'hôpital quoi. Sauf que quand on est étudiant et qu'on a à subir les foudres de Gertrude et Bouli on n'a pas l'impression que leurs collègues font front contre eux... au contraire. Ben oui, on ragote on ragote mais on veut pas d'ennui.

    Et puis, comme les étudiants, dans certains endroits, les sages-femmes ont peur de s'assoir lorsqu'elles n'ont plus grand chose à faire. Si si.

    Du coup, j'ai quitté l'école et je retrouve un univers famillier. Ouf, j'aurais pu me sentir perdue sans cancans et ragots.



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